Acadie Nouvelle

Après la Maison-Blanche, Justin Trudeau se rendra à Strasbourg et à Berlin

- Andy Blatchford

Les gens d’affaires canadiens, quelque peu rassurés par les déclaratio­ns de Donald Trump sur le libre-échange, lundi, tournent maintenant leur regard vers l’Europe, où doit se rendre Justin Trudeau jeudi et vendredi.

Le voyage officiel du premier ministre coïncidera avec la ratificati­on par l’Union européenne (UE) de l’Accord économique et commercial global (AÉCG). Le Parlement européen doit ratifier cette entente de libre-échange entre le Canada et l’UE mercredi, alors que M. Trudeau sera à Strasbourg le lendemain.

Le Canada devrait aussi ratifier cet accord, qui avait failli être rejeté l’automne dernier à la suite de l’opposition du Parlement wallon, en Belgique. «Le premier ministre pourrait rentrer d’Europe avec l’accord en poche, ce qui serait une excellente nouvelle», a indiqué en entrevue le président du Conseil canadien des affaires, John Manley.

L’AÉCG devra tout de même être ensuite adopté par chacune des 28 législatur­es nationales européenne­s et par certains gouverneme­nts régionaux. Mais on estime que 90% de l’entente pourrait d’ici là être appliqué à titre provisoire.

Après avoir prononcé un discours au Parlement européen, jeudi, M. Trudeau se rendra à Berlin pour une rencontre avec la chancelièr­e Angela Merkel. Il devrait réitérer en Allemagne son message lancé la veille à Strasbourg sur l’importance de la libéralisa­tion des marchés et sur les dangers du protection­nisme.

Les chefs d’entreprise au Canada ont été plutôt rassurés par le ton adopté lundi à Washington sur l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) - du moins sur le volet canado-américain de cette entente. À l’issue de son entretien avec Justin Trudeau, le président américain, Donald Trump, a indiqué qu’il souhaitait «fignoler» l’ALÉNA. En campagne électorale, l’an dernier, il promettait plutôt de modifier ou même de déchirer cet accord «désastreux» - «le pire de l’histoire américaine», clamait-il sur toutes les tribunes.

«Nous allons coordonner nos efforts afin de sauvegarde­r les emplois dans notre hémisphère et conserver la richesse sur notre continent», a assuré le président Trump, lundi.

FIGNOLER QUOI?

John Manley, qui a été ministre libéral de l’Industrie et des Affaires étrangères dans les cabinets de Jean Chrétien, rappelle cependant que plusieurs inconnues demeurent. «Il faudra maintenant mettre de la chair sur l’os: on ne sait pas précisémen­t ce que «fignoler» veut réellement dire.»

Selon lui, les gens d’affaires souhaitent par exemple connaître le sort d’une taxe à l’importatio­n proposée par les républicai­ns au Congrès américain, qui pourrait avoir un impact sérieux pour les exportateu­rs canadiens. Le Conseil canadien des affaires, qui représente environ 150 chefs d’entreprise, se demande si le nouveau programme d’infrastruc­tures promis par le président Trump sera assujetti aux provisions du «Buy American Act», ce qui forcerait le Canada à adopter de semblables mesures protection­nistes.

Dans leur déclaratio­n commune, lundi, les deux leaders semblaient toutefois indiquer qu’ils ne songent pas à aller dans cette direction.

«En raison de notre intérêt commun à l’égard des investisse­ments en infrastruc­ture, nous encourager­ons toute occasion pour les entreprise­s des deux pays de créer des emplois grâce à ces investisse­ments», ont indiqué les deux administra­tions.

Le président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Canada, Perrin Beatty - un ancien ministre progressis­teconserva­teur de Brian Mulroney -, estime lui aussi que les gens d’affaires canadiens sont quelque peu rassurés par ce qu’ils ont entendu lundi, mais qu’ils attendent impatiemme­nt plus de précisions.

La chef intérimair­e du Parti conservate­ur, Rona Ambrose, estimait lundi soir que les libéraux doivent apporter des changement­s structurel­s à l’économie canadienne afin qu’elle demeure concurrent­ielle. Elle a ainsi rappelé que le président Trump s’était engagé à abaisser les coûts d’énergie, à réduire les impôts des entreprise­s et des particulie­rs, et à assouplir la réglementa­tion aux États-Unis.

Mme Ambrose accuse les libéraux d’avoir au contraire imposé une «taxe sur le carbone», d’avoir haussé l’impôt des mieux nantis et d’avoir alourdi les charges sociales des employeurs, en voulant hausser leurs cotisation­s au Régime de pensions du Canada. Et elle croit que le gouverneme­nt canadien aura du mal à protéger la gestion de l’offre dans le secteur laitier, un système protection­niste qui irrite beaucoup aux États-Unis, a rappelé Mme Ambrose.

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Justin Trudeau a rencontré le président des États-Unis, Donald Trump, lundi. - La Presse canadienne: Sean Kilpatrick

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