Acadie Nouvelle

Le Canada appelé à faire le pont entre Washington et Strasbourg

- Mike Blanchfiel­d

Quelques jours après son passage à Washington, le premier ministre canadien Justin Trudeau a voulu livrer à l’Europe un message rassurant, mercredi, au sujet de l’antipathie de Donald Trump face au continent.

La visite de M. Trudeau à la Maison-Blanche, lundi, a été observée avec attention depuis l’Union européenne, qui a eu droit à une nouvelle ronde de critiques, cette semaine, de la part de l’ambassadeu­r américain à Bruxelles, choisi par M. Trump.

L’hôte de Justin Trudeau, Antonio Tajani, président du Parlement européen, a expliqué que l’Europe percevait le Canada comme un important allié pour forger des liens positifs avec les États-Unis.

«Il est plus facile pour les Canadiens de parler avec les Américains», a avancé M. Tajani lors d’une conférence de presse conjointe avec M. Trudeau à Strasbourg, en France, siège du Parlement européen.

La rencontre entre MM. Trump et Trudeau, lundi, a «pavé la voie à de meilleures relations entre l’Union européenne et les États-Unis d’Amérique», a déclaré M. Tajani.

«Nous voulons travailler avec les Américains. Au cours des prochaines années, le travail du Canada sera une bonne chose pour les relations entre nous et l’Amérique.»

M. Trudeau a expliqué que le président américain et lui tentaient de trouver un terrain d’entente pour aider la classe moyenne des deux pays à prospérer.

«Ce que j’ai vu de la part du président américain a été une volonté de vouloir faire ce qui doit être fait pour ceux qui l’ont appuyé et qui croient en lui, tout en démontrant que de bonnes relations avec ses voisins étaient une bonne façon de s’assurer que les choses seront faites», a raconté M. Trudeau.

Le premier ministre canadien a précisé que l’Accord économique et commercial global sera ratifié par le Canada d’ici le printemps et que c’est sans doute à ce moment que les travailleu­rs pourront constater les avantages des accords commerciau­x, qui provoquent actuelleme­nt du mécontente­ment à travers l’Europe et du côté de l’administra­tion Trump.

Plus tôt dans la journée, alors qu’il prenait la parole devant le Parlement européen au lendemain de la ratificati­on de l’accord par celui-ci, Justin Trudeau a prévenu que ce pacte pourrait être le dernier en son genre si jamais il devait échouer.

«L’Union européenne est une réussite remarquabl­e et un exemple sans précédent de coopératio­n pacifique, a déclaré M. Trudeau. Le Canada comprend qu’une voix européenne efficace sur la scène mondiale n’est pas seulement préférable – elle est essentiell­e.»

«S’il est couronné de succès, a ajouté le premier ministre, l’Accord économique et commercial global deviendra l’exemple à suivre pour toutes les prochaines ententes commercial­es ambitieuse­s. Mais s’il échoue, il pourrait bien être le dernier en son genre.»

La dernière année a été difficile pour l’Union européenne: le Royaume-Uni a décidé de claquer la porte après le référendum du Brexit, et le nouveau président américain, Donald Trump, s’est publiqueme­nt demandé quel pays sera le prochain à s’en aller.

M. Trudeau est le premier premier ministre canadien à s’adresser au Parlement européen. Il a déclaré que ceux qui estiment que les ententes commercial­es ne profitent qu’à quelques chanceux doivent être entendus, mais que des pactes comme celui intervenu entre le Canada et l’UE sont bénéfiques pour tous.

Sa défense du libre-échange survient également dans un contexte populiste de plus en plus hostile à de telles ententes, notamment depuis l’arrivée au pouvoir de l’administra­tion Trump.

«Certains s’inquiètent aujourd’hui que le système actuel ne profite qu’à une poignée de chanceux. Leurs préoccupat­ions sont valides, a reconnu M. Trudeau. La nervosité des gens envers l’économie et les échanges commerciau­x – l’inquiétude que nos enfants n’aient pas accès aux mêmes emplois et aux mêmes opportunit­és que nous – ne sera calmée que si nous nous assurons que (...) le commerce profite à tous.»

M. Trudeau croit que le nouvel accord de libre-échange atteint cet objectif.

«Des échanges commerciau­x libres et justes peuvent rendre la vie de nos citoyens plus abordable et créer plus d’emplois», a-t-il dit.

Certains groupes promettent de continuer à lutter contre l’entente, qui selon eux avantage les grandes entreprise­s au profit de la classe ouvrière.

Le sentiment protection­niste est de plus en plus fort en Europe. L’arrivée de l’administra­tion Trump a signé l’arrêt de mort des négociatio­ns de libre-échange avec l’Europe et du Partenaria­t transpacif­ique, qui aurait regroupé 12 pays du bassin du Pacifique, dont le Canada.

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Justin Trudeau

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