À LA RENCONTRE DES MUSULMANS DU N.-B.
La nécessité d’une nouvelle mosquée se fait sentir à Fredericton, les musulmans de la capitale s’organisent. De son côté, la petite communauté d’Edmundston ne parvient pas à trouver un lieu de culte permanent.
Alors que les communautés de Moncton, de Fredericton et de Saint-Jean sont les propriétaires d’édifices religieux, les fidèles d’Edmundston ne cessent de changer de lieu de culte.
«On n’a pas cessé de changer d’adresse. On s’est déplacé de salon en salon, ça n’a pas été facile. Présentement, on loue le dessus d’un immeuble au centre-ville», explique Lacina Coulibaly, professeur à l’école de foresterie de l’Université de Moncton - campus d’Edmundston.
Face aux réticences du voisinage, ils ont été forcés d’abandonner le sous-sol d’un immeuble qu’ils louaient sur la 49e avenue.
La communauté musulmane d’Edmundston compte une vingtaine de familles de cette religion. La plupart sont des médecins et des professeurs installés dans la région de longue date. Ils ont demandé l’aide de la municipalité pour les aider à trouver un terrain vacant. Des discussions sont en cours.
À Fredericton, la mosquée du chemin Lincoln ne répond pas aux besoins d’une communauté grandissante. Située en périphérie de la ville, l’ancienne église est trop petite pour accueillir tous les fidèles. Il n’existe pas non plus de cimetière musulman dans la capitale.
«La communauté a grandi au cours des deux dernières années, principalement avec l’arrivée des familles syriennes, témoigne Fouad Dabbarh, un entrepreneur de Fredericton. C’est très pesant, surtout à la prière du vendredi. C’est plein, plein jusqu’à la porte et beaucoup ne peuvent pas venir en raison du manque d’espace et de stationnement. C’est impossible pour les étudiants de s’y rendre à pied l’hiver.»
L’été dernier, il a fallu louer un gymnase pour accueillir les 700 personnes venues célébrer l’Aïd el-Fitr, la fête marquant la fin du Ramadan.
L’Association islamique de Fredericton souhaite pouvoir construire une nouvelle mosquée en centre-ville.
«On a besoin d’un espace où les gens peuvent faire leur prière et se rencontrer dans de bonnes conditions», explique M. Dabbarh.
Le projet pourrait coûter de 500 000$ à 1 million $.
«Nous cherchons à acheter un terrain plus proche de l’université, ce serait plus pratique, mais c’est très cher dans ce secteur et on n’a rien trouvé pour le moment», indique Dr Ghazi Elmontaser, un membre de l’association.
Au lendemain de l’attentat de Québec, un citoyen non musulman, Ben Conoley, a décidé de lancer une campagne de financement participatif sur le site GofundMe pour soutenir le projet de mosquée. Plus de 30 000$ ont été récoltés en quelques jours.
«C’est un geste très touchant», souligne M. Dabbarh.
D’après Statistiques Canada, 2640 musulmans résidaient au Nouveau-Brunswick en 2011.
L’arrivée de plus de 1500 réfugiés syriens l’an dernier a redistribué les cartes. Les données sur la diversité ethnoculturelle du recensement 2016 donneront un portrait plus fidèle.
«Ce n’était pas des prières bruyantes. La crainte venait du fait qu’ils voyaient arriver des gens avec des habits traditionnels. Il y a eu des plaintes pour dire qu’ils ne voulaient pas cohabiter avec nous», déplore M. Coulibaly.