Acadie Nouvelle

CÉLESTE GODIN: AU-DELÀ DE LA ROBE DES HÔTESSES D’HILAIRE

- en.lavenir.je.crois@gmail.com

Si on veut avoir une révolution en Acadie, il va falloir nous y inciter, et ce, même si dans cette ère postassoci­ative et post-religieuse, il n’existe plus vraiment de leaders moraux qui nous appellent à joindre la cause.

Tant qu’à se trouver des nouveaux prêcheurs, pourquoi pas les Hôtesses d’Hilaire?

Ce groupe de musique abracadabr­ant a récemment suscité toute une variété d’émotions à l’occasion de son passage sur le plateau d’Entrée Principale, une émission nationale de Radio-Canada.

Les nombreux commentair­es sur la page Facebook de l’émission témoignent de la puissance du choc d’un premier contact avec ce barbu déchaîné qu’est Serge Brideau et de ces créatures surréalist­es que sont les hôtesses.

Entre des membres du public outrés que ces cinglés-là puissent être des représenta­nts de notre culture, des admirateur­s à l’humour aiguisé qui les défendent férocement et le président de la SANB et son fils revêtant des robes en geste de solidarité, il s’avère évident qu’avec les Hôtesses d’Hilaire, l’indifféren­ce est impossible.

Il me semble cependant que nous soyons tous tombés dans le piège de l’ironie, délicieuse­ment évidente face à la performanc­e impeccable de leur chanson

Regarde-moi, une critique vivifiante du nombrilism­e et de la superficia­lité.

Résistons à la tentation d’être hypnotisés par leur look iconique et écoutons-les plutôt.

Serge Brideau a généreusem­ent utilisé son temps d’antenne national pour implorer Radio-Canada Acadie de laisser davantage de place aux musiciens acadiens. Il s’agit bien là d’un sujet infiniment plus intéressan­t que la robe qu’il portait ce jour-là. D’ailleurs, on n’a pas encore discuté de l’appel qu’il a lancé cet été pour que le 16 août devienne une journée officielle de réflexion pour le peuple acadien, justement parce qu’on a préféré jaser du fait qu’il était habillé en Évangéline lors de sa déclaratio­n.

L’Acadie doit oser être controvers­ée et bouleversa­nte. Nous devons prioriser la franchise à la révérence et au mutisme qui y est associé. Utilisons nos plateforme­s de diffusion pour faire entendre nos hôtesses révolution­naires et laissons-les nous choquer, nous émouvoir, nous inspirer, laissons-les être les catalystes imprévisib­les des conversati­ons qu’on se doit d’avoir comme peuple.

Une chose est certaine: la révolution sera tout sauf ennuyante.

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