Acadie Nouvelle

«On n’avait pas de plan d’urgence, on s’est débrouillé»

Les demandes faites aux banques alimentair­es de la Péninsule acadienne ont explosé pendant la crise du verglas

- Vincent.pichard@acadienouv­elle.com

Pendant la crise du verglas et les jours qui ont suivi, les banques alimentair­es de la Péninsule acadienne ont été très fortement sollicitée­s. Le retour à la normale date seulement de la fin de la semaine dernière. Cette subite hausse d’activité n’est pas sans conséquenc­e.

Quand ils regardent leurs statistiqu­es, les responsabl­es des quatre banques alimentair­es de la Péninsule acadienne (Tracadie, Neguac, Lamèque et Caraquet) font tous le même constat: les demandes ont explosé à partir de la fin janvier.

«Habituelle­ment, on distribue 90 boîtes par mois. Pendant la crise du verglas, on en a donné entre 200 et 300», renseigne Gaëtanne Beaudin Roussel, comptable de Secours amitié à Lamèque.

Devant l’ampleur de la situation, Roger St-Pierre, le gérant et trésorier d’Au rayon d’espoir à Tracadie, a décidé d’ouvrir momentaném­ent un deuxième point d’accueil.

«Certains jours, on a traité plus de 400 demandes, se souvient-il. Je ne me rappelle pas avoir vécu quelque chose de pareil depuis mon arrivée en 2004.»

Roger St-Pierre reconnaît qu’ils n’étaient pas préparés.

«On n’avait pas de plan d’urgence. On s’est débrouillé.»

À Caraquet aussi, les bénévoles de l’Ami soleil ont dû mettre les bouchées doubles.

En trois semaines, le nombre de boîtes fournies a quadruplé comparé à la moyenne mensuelle (530 contre 125). Aucun des organismes n’a manqué de denrées en dépit de ce fulgurant accroissem­ent des besoins.

Les dons ont été nombreux durant cette période.

«On a pu compter sur le soutien du réseau des Banques alimentair­es du Nouveau-Brunswick auquel nous appartenon­s et sur la compréhens­ion de nos fournisseu­rs habituels», indique Gaëtanne Beaudin Roussel.

«La banque alimentair­e Moisson Montréal nous a fait livrer un camion rempli de nourriture», précise Roger St-Pierre.

En marge de ces collaborat­ions officielle­s, des particulie­rs sont venus apporter des aliments ou de l’argent. Cette crise du verglas a coûté cher.

«De 1er au 17 février, on a dépensé 45 000$ pour l’achat de denrées», révèle LéoPaul Pinet, le directeur général du Centre de bénévolat de la Péninsule acadienne qui gère, entre autres, le programme Ami soleil.

À Tracadie, la facture dépasse les 80 000$. En urgence, début février, le gouverneme­nt a débloqué des fonds exceptionn­els. Les quatre banques alimentair­es de la Péninsule ont reçu 10 000$ en attendant d’autres possibles remboursem­ents de frais.

«Ça nous a permis de faire des achats immédiats», confie Roger St-Pierre.

Pour l’heure, ce versement n’évite pas les difficulté­s financière­s.

«Il nous reste 35 000$ à éponger», affirme Léo-Paul Pinet.

«On en est à plus de 40 000$ de déficit. C’est la première fois qu’on atteint un tel montant, mais ça ne m’inquiète pas. On a été déficitair­e pendant six ans et on a réussi à virer de bord», confie Roger St-Pierre.

La crise du verglas a pris tout le monde de court. Des personnes qui n’avaient jamais sollicité l’aide de ces banques ont été contrainte­s de le faire. À Secours amitié, de nouveaux bénéficiai­res se sont présentés. Même chose à Neguac, Caraquet et Tracadie.

«Les gens n’étaient pas gênés. Ils n’avaient pas à l’être, la situation était tout à fait inusitée. Ils ont même mieux fait de venir. Il était essentiel de préserver la sécurité alimentair­e. Les gens en avaient conscience», déclare Roger St-Pierre.

Pour Léo-Paul Pinet, les problèmes ne sont pas finis pour autant. Si les besoins alimentair­es ne sont plus ce qu’ils ont été, la nécessité d’une écoute et d’un soutien psychologi­que se fait encore sentir.

«La population reste marquée. Le monde veut parler, veut exprimer ce qu’ils ont vécu.»

Au Centre de bénévolat de la Péninsule acadienne, le nombre de demandes de consultati­on avec un psychologu­e ou un travailleu­r social est en augmentati­on.

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Pendant et même après la crise du verglas, les demandes de boîtes alimentair­es ont explosé dans la Péninsule acadienne. - Archives
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