Sirop d’érable: les acériculteurs du N.-B. ne craignent pas la compétition
L’intention exprimée par le Québec d’augmenter sensiblement sa production de sirop d’érable au cours des deux prochaines années ne semble pas pour l’instant inquiéter outre mesure l’industrie et les producteurs acéricoles du Nouveau-Brunswick.
Devant faire face à la concurrence croissante des États-Unis et de ses provinces voisines ainsi qu’à l’opposition de certains acériculteurs, la Fédération des producteurs acéricoles du Québec va délivrer de nouveaux contingents représentant cinq millions d’entailles au cours des deux prochaines années.
Le principal producteur de sirop d’érable de la planète espère ainsi tirer profit de la demande grandissante de sucre naturel, lequel constitue un ingrédient de plus en plus utilisé dans les aliments et les boissons.
Ces cinq millions d’entailles représentent plus du double du nombre d’entailles que l’on retrouve actuellement au Nouveau-Brunswick, c’est-à-dire environ deux millions.
Les principaux acteurs de l’industrie acéricole du Nouveau-Brunswick sont loin de croire que cette augmentation de la production de sirop d’érable au Québec puisse se faire au détriment des producteurs du NouveauBrunswick et mener à une baisse des parts de marché ou encore à une baisse des prix versés aux acériculteurs de la province.
«En fait c’est une bonne nouvelle pour toute l’industrie nord-américaine. Il y a toujours de nouveaux marchés qui se développent et il n’y a pas de quota imposé au Nouveau-Brunswick, alors tout le sirop d’érable est vendu», explique Louise Poitras, directrice générale de l’Association Acéricole du Nouveau-Brunswick.
Selon plusieurs observateurs, n’ayant pas à faire face à une réglementation qui établit les quotas et les prix, qui oblige les producteurs à vendre seulement à des acheteurs autorisés et à payer des frais administratifs, les concurrents des producteurs québécois augmentent rapidement leur part du marché.
Le professeur Sylvain Charlebois, de l’Université Dalhousie, à Halifax, croit que la décision de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec d’augmenter ses contingentements indique que celle-ci est au courant de la montée de la concurrence étrangère.
«Elle reconnaît qu’il y a des ratés dans le système et elle tente d’y remédier», croit le professeur spécialisé en distribution et politique alimentaire.
Selon Statistique Canada, plus de 90% de la production nationale de sirop d’érable 12,2 millions de gallons - a été récupérée au Québec, l’an dernier.
Au Nouveau-Brunswick, en 2016, les ventes de produits de l’érable se chiffraient à 528 000 gallons, de l’or liquide et autres produits valant pas moins de 25,6 millions $.
Cette production fait du NouveauBrunswick le troisième plus grand producteur au monde de sirop d’érable après le Québec et les États-Unis.
«C’est une industrie qui est belle et sérieuse. Nous sommes chanceux de l’avoir, on doit la nourrir et la développer», estime Louise Poitras.
André Thériault, un important producteur de Saint-Quentin, ne craint pas non plus de voir s’ajouter cinq millions d’entailles aux 43 millions déjà existant en sol québécois.
«La demande en sirop d’érable dépasse largement l’offre, la production ne va pas diminuer pour autant au Nouveau-Brunswick.»
«C’est l’avenir qui le dira, mais le marché grossit constamment et en fin de compte, du sirop d’érable, il ne s’en fait pas ailleurs. Il n’y a pas lieu de peser sur le bouton de panique», a indiqué le propriétaire de l’Érablière du Pont D’Or.
Le gouvernement du Nouveau-Brunswick insiste également sur le fait que le marché d’ici fonctionne selon l’offre et la demande et qu’il ne contrôle pas ce marché.
«Le secteur du sirop d’érable a été identifié comme une occasion de croissance clé dans le Plan de croissance économique du NouveauBrunswick. Nous suivrons de près le marché et continuerons de travailler avec les producteurs afin de créer des opportunités de croissance», a souligné Jean Bertin, porte-parole du ministère de l’Agriculture, Aquaculture et Pêches. Avec des extraits de la Presse Canadienne