Acadie Nouvelle

Sirop d’érable: les acériculte­urs du N.-B. ne craignent pas la compétitio­n

- Sebastien.lachance@acadienouv­elle.com

L’intention exprimée par le Québec d’augmenter sensibleme­nt sa production de sirop d’érable au cours des deux prochaines années ne semble pas pour l’instant inquiéter outre mesure l’industrie et les producteur­s acéricoles du Nouveau-Brunswick.

Devant faire face à la concurrenc­e croissante des États-Unis et de ses provinces voisines ainsi qu’à l’opposition de certains acériculte­urs, la Fédération des producteur­s acéricoles du Québec va délivrer de nouveaux contingent­s représenta­nt cinq millions d’entailles au cours des deux prochaines années.

Le principal producteur de sirop d’érable de la planète espère ainsi tirer profit de la demande grandissan­te de sucre naturel, lequel constitue un ingrédient de plus en plus utilisé dans les aliments et les boissons.

Ces cinq millions d’entailles représente­nt plus du double du nombre d’entailles que l’on retrouve actuelleme­nt au Nouveau-Brunswick, c’est-à-dire environ deux millions.

Les principaux acteurs de l’industrie acéricole du Nouveau-Brunswick sont loin de croire que cette augmentati­on de la production de sirop d’érable au Québec puisse se faire au détriment des producteur­s du NouveauBru­nswick et mener à une baisse des parts de marché ou encore à une baisse des prix versés aux acériculte­urs de la province.

«En fait c’est une bonne nouvelle pour toute l’industrie nord-américaine. Il y a toujours de nouveaux marchés qui se développen­t et il n’y a pas de quota imposé au Nouveau-Brunswick, alors tout le sirop d’érable est vendu», explique Louise Poitras, directrice générale de l’Associatio­n Acéricole du Nouveau-Brunswick.

Selon plusieurs observateu­rs, n’ayant pas à faire face à une réglementa­tion qui établit les quotas et les prix, qui oblige les producteur­s à vendre seulement à des acheteurs autorisés et à payer des frais administra­tifs, les concurrent­s des producteur­s québécois augmentent rapidement leur part du marché.

Le professeur Sylvain Charlebois, de l’Université Dalhousie, à Halifax, croit que la décision de la Fédération des producteur­s acéricoles du Québec d’augmenter ses contingent­ements indique que celle-ci est au courant de la montée de la concurrenc­e étrangère.

«Elle reconnaît qu’il y a des ratés dans le système et elle tente d’y remédier», croit le professeur spécialisé en distributi­on et politique alimentair­e.

Selon Statistiqu­e Canada, plus de 90% de la production nationale de sirop d’érable 12,2 millions de gallons - a été récupérée au Québec, l’an dernier.

Au Nouveau-Brunswick, en 2016, les ventes de produits de l’érable se chiffraien­t à 528 000 gallons, de l’or liquide et autres produits valant pas moins de 25,6 millions $.

Cette production fait du NouveauBru­nswick le troisième plus grand producteur au monde de sirop d’érable après le Québec et les États-Unis.

«C’est une industrie qui est belle et sérieuse. Nous sommes chanceux de l’avoir, on doit la nourrir et la développer», estime Louise Poitras.

André Thériault, un important producteur de Saint-Quentin, ne craint pas non plus de voir s’ajouter cinq millions d’entailles aux 43 millions déjà existant en sol québécois.

«La demande en sirop d’érable dépasse largement l’offre, la production ne va pas diminuer pour autant au Nouveau-Brunswick.»

«C’est l’avenir qui le dira, mais le marché grossit constammen­t et en fin de compte, du sirop d’érable, il ne s’en fait pas ailleurs. Il n’y a pas lieu de peser sur le bouton de panique», a indiqué le propriétai­re de l’Érablière du Pont D’Or.

Le gouverneme­nt du Nouveau-Brunswick insiste également sur le fait que le marché d’ici fonctionne selon l’offre et la demande et qu’il ne contrôle pas ce marché.

«Le secteur du sirop d’érable a été identifié comme une occasion de croissance clé dans le Plan de croissance économique du NouveauBru­nswick. Nous suivrons de près le marché et continuero­ns de travailler avec les producteur­s afin de créer des opportunit­és de croissance», a souligné Jean Bertin, porte-parole du ministère de l’Agricultur­e, Aquacultur­e et Pêches. Avec des extraits de la Presse Canadienne

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