Acadie Nouvelle

Avenir du chemin de fer au N.-B.: la clause échappatoi­re a l’effet d’un coup de poing

- Anthony.doiron@acadienouv­elle.com

Le démantèlem­ent toujours possible de tronçons du chemin de fer reliant Campbellto­n à Moncton surprend et déçoit. Alors que le maire de Bathurst croyait que le lien ferroviair­e vers le Nord était sauvé, Paolo Fongemie a aujourd’hui l’impression de s’être fait rouler dans la farine.

En janvier 2014, le gouverneme­nt du Nouveau-Brunswick et le Canadien National annonçaien­t une entente de 50 millions $ pour la restaurati­on de deux tronçons de la ligne Newcastle, totalisant près de 70 km. Le CN envisageai­t jusque là de la démanteler, à moins d’être en mesure de la rentabilis­er.

La nouvelle a été accueillie avec un soupir de soulagemen­t par les maires et le milieu des affaires des villes et des villages de la région Chaleur ainsi que de la Péninsule acadienne qui faisaient pression depuis longtemps pour la sauvegarde de ce lien, vital à l’économie du Nord.

Peu de personnes savaient que dans les lignes de cette entente se cachait une clause échappatoi­re, entrant en vigueur en 2019 et prévoyant l’arrêt des activités de la compagnie ferroviair­e à cet endroit, advenant une baisse de la fréquence de transport de cargaison. Cet élément était inconnu jusqu’à lundi.

«Si le nombre de wagons de marchandis­e diminue pendant deux années consécutiv­es en deçà du niveau de 2012, le Canadien National aura le droit de se retirer de l’entente», a indiqué le ministre des Transports et de l’Infrastruc­ture du Nouveau-Brunswick, Bill Fraser, en entrevue sur les ondes de Radio-Canada Acadie.

Bien que la propriété du Canadien National, le tronçon est emprunté par le train de passagers de VIA Rail. Son démantèlem­ent pourrait signifier la fin du transport ferroviair­e du nord au sud de la province.

RÉACTIONS

La nouvelle a l’effet d’un coup de poing pour le maire de Bathurst.

Sa ville a subi plusieurs revers au cours des vingt dernières années, dont la fermeture de l’usine Smurfit-Stone en 2005, qui a engendré la perte de 270 emplois. La municipali­té a depuis multiplié les efforts pour se prendre en main. Il s’agit d’un travail ardu et de longue haleine qui nécessite que l’infrastruc­ture demeure présente, fait valoir Paolo Fongemie.

«Il est minuit moins cinq. Si on avait su ça dans le passé, des plans auraient pu être mis en place pour redresser la situation en connaissan­ce de cause. Là, on se retrouve devant un fait accompli. C’est désolant.»

Même son de cloche chez l’Associatio­n francophon­e des municipali­tés du NouveauBru­nswick.

«On avait compris qu’on avait 15 ans pour mettre de l’avant un plan de valorisati­on de cette infrastruc­ture-là afin d’inciter les entreprise­s à l’utiliser davantage et là on apprend qu’il y a d’autres critères. On ne peut pas se tourner de bord du jour au lendemain», se désole Frédérick Dion, directeur général de l’AFMNB.

Pour lui, il ne s’agit rien de moins que d’un retour à la case départ.

L’Acadie Nouvelle a sollicité une entrevue auprès du ministre des Transports et de l’Infrastruc­ture du Nouveau-Brunswick, Bill Fraser, mais il n’a pas donné suite à nos appels.

Contacté en fin de journée, un porte-parole du Canadien National s’est voulu rassurant. Jonathan Abecassis indique qu’aucun plan n’est présenteme­nt en oeuvre pour démanteler cette voie ferroviair­e à l’instant présent.

«Nous poursuivon­s notre collaborat­ion avec le gouverneme­nt du NouveauBru­nswick et nous travaillon­s de manière diligente avec eux afin d’attirer et de soutenir la circulatio­n ferroviair­e sur ce corridor.»

«La question qui se pose, c’est pourquoi on a signé une telle entente et investi des fonds publics alors qu’on n’avait pas cette garantie de 15 ans qu’on nous disait qu’on allait avoir.»

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