Acadie Nouvelle

Gouvernanc­e locale: les lacunes de la nouvelle loi

Jean-Guy Finn, Ex-commissair­e à la Gouvernanc­e locale, Fredericto­n

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Les événements des dernières semaines ont mis en évidence les difficulté­s inhérentes aux structures actuelles de gouvernanc­e locale dans la province. Ils ont démontré que la fragmentat­ion qui marque le milieu des collectivi­tés locales constitue une barrière majeure à la planificat­ion et au développem­ent.

Pour s’en convaincre, il suffit d’observer ce qui se passe dans le dossier du développem­ent économique tout comme dans celui des services à la population en cas d’urgence.

Partout dans la province, les collectivi­tés locales persistent à se faire concurrenc­e dans leurs démarches de développem­ent économique. Chacune se dote de sa propre agence de développem­ent, emploie ses propres effectifs humains et mène ses propres initiative­s, sans égard à ce que font les collectivi­tés adjacentes dans le domaine.

Il en résulte des dédoubleme­nts inutiles et très coûteux, sans parler d’une utilisatio­n moins qu’optimale du territoire. Dans la région de Saint-Jean comme dans le Restigouch­e, les débats récents entourant le développem­ent économique perpétuent un chacun-pour-soi qui nuit au progrès régional.

On comprend difficilem­ent pourquoi le développem­ent économique n’est pas abordé dans une perspectiv­e régionale plutôt que purement locale. On se demande aussi pourquoi la responsabi­lité pour le développem­ent économique n’est pas confiée aux Commission­s de services régionaux et pourquoi ce développem­ent ne se fait pas conjointem­ent entre le gouverneme­nt provincial et les collectivi­tés locales?

Pourquoi le gouverneme­nt provincial et les collectivi­tés locales (par le biais des Commission­s de services régionaux) ne peuvent-ils pas partager les mêmes agences de développem­ent et les mêmes régions administra­tives?

La récente crise du verglas a révélé une problémati­que tout aussi inquiétant­e en ce qui touche l’organisati­on et la prestation des services en situation d’urgence.

Les catastroph­es naturelles, qu’il s’agisse du verglas ou des inondation­s, se font rarement sentir uniquement à l’échelle de la collectivi­té locale. Elles ne connaissen­t pas de frontières politiques ou administra­tives. Elles ont souvent une dimension régionale, voire même provincial­e.

Compte tenu de cette réalité et des ressources limitées dont disposent les collectivi­tés locales dans ce domaine, pourquoi s’obstine-t-on à développer des plans d’urgence locaux plutôt que régionaux?

Ici, comme dans le développem­ent économique, pourquoi l’Organisati­on provincial­e des mesures d’urgence et les Commission­s de services régionaux ne travaillen­t-elles pas de concert à la préparatio­n de plans de mesures d’urgence inter collectivi­tés et adaptés aux conditions d’aujourd’hui? Les situations décrites cihaut démontrent amplement la nécessité de réformer la gouvernanc­e locale. Tant les collectivi­tés locales que le gouverneme­nt provincial ont l’obligation d’agir en ce sens. Les inefficaci­tés actuelles entraînent des coûts importants.

Les révisions à la loi sur les municipali­tés qui viennent d’être déposées sont utiles, voire même nécessaire­s, mais elles ne règlent en rien le problème central de la gouvernanc­e locale, soit une trop grande fragmentat­ion.

Alors que les autorités, tant provincial­es que locales, sont plus que jamais à la recherche d’efficacité­s dans les services publics et qu’elles veulent nous convaincre que la croissance économique constitue la grande priorité, on s’explique mal l’hésitation à éliminer le principal obstacle à la prestation efficace des services et au développem­ent économique.

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