NEUF PATIENTS SONT ALLÉS JUSQU’AU BOUT
Sur les 19 patients ayant fait une demande d’aide médicale à mourir, neuf d’entre eux ont suivi la procédure jusqu’au bout l’an dernier.
L’Acadie Nouvelle a obtenu les données concernant le suicide assisté auprès des deux régies de santé, du 17 juin (date à laquelle l’aide à mourir est devenue légale) au 31 décembre 2016.
Durant cette période, quatre demandes ont été complétées au sein du Réseau de santé Vitalité et trois ont été acceptées.
«Sur les trois demandes acceptées, deux patients ont reçu le service et un autre est décédé de causes naturelles avant de le recevoir. Une quatrième demande était en cours de traitement à la fin de la période», précise Jean-René Noël, directeur des communications de Vitalité.
De son côté, le Réseau de santé Horizon a traité 15 demandes d’aide médicale à mourir lors des derniers mois de 2016. Tous les dossiers remplissaient les critères. mais seules sept personnes ont bénéficié de la procédure.
«Dans deux cas, le patient est mort naturellement avant de recevoir l’aide médicale à mourir», explique le Dr Edouard Hendriks, vice-président des services médicaux et de la recherche pour Horizon.
«Pour le reste, certains patients ont décidé de ne pas donner suite à leur demande pour le moment. D’autres ont choisi d’attendre que leurs symptômes s’accentuent ou en raison d’autres critères personnels.»
Les statistiques seront collectées tous les trois mois. De nouveaux chiffres devraient donc être disponibles au début du mois d’avril.
UNE PÉRIODE DE RODAGE
Le Nouveau-Brunswick a dû s’aligner sur la nouvelle législation fédérale. En novembre 2016, la province a voté une loi pour que les décès résultant de l’aide médicale à mourir ne soient plus signalés au coroner, sauf s’il y a des irrégularités ou des circonstances particulières qui justifieraient la tenue d’une enquête.
Pour le moment, le gouvernement provincial n’a pas mis en place de registre des demandes ou de système pour suivre le nombre de demandes d’aide médicale à mourir faites dans les deux régies de santé.
Contactée par l’Acadie Nouvelle, une porte-parole du ministère de la Santé, assure qu’un tel protocole verra bientôt le jour.
«Le ministère ainsi que d’autres juridictions canadiennes collaborent présentement avec le gouvernement fédéral pour établir un processus pour surveiller et rapporter l’aide médicale à mourir. On s’attend que, dans les prochains mois, un système de rapport temporaire soit établi jusqu’à ce qu’un processus permanent soit développé au niveau fédéral.»
Le Réseau de santé Vitalité est passé lui aussi par une période d’apprentissage et d’adaptation. À partir du printemps 2016, un groupe de travail regroupant des médecins, des infirmières, des pharmaciens et des représentants des hôpitaux s’est penché sur les préparatifs.
Deux protocoles médicamenteux ont été mis en place, l’un par voie intraveineuse, l’autre pour auto-administration. Le réseau n’a reçu aucune demande d’aide à mourir avant l’automne, assure Mireille Lanouette, directrice de la Planification et d’Aide à la décision de Vitalité.
Une politique interne et un guide ont été développés pour aider les professionnels de la santé.
«Une journée de formation sera offerte vendredi dans l’ensemble du réseau, avec des conférenciers, des représentants d’associations. Ce sera l’occasion de présenter le processus d’une façon plus formelle», indique Mme Lanouette.
Un processus de consultation interne a permis de préciser les directives, explique-telle. Celles-ci doivent encore être approuvées par le conseil d’administration de la régie francophone.
«Étant donné qu’on est encore au stade de développement du processus, tout médecin ou infirmière praticienne a été avisé de contacter son directeur médical pour les accompagner dans la démarche jusqu’à ce que les documents officiels soient disponibles.»