Acadie Nouvelle

Trop, c’est trop

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Pierre de Coubertin, le fondateur du mouvement olympique, né à Paris, a dû se retourner dans sa tombe lorsqu’il a entendu le slogan choisi par sa capitale pour lancer sa candidatur­e aux Jeux olympiques d’été de 2024: «Made for Sharing», oui, oui, vous avez bien lu! C’est le slogan fièrement dévoilé au début février par la région Île-de-France dans l’espoir de décrocher les JO, un slogan affiché, en couleurs, ce même soir sur la tour Eiffel.

Le comité de mise en candidatur­e en était si fier que la présidente de la région, Valérie Pécresse, en a même fait l’annonce «dans la langue de Shakespear­e», comme elle l’a ellemême révélé, non sans satisfacti­on, sur les médias sociaux.

Vous me connaissez assez, chers lectrices et lecteurs, pour deviner que je n’ai pas bien réagi à cette nouvelle! Je me suis même permis d’écrire, directemen­t à Madame Pécresse.

Dieu merci, je n’ai pas été la seule à m’indigner. L’amoureux de la langue française, Bernard Pivot, a très vite réagi tout comme la ministre de la Fonction publique de France et native de Saint-Pierre et Miquelon, Annick Girardin, ancienne Secrétaire d’État à la Francophon­ie. Ils ont vite été rejoints par bon nombre d’anonymes tout aussi mécontents que moi.

Tous ont fait remarquer que l’anglais et le français étant les deux langues officielle­s du comité internatio­nal olympique, on s’expliquait mal la décision de Paris de s’exprimer uniquement en anglais.

Le tollé aura eu pour conséquenc­e que, sur le site de la candidatur­e de Paris au JO, on ne trouve maintenant que le slogan «Venez partager» - énoncé par ailleurs aussi peu engageant en français qu’en anglais! Certaines critiques soulignent même que ce slogan a déjà servi aux biscuits Cadbury et à une chaîne de pizzas.

Quand on vit, comme nous tous et toutes, en Francophon­ie nord-américaine où parler français est un défi de tous les instants, avouez que ce genre de situation passe mal.

La ville de Lyon et son slogan «Only in Lyon», les JO de Paris «Made for Sharing», autant l’admettre: aujourd’hui, pour nous épanouir dans la langue de Molière, nous ne pouvons plus compter que sur nous.

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