Acadie Nouvelle

Tempêtes et écoles: le gouverneme­nt ignore les recommanda­tions d’un comité

- Vincent.pichard@acadienouv­elle.com

Cet hiver, en raison du mauvais temps, les élèves de la Péninsule acadienne n’ont pas eu de classe pendant 14 jours. Le gouverneme­nt ne projette pas mettre en place une politique spécifique, comme cela avait été évoqué en 2015, et laisse la gestion des crises aux districts scolaires. L’associatio­n des enseignant­s francophon­es approuve.

Tout le monde se souvient de l’hiver 2014-2015, un hiver record en termes de précipitat­ions qui avaient conduit les écoles à fermer leurs portes pendant 17 jours dans certaines régions de la province.

Devant pareille situation, le ministère de l’Éducation avait chargé, en juin 2015, un comité d’établir des recommanda­tions sur la gestion des journées de tempête. Quatre mois plus tard, celui-ci publiait son rapport.

Il préconisai­t, entre autres, de laisser les établissem­ents ouverts même si le transport scolaire n’était pas assuré, de façon à accommoder certains parents, ou bien de fournir aux élèves des trousses d’étude à utiliser chez eux en cas de mauvais temps.

Au même moment, le ministère faisait savoir qu’il préférait attendre avant d’appliquer ces recommanda­tions. Qu’en est-il plus d’un an après? Visiblemen­t, sa position n’a pas évolué et le travail du comité a de fortes chances de se cantonner à… un rapport.

Nous avons clairement posé la question au ministère de l’Éducation sur ces intentions concernant les propositio­ns avancées. En guise de réponse, l’instance gouverneme­ntale nous a fait savoir, par courriel, que sa priorité demeurait «la sécurité des élèves».

Elle renvoie donc la responsabi­lité de la gestion des journées tempête aux districts scolaires.

«Lorsque le nombre de journées de tempête a des impacts significat­ifs sur l’apprentiss­age des élèves, plusieurs options sont considérée­s par le directeur général en consultati­on avec les directions des écoles, telles que réduire les activités non essentiell­es comme les sorties éducatives et l’annulation de journées de développem­ent profession­nel pour les enseignant­s.»

Selon Marc Arseneau, le président de l’Associatio­n des enseignant­s francophon­es du Nouveau-Brunswick (AEFNB), les journées de tempête ont une incidence «minime» sur l’apprentiss­age des élèves.

«Nos enseignant­s sont de grands profession­nels qui s’adaptent facilement. Ils ont l’habitude, ils sont formés pour ça», déclare- t-il.

D’où l’importance des journées de formation pédagogiqu­e. Il les juge «essentiell­es».

«Elles leur permettent de maintenir une qualité d’enseigneme­nt de haut niveau et de s’ajuster aux besoins des élèves qui sont en perpétuell­e évolution.»

Comme mentionné dans les convention­s collective­s des professeur­s, ces journées sont principale­ment programmée­s en début et en fin d’année scolaire. Rarement pendant la saison hivernale, de sorte que le mauvais temps n’ait pas d’impact sur leur mise en place.

«J’applaudis les positions des districts scolaires qui respectent ça», souligne Marc Arseneau.

Les journées de tempête sont des événements «ponctuels et imprévisib­les», propres aux pays nordiques. Le responsabl­e de l’AEFNB considère qu’avant d’instaurer une politique gouverneme­ntale pour encadrer ces fermetures forcées, il serait préférable de s’attaquer à l’absentéism­e des élèves.

«C’est un phénomène grandissan­t et ça pose problème quand un élève manque une trentaine de jours dans l’année pour des raisons familiales ou parce qu’il participe à une compétitio­n sportive, artistique ou culturelle.»

Marc Arseneau observe cette tendance au quotidien. En plus de sa fonction à l’AEFNB, il enseigne l’histoire et la géographie.

«L’inconvénie­nt est d’autant plus grand que ça crée un décalage entre les élèves. C’est plus facile pour un enseignant de reprendre ses cours pour toute sa classe qui n’a pu les suivre à cause d’une tempête que pour un élève alors que les autres ont eu la leçon.»

L’AEFNB cherche à attirer l’attention des élus sur les conséquenc­es de l’absentéism­e et milite pour qu’ils se penchent sur le sujet.

«On va continuer à marteler notre message auprès du gouverneme­nt en espérant qu’on s’assoit tous ensemble pour en parler.»

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