Sans le Nord, point de salut
Il serait si facile de se laisser aller à la déprime hivernale depuis quelques semaines. Crise du verglas, dénatalité, décroissance démographique, immigration moribonde, taux de chômage jusqu’à 50% plus élevé que la moyenne provinciale dans certaines communautés, sont seulement quelquesuns des maux qui affligent le nord de la province.
Loin de moi de vouloir amener de l’eau au moulin au «faux» débat Nord-Sud. Pour moi, c’est un faux débat stérile, futile, qui ne mène à rien et nous divise, ce qui va à l’encontre de notre devise, L’union fait la force.
Je crois fermement qu’il est d’une importance cruciale que les Acadiens et les francophones, s’ils doivent changer d’adresse, demeurent dans notre province au lieu de s’expatrier ailleurs au Canada et dans le monde. Point à la ligne.
Cela étant dit, donc, malgré la grisaille qui nous afflige, il pourrait y avoir de la lumière au bout du tunnel. C’est que deux événements majeurs ont «frappé de plein fouet» la province depuis l’automne 2014. Primo, le Parti libéral de Brian Gallant a remporté les élections grâce à un appui sans équivoque des circonscriptions à majorité acadienne. Toutes les circonscriptions du Nord sont rouges… sauf celle détenue par Madeleine Dubé, qui a réussi à éviter le balayage complet. La composition du Conseil des ministres de M. Gallant est le reflet du choix fait par les Acadiens et les francophones.
Secundo, le Parti libéral de Justin Trudeau a réussit le balayage du N.-B., en y faisant élire les 10 députés fédéraux. Il a au sein de son Conseil des ministres, un poids lourd en la personne du député d’Acadie-Beauséjour, Dominic LeBlanc. Feront-ils l’histoire avec un grand H? Seule l’histoire nous le dira et je laisse ce soin aux historiens. Mais le temps presse, échéances électorales obligent.
Depuis leur arrivée au pouvoir, messieurs Gallant et Trudeau, malgré une conjoncture économique difficile, n’ont pas eu peur de délier les cordons de la bourse quand ils en ont senti le besoin, et cela ici comme ailleurs au pays. Ces deux paliers de gouvernement ont bel et bien investi des montants d’argent appréciables dans le Nord. On a qu’à penser à l’industrie navale de Bas-Caraquet, à l’Aéroport régional de Bathurst (somme promise et à venir), le mont Carleton, le mont Sugarloaf et j’en passe.
Cela me rappelle les fameux plans de relance du Nord qui ont «déferlé» sur les régions depuis l’ère McKenna, soit un quart de siècle. Tout juste assez de fonds publics pour rester la tête hors de l’eau, mais pas suffisamment pour nous permettre de nager jusqu’au rivage. Si on se compare au reste de la province et du pays, on ne se console pas.
Je terminerai ce propos en paraphrasant le sociologue acadien Joseph-Yvon Thériault lors de son allocution au Campus d’Edmundston de l’Université de Moncton dans les premiers jours du Congrès mondial acadien des Terres et des forêts, en cette belle soirée chaude d’août 1994. La survivance de l’Acadie du Nouveau-Brunswick passe par le Nord, mais pour l’assurer, cela nous prendrait un Plan Marshall. En me remémorant ce passage de M. Thériault, il me revient en tête que la démographie ne ment pas et elle est plus pertinente que jamais pour l’Acadie du N.-B. Sans un plan concerté, structurant et ambitieux, nous devrons continuer à nous débattre comme le Diable dans l’eau bénite pour conserver la tête hors de l’eau… tout en nous éloignant malheureusement du rivage!