Tracadie: le chef de la sécurité publique suspendu
Les jours de Denis Savoie en tant que directeur du département de la sécurité publique de la Municipalité régionale de Tracadie sont-ils comptés? En décembre, son poste a été menacé par les réductions budgétaires et cette semaine, il a été suspendu avec salaire par son employeur.
La suspension a été annoncée jeudi après que Denis Savoie ait critiqué son employeur lors d’une sortie publique sur les ondes de Radio-Canada Acadie.
Il souhaite dénoncer ce qu’il considère comme étant une injustice. Il demande au gouvernement provincial de mener une enquête pour faire la lumière sur la gestion du service d’incendie par la municipalité.
«Je suis obligé de rester à la maison avec salaire jusqu’à nouvel ordre. On ne m’a pas suspendu comme tel. On me dit de rester chez moi», a-t-il déclaré à l’Acadie Nouvelle.
Le ministère de la Sécurité publique du Nouveau-Brunswick n’a pas l’intention de procéder à une enquête.
«Les questions internes des municipalités ne relèvent pas de leur ministère. Ils n’ont donc pas à intervenir dans ces questions», répond Robert Duguay, un porte-parole gouvernemental.
Denis Savoie est devenu directeur de la sécurité publique et chef pompier de la Municipalité régionale de Tracadie en septembre 2015. Dès son arrivée, Il s’est donné pour mission de professionnaliser le service d’incendie en misant sur la formation. Il sentait qu’il était bien placé pour accomplir cette mission. Il venait de terminer une carrière de 29 ans au sein du service d’incendie de Montréal.
«C’est sûr que le contexte n’est pas le même (entre Montréal et Tracadie), mais un pompier reste un pompier. Nous avons tous la même passion.»
La lune de miel n’a cependant pas été de longue durée.
«Quand je suis arrivé, j’ai instauré des politiques. Je me suis aperçu qu’il y avait des anomalies au niveau administratif, du budget, des paies des pompiers. (…) On a voulu mettre en place une vraie structure. Les gens n’ont pas accepté les changements. J’ai fait des enquêtes, je les ai rapportées à mon employeur. L’employeur a fait ce qu’il devait faire. Des gens ont été suspendus et d’autres ont été mis à la porte.»
Les problèmes concernant le service d’incendie n’ont pas commencé en septembre 2015, rappelle Denis Savoie.
En 2015, Rémi St-Coeur, alors chef de la brigade, réclamait une meilleure rémunération pour les pompiers volontaires. Le maire de l’époque, Aldéoda Losier, considérait que leurs demandes étaient trop élevées. En dernier recours, les pompiers songeaient même à refuser de sortir pour des urgences, mais ils n’ont jamais mis leurs menaces à exécution.
«Ça n’allait pas avant. Il y a un chef qui est resté seulement quatre mois, un autre est resté neuf mois, un autre a été là an, tandis qu’un autre est resté pendant un an et quatre mois. Tout ça ne date pas d’hier.»
C’est peu après son entrée en poste que Denis Savoie a senti que sa présence n’était pas désirée. Deux pompiers ont porté plainte contre lui pour harcèlement, mais les reproches ont été jugés non fondés.
«C’est sûr que j’ai apporté des correctifs en cours de route, mais certains ne l’ont pas pris. Ils m’ont dit que ça marche d’une telle façon ici. J’ai répondu que ça ne marchait plus comme ça, plus maintenant.»
Avec le temps, la situation est devenue lourde à supporter, dit-il. Cet automne, il est parti en congé de maladie pendant plusieurs mois.
«Je n’ai rien à me reprocher. Je parle seulement de ce qui se passe depuis un an. On parle d’intimidation, de harcèlement, de menaces. Comment une municipalité peut accepter que ça se passe au niveau de ses employés?»