Trois César pour Juste la fin du monde, de Xavier Dolan
Le film du cinéaste québécois Xavier Dolan, Juste la fin du monde, a triomphé à trois reprises à la cérémonie des César, vendredi, décrochant notamment le prestigieux trophée de la meilleure réalisation.
«Je suis très touché par votre témoignage ce soir, parmi tous ces talents qui brillent, qui m’impressionnent. Depuis environ dix ans, depuis le tout début, les Français m’ont toujours fait une place», a déclaré l’artiste âgé de 27 ans, en allant cueillir son prix.
Le drame, une adaptation de la pièce éponyme de Jean-Luc Lagarce, lui a également valu le César du meilleur montage.
Gaspard Ulliel, qui y campe le rôle d’un auteur en fin de vie qui retrouve sa famille après douze ans d’absence, a pour sa part été couronné meilleur acteur.
L’interprète et mannequin, en tournage, n’a pu être présent à la soirée. C’est donc Xavier Dolan qui s’est levé une troisième fois pour aller chercher le prix en son nom et lire ses remerciements - pour la première fois - sur scène.
«Xavier, merci d’offrir à tes acteurs ce qui est hors du commun pour raconter l’ordinaire. Ce regard que tu poses sur tes comédiens n’a pas d’équivalent. Avide de la moinde nuance, transformant le moindre friselis en un bouleversement, tu portes à chaque fois tes acteurs vers la fraîcheur et l’éclat de l’inédit», avait-il écrit.
Dans la catégorie du meilleur film étranger, le César est toutefois revenu à Moi, Daniel Blake, signé par le Britannique Ken Loach.
Denys Arcand était jusque-là l’unique réalisateur québécois primé aux César, pour Les Invasions barbares en 2004.
Un autre Québécois a brillé à cette 42e cérémonie du grand écran français, qui avait lieu à la salle Pleyel, à Paris. Niels Schneider a été désigné meilleur espoir masculin pour son rôle dans Diamant, de Arthur Harari.
D’origine française, le jeune comédien avait d’ailleurs déjà collaboré avec Xavier Dolan, figurant notamment parmi les têtes d’affiches de son second film, Les Amours imaginaires.
«Quand j’avais 16 ans, j’étais vraiment perdu et j’étais convaincu précocement de l’inaccessibilité de cette profession. Merci donc à tous ceux qui m’ont prouvé le contraire, qui ont combattu mon scepticisme», a-t-il bredouillé, visiblement saisi.
Gabriel Arcand, qui était en lice dans la catégorie du meilleur acteur dans un second rôle, pour Le fils de Jean, n’a pas été récompensé.
Elle, de Paul Verhoeven, a été sacré meilleur film. Isabelle Huppert, qui y tient le premier rôle, a remporté le César de la meilleure actrice, après avoir reçu le Golden Globe dans la même catégorie. Son interprétation d’une femme de prime abord inébranlable lui a également valu une nomination aux Oscars, qui ont eu lieu dimanche.
«Pour Elle, le rôle l’emporte sur l’interprète, a-t-elle lancé. Et n’oublions pas que ce rôle est tiré d’un roman de Philippe Djian. Il faut rendre à César ce qui est à César, mais à la littérature ce qui est à la littérature!»
Du côté des oeuvres d’animation, Ma vie de courgette et Celui qui a deux âmes se sont respectivement vu décerner les César des meilleurs long et de court-métrage.
L’arrivée sur scène de Jean-Paul Belmondo, à qui l’Académie des arts et techniques du cinéma rendait hommage, a provoqué une longue ovation qui l’a visiblement secoué. Figure emblématique du septième art, il a tenu à remercier sa mère, qui l’avait incité au courage alors que «tout le monde trouvait que j’avais une sale gueule».
George Clooney s’est quant à lui vu récompensé pour l’ensemble de sa carrière, recevant un César d’honneur des mains de Jean Dujardin. Les deux amis ont profité de son discours d’acceptation pour lancer quelques flèches au président américain, Donald Trump.
L’humoriste Jérôme Commandeur était à la barre de la cérémonie, que devait initialement présider Roman Polanski. Le réalisateur de 83 ans s’était désisté face à une levée de bouclier en lien avec l’accusation de viol qui avait été portée contre lui en 1977.