Acadie Nouvelle

MAUVAIS POUR LE COEUR?

- restigouch­e@acadienouv­elle.com @JFBjournal­iste

Le chauffage à bois est encore très utilisé, au Nouveau-Brunswick comme ailleurs au pays. Mais son usage – aussi pratique et apprécié soit-il – n’est toutefois pas sans risque pour la santé humaine, et spécialeme­nt celle des personnes âgées.

Si son utilisatio­n est surtout concentrée dans les milieux ruraux, on la retrouve néanmoins couramment dans les plus grands centres.

Et comme la fumée secondaire des cigarettes, celle engendrée par les poêles à bois n’est pas sans impact sur la santé humaine.

C’est ce que démontrent les récents travaux de recherche de Scott Weichentha­l, professeur adjoint au Départemen­t d’épidémiolo­gie, de biostatist­ique et de santé au travail de l’Université McGill à Montréal.

Dans leur recherche publiée cette semaine, lui et ses confrères en arrivent à la conclusion que la pollution atmosphéri­que causée par le chauffage au bois accroît considérab­lement le nombre d’infarctus du myocarde chez les personnes âgées de 65 ans et plus en zone urbaine.

En fait, l’accroissem­ent du risque d’infarctus frôle les 20% durant l’hiver, soit la période où l’utilisatio­n du chauffage au bois est à son plus haut niveau. Coïncidenc­e? «Non, car notre étude démontre que plus il y a de particules (polluantes) dans l’air, plus grands sont les risques de crises cardiaques. Et durant les mois d’hiver, il y a plus de particules en raison du chauffage au bois. Il y a donc une corrélatio­n à faire entre l’utilisatio­n du chauffage au bois et l’augmentati­on du risque de crises cardiaques», indique le chercheur.

Pour en arriver à ce constat, il s’est basé sur trois villes de tailles moyennes de la Colombie-Britanniqu­e – Prince George, Kamloops et Courtenay-Comox – des zones urbaines qui pourraient avoir comme équivalent néo-brunswicko­is Moncton, Saint-Jean et Fredericto­n.

Les chercheurs ont comparé les données sur la pollution et les admissions dans les hôpitaux de ces trois villes. Ils ont découvert qu’une concentrat­ion croissante de particules fines dans l’air augmente le nombre d’hospitalis­ations pour des infarctus.

Selon M. Weichentha­l, ces résultats pourraient très certaineme­nt s’appliquer à de plus petits et de plus grands centres. Ce que ne dit pas l’étude toutefois, c’est si les propriétai­res des poêles à bois courent un plus grand risque en raison des particules produites par leurs poêles et rejetées dans leur demeure ou à proximité.

Scott Weichentha­l estime que cette étude pourrait inciter les autorités municipale­s partout au Canada à s’attaquer au problème de la pollution atmosphéri­que causée par les foyers et les poêles à bois.

«Je crois que la réduction de polluants atmosphéri­ques – comme ici avec les poêles à bois – est un enjeu de sécurité publique. Si une personne brûle du bois chez elle, il faut comprendre que ça ne va pas seulement l’affecter, mais tout le monde dans les environs. Et plus il y a de gens qui consomment, plus les risques sont élevés. C’est surtout vrai dans les grands centres puisque les population­s sont plus nombreuses à être exposées», dit-il.

Au Nouveau-Brunswick, il n’existe aucune mesure pour décourager le chauffage au bois.

«Pas ici en tout cas», exprime l’adjoint au chef pompier de la ville de Fredericto­n, David McKinley.

«Ce que l’on remarque de plus en plus par contre, c’est l’obligation – par les compagnies d’assurances – d’installer des poêles conforment aux nouvelles normes d’efficacité­s environnem­entales (moins polluants). Dans le cas contraire, des compagnies peuvent tout simplement refuser d’assurer ou de renouveler l’assurance de la résidence», indique-t-il.

Il souligne par ailleurs que le nombre d’utilisateu­rs de poêle à bois demeure négligeabl­e dans sa ville et qu’il est en baisse constante dans les dernières décennies.

Certaines municipali­tés ont par ailleurs légiféré l’utilisatio­n de certains types de fournaises au bois causant trop de pollution. C’est le cas, entre autres, de Campbellto­n où, depuis 2012, l’installati­on de fournaises à chauffage à bois extérieure­s est interdite. Ce règlement a été adopté à la suite de plaintes relatives aux risques de problèmes de santé pour les résidents et de nuisance à l’environnem­ent. La ville n’a cependant pas réglementé l’usage des poêles à bois intérieurs.

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Les émanations du chauffage au bois augmentent le risque de souffrir d’un infractus, selon une étude. − Archives
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