Acadie Nouvelle

Anne-Marie Brideau, disquaire malgré tout

Dans un monde musical en plein bouleverse­ment, A&R Musik résiste à Tracadie

- David

Dans un monde où les gens se tournent en grand nombre vers l’écoute de musique en continu, A&R Musik, le seul disquaire dans le nord du Nouveau-Brunswick, tient tête aux constants bouleverse­ments de l’industrie musicale.

Il y a quelques semaines, le géant de la vente au détail HMV annonçait la fermeture de 102 magasins au Canada. La chaîne, spécialisé­e dans la vente de musique et de films, n’arrivait plus à faire concurrenc­e avec le changement des habitudes d’écoute musicale.

Depuis, la chaîne ontarienne Sunrise Records a confirmé son intention de s’installer dans 70 anciens magasins HMV en misant notamment sur les disques vinyles, qui demeurent toujours populaires auprès des mélomanes.

Pour Anne-Marie Brideau, propriétai­re d’A&R Musik, il s’agit d’un signe qu’il existe toujours un bassin de population prêt à payer pour la musique.

«Je sais que les gens vont en ligne. C’est vrai, mais il y a encore beaucoup de gens qui aiment acheter l’original.»

De récentes statistiqu­es permettent de voir que les Canadiens n’ont jamais autant consommé de la musique, mais ils en achètent de moins en moins. Selon un rapport publié en juillet 2016 par la firme Nielsen, plus de 18 milliards de chansons ont été écoutés sur un service de musique en ligne en lecture continu du 1er janvier au 30 juin 2016. Pendant cette même période, la vente d’albums avait chuté de 19,4% par rapport à la même période en 2015. Les ventes numériques ont également reculé de 22,8%.

Anne-Marie Brideau s’est lancée en affaires il y a environ 25 ans. On y trouve pour tous les goûts dans son commerce, mais elle s’est toujours spécialisé­e dans la vente de musique acadienne.

«Quand j’ai commencé, je ne m’imaginais pas que je serais encore en affaires aujourd’hui. Mais quand Jean-François Breau me venait voir avec les cassettes de ses premières chansons, j’avais beaucoup d’admiration pour lui. Je l’appelais mon Roch Voisine. Beaucoup de chanteurs me faisaient confiance, ils me demandaien­t si j’aimais leurs chansons. C’était une fierté personnell­e pour moi qu’ils venaient me voir.»

Depuis les premiers succès de JeanFranço­is Breau, les exploits d’autres artistes de la Péninsule acadienne, dont Wilfred LeBouthill­ier, Maxime McGraw et Annie Blanchard, continuent de motiver la femme d’affaires.

«Quand Wilfred a lancé son premier album, je rappelle qu’on est entré une journée à l’avance pour tout mettre en place pour s’assurer qu’on ait suffisamme­nt de stock pour le lendemain. C’était de très belles années, mais encore aujourd’hui, de façon générale, ça va très bien.J’aime mon métier.»

Ce sont les artistes acadiens qui attirent le plus l’attention de sa clientèle.

Un artiste acadien qui se fait remarquer à la télévision ou à la radio permet souvent de mousser les ventes. Elle le reconnaît d’ailleurs: sans son fournisseu­r principal, Distributi­on Plages, elle n’arriverait probableme­nt plus à tenir le coup pendant longtemps. (NDLR: Les éditions de l’Acadie Nouvelle ont fait l’acquisitio­n de Distributi­on Plages en 2016).

«J’ai toujours dis que si je n’avais pas les chanteurs locaux, qu’ils soient de Tracadie, de Bouctouche, de Moncton ou ailleurs, je n’aurais pas mon commerce. Quand Distributi­on Plages a ouvert ses portes, c’était comme si je venais de trouver un diamant.»

Elle n’échappe pas aux soubresaut­s qui touchent l’industrie du disque. Au cours des dernières années, elle a commencé à vendre d’autres articles, comme des animaux en peluche, pour arrondir les fins du mois.

Elle n’a cependant pas l’intention d’abandonner.

«Pour moi, tant que les artistes auront le goût de continuer, je serai toujours là.»

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