Quelles sont les solutions à la dénatalité?
Si les résultats du recensement rendus publics le mois dernier ont eu l’effet d’une bombe dans le nord de la province, il ne fait que confirmer une tendance connue depuis les années 1990.
Déjà à cette époque le gouvernement de Frank McKenna avait tenu des consultations pour parler de croissance démographique et le constat n’était pas différent de ce que l’on a appris cette semaine. D’ailleurs c’est la deuxième fois seulement que la province connaît une diminution réelle de sa population depuis la confédération; la première fois étant lors du recensement de 2001. Que doit-on retenir de ces chiffres, à part les titres catastrophiques de nos journaux et médias quand ces données ont étés rendues publiques? On a pu lire des titres comme Le nord se vide, alors que dans les faits, la décroissance est moins importante qu’elle ne l’était lors des derniers recensements. Il faut également comprendre que nos régions urbaines du sud de la province connaissent des croissances avantageusement comparables à la moyenne nationale.
Notre problème est en régions rurales, car toutes les communautés à moins d’une heure de nos grands centres urbains sont en croissance. Cette situation témoigne d’un problème majeur. Quand les gouvernements annoncent des stratégies de développement économique, ils le font comme si toute la province était urbaine, alors que près de la moitié de notre population habite un territoire que l’on peut définir comme étant rural. Il est là le problème: on ne tient pas compte de l’occupation du territoire. Les nouvelles technologies, les centres d’appels et l’industrie des services ont besoin des infrastructures des grands centres afin de pouvoir prospérer. Et pendant qu’on s’occupe de cette nouvelle économie, on néglige complètement les industries traditionnelles qui ont perdu des dizaines de milliers d’emplois au cours des dernières décennies.
À titre d’exemple, les gouvernements qui se sont succédé dans cette province ont donné à rabais les droits de coupe à quelques compagnies, sans jamais émettre de réelles conditions quant aux nombres d’emplois créés. Dans les pêches, la situation est encore pire: il n’y a aucun lien entre la capture de la ressource et sa transformation. Encore cette semaine, on entendait un porte-parole des crabiers dire, en réponse à l’abondance des quotas ce printemps, qu’on livrera notre crabe à Terre-Neuve s’il y en a trop pour le transformer ici! Bravo messieurs, quel soutient à votre région.
Sur ce point, quand avons-nous vu pour la dernière fois nos gouvernements investir massivement dans la modernisation de l’industrie des pêches? À part le gouvernement libéral de Brian Gallant, qui a osé investir dans la modernisation de notre flottille, sur qui pouvons-nous compter pour que les millions de dollars anticipés par nos pêcheurs cet été puissent contribuer non seulement à garder les gens chez nous, mais bien à en attirer de nouveaux?
Une politique nataliste, mais surtout une politique des régions, nous permettrait de faire en sorte que tous les coins de la province puissent espérer une croissance et un milieu de vie recherchés par plusieurs. Il n’est pas trop tard, on a déjà vu pire et on s’en est sorti!
Le dernier recensement démontre que le N.-B. est la seule province canadienne à avoir une perte de population. Que doit-on retenir de ces chiffres, sinon qu’ils ne nous apprennent rien de nouveau?
Le livre Les sables mouvants parle de changement démographique causé par une population vieillissante, surtout en Atlantique. Richard Saillant dans son livre Au bord du gouffre parle aussi de ce phénomène, qui est d’ailleurs bien connu par des actuaires de différents domaines. La pyramide, représentant une population qui se régénère, est formée à la base par les naissances et le haut par les personnes les plus âgées.
Actuellement au N.-B. la pyramide est en train de se renverser avec une base qui s’amincit et un sommet qui s’élargit. En 1972 et en 1973, le nombre annuel de naissances était un peu plus du double des mortalités au N.-B. soit 17,9 naissances pour 7,7 mortalités. D’après plusieurs scénarios préparés par un groupe sur les projections de la population nationale, les mortalités seront près du double des naissances en 2037-2038, soit environ 7,6 naissances pour 13,2 mortalités. Ce même groupe prévoit que dans quatre scénarios sur cinq, la population du N.-B. va diminuer d’environ cinquante mille habitants.
Il vaut mieux apprendre à s’adapter graduellement à ces changements en acceptant la réalité. Si une population plus nombreuse était la solution à tous les problèmes, le N.-B. serait en meilleure position que l’Î.-P.-É. et la Nouvelle-Écosse devraient être en meilleure position que le N.-B. Donc quel est ce nombre idéal à atteindre?
Dans toutes les villes et les provinces, personne ne semble connaître ce chiffre magique qui résout tous les problèmes. De petites municipalités au N.-B. ont appris à vivre avec des ressources modestes alors que de grandes villes ont des défis financiers. La même chose se produit au niveau des provinces ou des pays à travers le monde.
Les provinces qui ont appris à gérer leurs ressources naturelles et humaines efficacement et de façon équilibrée vont continuer de se renouveler et de livrer les services requis par la population. Par contre au N.B., il semble que la combinaison de programmes sociaux, d’assurance-emploi, de baby-boomers qui se retirent du marché du travail et du taux de taxation le plus élevé au Canada a créé une situation bien particulière. La différence entre aller travailler ou demeurer dépendant de programmes gouvernementaux est minime dans bien des cas. Le poids politique de ceux et celles qui ne travaillent pas ou ne travaillent plus est de plus en plus élevé et les politiciens le savent.
Je ne crois pas qu’une population plus nombreuse est la seule réponse aux défis du N.-B., si les gens ne travaillent pas. Il faut que nos élus arrêtent de vivre dans un monde virtuel et acceptent la réalité de vivre selon leurs moyens en favorisant une meilleure gestion de nos ressources naturelles et humaines.