CES AUTOCHTONES QUI ÉTUDIENT EN FRANÇAIS
Au Nouveau-Brunswick, la plupart des élèves des Premières nations fréquentent une école anglophone, soit sur une réserve ou à l’extérieur de leur communauté. Certains choisissent cependant d’étudier en français. Un choix qui permet d’ouvrir plusieurs portes, mais qui a aussi un grand impact sur leur vie.
La vaste majorité de ces élèves reçoivent leur éducation dans deux établissements du District scolaire francophone Nord-Est, l’École RenéChouinard, à Lagacéville, et le Centre scolaire communautaire La Fontaine, à Néguac. Les deux établissements sont situés à quelques kilomètres de la Première nation d’Esgenoopetitj (Burnt Church).
Un total de 119 élèves fréquentent l’École René-Chouinard. Dix-huit sont autochtones. Ils habitent tous dans la Première nation d’Esgenoopetitj, à l’exception d’un jeune qui habite hors réserve.
Sur les 436 élèves du Centre scolaire La Fontaine, 39 sont autochtones. Treize vivent à Esgenoopetitj. Tous sont des ayants droit.
Bien entendu, d’autres communautés et d’autres districts scolaires accueillent des jeunes des Premières nations, mais ils sont juste moins nombreux.
Abygail Dedam, âgée de 18 ans, a toujours eu les pieds dans les deux cultures. Son père est un Mi’kmaq d’Esgenoopetitj et sa mère est une Acadienne de Lagacéville.
La jeune femme a passé les cinq premières années de sa vie dans la réserve avant de déménager à Lagacéville. Après avoir terminé son secondaire à Néguac, en 2016, elle a récemment entamé des études postsecondaires à Dieppe.
Au début, la famille parlait surtout anglais à la maison, mais après avoir déménagé à Lagacéville, le français a tranquillement commencé à prendre le dessus.
«Ma mère souhaitait que j’aille à l’école en français pour que je sois bilingue. C’est un avantage de l’être. Je me souviens que, lorsque j’ai appris le français, je suis allé chez mes grands-parents et quand j’ai commencé à parler le français, ils étaient surpris. C’était assez comique», raconte-t-elle.
Ses premiers jours à l’École René-Chouinard ont tout de même demandé une période d’ajustement. Les jeunes autochtones communiquaient entre eux en anglais. Certains ont eu du mal à s’adapter à une nouvelle langue.
«Ils habitaient dans la réserve, donc à la maison, ils avaient plus l’habitude de parler l’anglais. À l’école, certaines personnes n’aimaient pas ça et ce n’était pas accepté de parler l’anglais dans une école francophone. De mon côté, ça n’a pas vraiment été un problème, mais je sais que pour d’autres, ç’a eu un impact.»
Bien que le personnel de l’école rappelle souvent l’importance de respecter les différences, la culture mi’kmaq ne faisait pas souvent partie des discussions en salle de classe. Abygail Dedam a commencé à affirmer fièrement ses racines après avoir participé à des pow-wow dans sa communauté. Cette soif de connaissances lui a permis de joindre une troupe de danse autochtone dirigée par une femme de la communauté.
Son prochain objectif est d’apprendre le mi’kmaq.
«Nous avons commencé à mieux connaître notre culture, car nous étions quand même un petit groupe à avoir fréquenté l’école française. En plus de nous apprendre à danser, cette femme nous a raconté plein d’histoires et elle nous a montré beaucoup de choses. Ce qui nous a permis d’en apprendre davantage. Elle parlait beaucoup de spiritualité, j’aimais ça», explique Abygail Dedam.