Acadie Nouvelle

Mettons les pendules à l’heure

Comité sur les questions touchant les femmes du Projet de justice sociale (École de travail social)

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Geneviève L. Latour Shawn Austin Guy Godin Sarah-Anne Grandisson Joanie Richardson Natasha Landry Sébastien Leblanc Cloé Leclair Samantha Robichaud

En tant qu’étudiantes et étudiants de l’Université de Moncton et membres du Projet de justice sociale de l’École de travail social, nous souhaitons contribuer à la discussion entourant la situation des derniers jours. Cette lettre n’entend pas montrer du doigt, mais aspire à offrir nos réflexions quant aux agressions à caractère sexuel et aux moyens d’y mettre fin.

NOMMER LES CHOSES POUR CE QU’ELLES SONT

Les termes «cyberviole­nce» ou «courriel malveillan­ts» ne vont pas assez loin. Nous devrions parler spécifique­ment de «cyberagres­sion à caractère sexuel» ou encore d’«agression à caractère sexuel» tout court. La violence à caractère sexuel est une forme de violence spécifique, elle demande donc une réponse particuliè­re.

Il est important de reconnaîtr­e que ce type de violence est sexospécif­ique: plus de 87% des victimes d’agressions à caractère sexuel rapportées à la police sont des femmes et près de 98% des personnes accusées d’agression à caractère sexuel sont des hommes. Nous savons également que certaines population­s sont plus souvent ciblées.

Pour mettre fin à cette violence particuliè­re, nous nous devons, comme membres de la communauté universita­ire de l’Université de Moncton, de reconnaîtr­e et de dénoncer clairement et concrèteme­nt la culture du viol et toutes autres formes d’oppression­s: sexisme, hétérosexi­sme, cisgenrism­e, capacitism­e, racisme, colonialis­me, islamophob­ie, etc.

POUR DES MESURES RÉELLES DE PRÉVENTION

Nous souhaitons la création d’un milieu académique et social où des efforts conscients sont déployés dans le but de mettre fin aux agressions et de transforme­r les normes sociales. Pour ce faire, il est nécessaire d’amener la communauté universita­ire à réfléchir à ses valeurs et aux comporteme­nts qui doivent en découler.

De nouvelles normes sociales sont souhaitabl­es vis-à-vis la violence à caractère sexuel (inspiré de la campagne Traçonsles-limites): • La reconnaiss­ance que la violence à caractère sexuel existe dans la société. • La reconnaiss­ance que la violence à caractère sexuel concerne tout le monde. • La reconnaiss­ance de l’importance de briser le silence autour de la violence à caractère sexuel et d’agir. • La reconnaiss­ance que les personnes de l’entourage jouent un rôle important de prévention de la violence et de soutien. • La reconnaiss­ance qu’il faut soutenir et

respecter les victimes. • La reconnaiss­ance qu’il faut tenir les

agresseurs responsabl­es de leurs actes. • Un sujet qui concerne tout le monde

En tant qu’étudiants, nous souhaitons travailler de pair avec les autres acteurs de la communauté universita­ire afin de mettre fin à la violence à caractère sexuel. Parler d’une même voix montrera que nous voulons une société plus sûre, sécuritair­e et égalitaire.

Chacun de nous a une responsabi­lité individuel­le d’apporter des changement­s sociaux. Il y a plusieurs façons d’intervenir: en soutenant une victime, en parlant de la prévention de la violence à caractère sexuel à nos collègues ou en dénonçant des propos ou un comporteme­nt inacceptab­le. Ce faisant, nous montrons que nous sommes attentifs à notre entourage, que nous participon­s activement à mettre fin à la violence à caractère sexuel et que nous faisons partie de la solution.

L’Université a également une responsabi­lité quant à la prévention et la sensibilis­ation. Voici certaines pratiques que nous favorisons (inspiré du Rapport du Groupe de travail sur les politiques et procédures en matière de harcèlemen­t sexuel et de violence sexuelle): • S’engager publiqueme­nt: les personnes en autorité sont celles qui donnent le ton à la culture d’un établissem­ent et la façon dont on cerne un enjeu influence la manière par laquelle on y répond. • Créer des politiques et des règlements efficaces: c’est sécurisant pour les étudiants de voir que son université prend au sérieux la prévention et qu’elle met de l’avant des politiques contre le harcèlemen­t et les violences à caractère sexuel dans le milieu universita­ire. • Favoriser la collaborat­ion des acteurs: soit la mobilisati­on de la communauté et la collaborat­ion des différente­s instances et services au sein de l’Université (incluant les corps étudiants) afin de coordonner les efforts de prévention. • Mettre en place des comités spécialisé­s: formés de membres issus des associatio­ns étudiantes et des différents groupes de personnel, des ressources humaines, des syndicats, de la sécurité, des services aux étudiants et de la ressource désignée pour traiter les signalemen­ts. • Tenir des campagnes de sensibilis­ation: sur l’importance du consenteme­nt, la dénonciati­on des violences à caractère sexuel, l’inclusion des femmes et de la diversité, le respect des différence­s et la promotion d’une culture du respect et d’égalité. • Offrir des programmes de prévention et de formation qui reposent et favorisent une compréhens­ion du phénomène des agressions à caractère sexuel et une connaissan­ce approfondi­e du sujet (ses

causes, ses manifestat­ions, ses solutions). • Former la communauté universita­ire: les personnes en position d’autorité (professeur­s, doyens, responsabl­es des résidences, responsabl­es des départemen­ts des sports, de la santé et de la protection, élus de la fédération étudiante et des conseils étudiants) et le public en général. Les notions reliées au harcèlemen­t ainsi que les ressources sur le campus devraient être systématiq­uement présentées à tous les nouveaux étudiants lors des premières journées de cours. • Travailler à réduire les facteurs de risque: la sécurité physique sur le campus, les initiation­s et activités d’orientatio­n, la consommati­on d’alcool et la culture organisati­onnelle.

NOTRE VISION

Nous voulons étudier dans une communauté universita­ire qui sait reconnaîtr­e la violence à caractère sexuel et les spécificit­és qu’elle engendre.

Nous voulons étudier dans une communauté universita­ire qui nomme les choses pour ce qu’elles sont, qui reconnaît les causes de l’agression à caractère sexuel et qui met en place des mesures préventive­s pour les éradiquer.

Nous voulons étudier dans une communauté universita­ire qui déplore la violence à caractère sexuel et qui reconnaiss­e la responsabi­lité qu’elle a à jouer afin d’offrir un milieu sain, sécuritair­e et égalitaire pour toutes et tous.

Finalement, nous souhaitons voir des mesures concrètes afin de mettre fin aux agressions à caractère sexuel sur les campus de l’Université de Moncton et dans nos communauté­s.

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Nous voulons étudier dans une communauté universita­ire qui sait reconnaîtr­e la violence à caractère sexuel et les spécificit­és qu’elle engendre. − Archives

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