325 MILLIONS $ POUR AMÉLIORER L’INDUSTRIE
«Il devra y avoir un lien direct entre la recherche et une amélioration économique» - Dominic LeBlanc
Ottawa investira 325 millions $ dans le secteur des pêches en Atlantique pour rendre l’industrie plus compétitive et lui ouvrir la porte à de nouveaux marchés.
L’argent du Fonds des pêches de l’Atlantique servira notamment à améliorer les techniques de pêche directement sur les bateaux.
Le secteur de la transformation du poisson et des fruits de mer ainsi que celui de l’exportation auront aussi droit à leur part du gâteau.
Le ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne, Dominic LeBlanc, a présenté la nouvelle initiative, vendredi, à Halifax.
«C’est de l’argent frais pour faire croître l’impact économique de l’industrie de la pêche, des fruits de mer et de l’aquaculture», a-t-il indiqué lors d’une entrevue téléphonique après l’annonce.
Les chercheurs seront également appelés à participer aux projets qui seront financés par le Fonds pour stimuler l’innovation dans le secteur des pêches.
«Ce n’est pas pour financer la recherche pure. Il devra y avoir un lien direct entre la recherche scientifique et une amélioration économique.»
Les retombées du Fonds devraient notamment se faire sentir du côté de l’Institut de recherche sur les zones côtières de Shippagan.
«La recherche dans le domaine des pêches, ça fait partie de notre mission», constate le directeur général de l’Institut, Léonard Larocque.
Une partie de ses chercheurs travaillent justement «à créer de la valeur ajoutée et des impacts économiques auprès des industries» comme la pêche et l’aquaculture, dit-il.
«Nous pouvons seulement accueillir ça de façon favorable.»
La recherche est d’ailleurs l’un des secteurs dans lesquels il faudra investir davantage pour assurer l’avenir de la ressource, selon le président de l’Association des transformateurs de homard du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse, Jerry Amirault.
«Le climat et la température des océans sont en train de changer. Nous devons faire davantage d’efforts en science pour préserver la quantité des débarquements et comprendre l’effet de ces changements sur notre ressource», explique-t-il.
Il est important également de soutenir l’innovation dans les usines de transformation de la région puisque les caractéristiques uniques de la ressource locale rendent difficile l’adoption des nouvelles technologies développées ailleurs, prétend M. Amirault. Les paramètres du Fonds des pêches de l’Atlantique n’ont pas encore été précisés. Ils seront élaborés conjointement par le fédéral et les quatre provinces.
Le ministre LeBlanc affirme cependant déjà qu’au moins 30 millions $ seront consacrés à la promotion du poisson et des fruits de mer du Canada atlantique sur les marchés internationaux.
L’argent est toutefois conditionnel à la signature d’ententes bilatérales entre Ottawa et chacune des Provinces atlantiques.
Le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, déposera son budget le 22 mars et une partie des 325 millions $ devraient s’y retrouver. À la demande des provinces, l’argent pourrait être dépensé sur une période de trois à sept ans.
Chaque projet devra pouvoir compter également sur l’appui financier d’un autre palier de gouvernement, d’une institution ou du secteur privé. La participation du fédéral n’est cependant pas limitée à un pourcentage en particulier.
«Il n’y a pas de formule précise. Si un projet a énormément de mérite, mais qu’on n’arrive pas à trouver le pourcentage exact de partenariat, on pourrait quand même le faire», explique le ministre.
La part qui ira à chacune des provinces n’a pas non plus été préétablie. Certaines initiatives, comme le marketing à l’étranger, dépasseront d’ailleurs les frontières provinciales, avance Dominic LeBlanc.
Le ministre provincial de l’Agriculture, de l’Aquaculture et des Pêches, Rick Doucet, n’était pas disponible pour répondre aux questions des médias.
Son ministère a cependant salué par courriel «la souplesse dont le fédéral a fait preuve» dans l’élaboration du Fonds.
«Nous espérons en apprendre davantage sur ses spécificités dans les jours à venir.»
L’ensemble des intervenants ont souligné l’arrivée opportune du Fonds alors que le marché européen est sur le point d’ouvrir toutes grandes ses portes aux produits de l’Atlantique grâce à la ratification de l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne.
Selon le ministère des Pêches et des Océans, la valeur au débarquement des pêches commerciales du Canada atlantique représentait 2,8 milliards $ en 2015.
«Le homard est un animal très compliqué et sa transformation est extrêmement difficile à automatiser. La technologie et l’innovation sont rares, mais ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas continuer à chercher.»