Acadie Nouvelle

Quels sont les enjeux d’une réforme électorale?

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Le Nouveau-Brunswick de Brian Gallant saura-t-il réussir là où tous les autres gouverneme­nts ont échoué, c’est-à-dire implanter une réforme électorale capable de répondre aux réalités de notre siècle?

Qu’on se le dise, toutes les provinces qui ont essayé de réformer le système électoral s’y sont cassé la gueule. Pas plus tard que le mois dernier, Justin Trudeau, gros Jean comme devant, a dû battre en retraite malgré l’engagement pris lors des élections à savoir que celleci serait la dernière avec un système électoral uninominal à un tour! Ce qui nous divise essentiell­ement, c’est l’élargissem­ent des mouvements politiques de la gauche à la droite qui peine à se faire élire dans nos parlements puisque notre système donne la victoire à ceux qui remportent une pluralité de voix sans nécessaire­ment atteindre la majorité. Résultat, dans une province comme la nôtre; il devient presque impossible pour des partis marginaux d’un côté comme de l’autre de l’échiquier politique d’élire des députés.

Deuxième problème: la population, pour plusieurs raisons, se désintéres­se de la politique et vote de moins en moins. Enfin, et selon moi le plus gros de nos problèmes, c’est la faible représenta­tion féminine au parlement provincial qui est de loin plus basse qu’elle ne l’était il y 20 ans. Si le gouverneme­nt veut passer à l’histoire, il doit faire mieux en choisissan­t plus de femmes comme candidates. Et pourquoi ne pas proposer l’idée de diminuer le nombre de circonscri­ptions de 49 à 25 et d’élire dans chacune de celles-ci un homme et une femme? Voilà une façon de gouverner autrement!

Le comité indépendan­t formé l’an dernier a donc déposé cette semaine un rapport dans lequel il fait des propositio­ns audacieuse­s pour mettre au goût du jour notre système électoral. D’abord, il suggère de faire voter les jeunes à 16 ans. Bonne idée selon moi, si ceci est accompagné de programmes scolaires permettant une meilleure connaissan­ce de notre système. Ce vote à 16 ans aura l’avantage de remettre un peu d’équilibre dans une démographi­e qui aura bientôt deux fois plus d’aînés que de jeunes adultes. Deuxièmeme­nt, on suggère de resserrer davantage les lois régissant le financemen­t des partis politiques. Encore là, je conviendra­i qu’il faut mettre toutes les distances possibles entre l’influence des compagnies et des groupes de pression. Dans le domaine du financemen­t, on devrait interdire aux municipali­tés de contribuer comme elles le font présenteme­nt aux dînersbéné­fices des partis politiques. Ceci me semble immoral, puisqu’il est presque impossible pour une municipali­té de dire non à son député alors que l’on utilise l’argent des contribuab­les. Enfin, la propositio­n d’un vote préférenti­el - même si elle a du mérite manque de courage puisqu’elle ne permettra pas beaucoup plus de diversité en chambre. Seul avantage, elle permettra encore aux partis centristes de former des gouverneme­nts majoritair­es, ce qui selon mon humble opinion est peut-être la meilleure voie à suivre dans le contexte actuel. Ce sur quoi les NéoBrunswi­ckois devront réfléchir, c’est de choisir entre une plus grande diversité d’opinion et des gouverneme­nts plus stables. C’est au tour du bon peuple de s’exprimer!

La commission sur la réforme électorale soumet ses recommanda­tions. Son premier conseil est d’éliminer les obstacles au processus électoral.

La commission dit avoir entendu que les résidants permanents, qui ne sont pas citoyens canadiens mais qui ont travaillé et payé des impôts au N.-B. pendant plusieurs années, devraient avoir le droit de voter.

Je crois que bien des gens au N.-B. seraient d’accord avec cette recommanda­tion qui vient toutefois contredire plusieurs autres recommanda­tions. La commission demande que les jeunes de 16 ans aient le droit de vote. Je crois qu’ils ont déjà le droit de voter au niveau de leurs classes et de leurs écoles respective­s ce qui leur permet d’en apprendre sur le processus électoral. Par contre, ces jeunes n’ont pas encore travaillé et contribué à l’économie qui permet de payer pour les services.

J’ai eu la chance de voir grandir mes quatre garçons et maintenant mes sept petits-enfants. J’ai été enseignant et j’ai aussi eu l’occasion de visiter des classes pour parler du processus gouverneme­ntal et électoral. Je réalise que les jeunes aujourd’hui ont accès à de l’informatio­n privilégié­e à laquelle je n’avais pas accès durant mes années scolaires.

Par contre, je réalise aussi qu’ils n’ont pas généraleme­nt d’autres connaissan­ces et compétence­s que nous avions à leur âge. À 16 ans, mes parents travaillai­ent et contribuai­ent à l’activité économique de la province et pouvaient compter sans la technologi­e, mais n’avaient pas droit de vote.

Je crois qu’il y a une grande différence entre rêver notre vie en bas âge et vivre nos rêves en travaillan­t plus tard durant notre vie.

La commission propose aussi de garder les élections à date fixe soit tous les quatre ans. Par contre, elle propose de changer de septembre à octobre la période des élections afin de permettre aux étudiants de l’extérieur de pouvoir voter ce qui, encore une fois, va à l’encontre du raisonneme­nt que si vous avez travaillé, payé des taxes et des impôts au N.-B., vous devriez avoir le droit de vote. Je trouve que cet argument est l’un des plus ridicules et irresponsa­ble que j’ai entendu et je suis surpris du manque total de bon sens des membres de la commission.

Il est très évident que David Coon est derrière cette recommanda­tion après avoir été élu par le vote étudiant à la dernière élection provincial­e. Comment justifier le vote des étudiants de l’extérieur de la province qui ne connaissen­t à peu près rien de la province et qui n’ont aucun intérêt dans son avenir économique sinon qu’ils sont très verts?

Je suis de ceux qui croient que l’éducation sur le processus électoral dans les écoles est essentiell­e afin de connaître en bas âge la valeur, l’importance et la chance que nous avons de pouvoir choisir nos dirigeants.

Je crois aussi que l’honnêteté et l’intégrité de nos élus contribuen­t à bâtir la confiance et la participat­ion au processus électoral.

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Le gouverneme­nt Gallant doit-il mettre en oeuvre toutes les recommanda­tions de la commission sur la réforme électorale? − Archives
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