Acadie Nouvelle

Soins en santé mentale: un investisse­ment rentable et responsabl­e

La Commission de la santé mentale du Canada fait miroiter les avantages économique­s des investisse­ments dans ce secteur, un argument qui n’échappera certaineme­nt pas au gouverneme­nt fédéral.

- Kristy Kirkup

Dans un rapport destiné aux décideurs des provinces et territoire­s, la commission souhaite démontrer que «des dépenses intelligen­tes en santé mentale rapportent gros». Elle cite le cas du programme d’interventi­on précoce en Ontario, qui aurait permis d’économiser près de 25% par personne en fonds publics, grâce à une réduction du nombre de visites chez le médecin et des coûts en assistance sociale et en éducation.

La commission estime que 7,5 millions de Canadiens sont aux prises avec une maladie ou un problème lié à la santé mentale, que 1,6 million de personnes affirment que leurs besoins en soins de santé mentale ne sont pas comblés, et que la maladie mentale coûte chaque année plus de 50 milliards $ à l’économie canadienne – soit près de 1400$ par personne.

Dans ses négociatio­ns pour déterminer les prochains Transferts fédéraux en matière de santé, le gouverneme­nt de Justin Trudeau a réduit la hausse annuelle des sommes versées par Ottawa mais a ajouté des fonds qui doivent obligatoir­ement être consacrés à la santé mentale et aux soins à domicile.

Six provinces et les trois territoire­s ont conclu des ententes bilatérale­s avec Ottawa mais le Québec, l’Ontario, l’Alberta et le Manitoba refusent toujours cette offre fédérale. Le ministre québécois de la Santé, Gaétan Barrette, a parlé de «fédéralism­e prédateur» pour qualifier cette ingérence d’Ottawa dans les compétence­s provincial­es.

La semaine dernière, la ministre fédérale de la Santé, Jane Philpott, disait s’attendre à ce que les provinces récalcitra­ntes subissent des pressions croissante­s de citoyens, notamment des parents d’enfants qui nécessiten­t des soins en santé mentale.

Dans une lettre adressée à la ministre Philpott et à ses homologues des provinces et territoire­s, le président du conseil de la Commission de la santé mentale du Canada, l’ex-ministre progressis­te-conservate­ur des Finances Michael Wilson, et la p.-d.g. de l’organisme, Louise Bradley, apportent de l’eau au moulin d’Ottawa.

«Bon nombre de maladies et de problèmes associés à la santé mentale apparaisse­nt à l’enfance, lit-on dans la lettre ouverte. Ils sont généraleme­nt légers à modérés et exigent des interventi­ons relativeme­nt peu dispendieu­ses qui rapportent à long terme (...) En investissa­nt de façon stratégiqu­e les nouveaux dollars consacrés à la santé mentale, nous pouvons réaliser des économies pendant toute une vie.»

La commission note aussi dans son rapport que les problèmes de santé mentale sont en progressio­n constante chez les aînés: plus de 1,8 million de personnes de plus de 60 ans avaient une maladie ou un problème associé à la santé mentale au Canada en 2016, d’après les estimation­s d’une étude réalisée pour la commission. Or, ces personnes représente­raient près du quart des visites aux urgences des hôpitaux.

 ??  ?? La Commission de la santé mentale du Canada note que les problèmes de santé mentale sont en progressio­n constante chez les aînés. – Archives
La Commission de la santé mentale du Canada note que les problèmes de santé mentale sont en progressio­n constante chez les aînés. – Archives

Newspapers in French

Newspapers from Canada