Acadie Nouvelle

Aléna: Wilbur Ross espère franchir une première étape d’ici deux semaines

Le gouverneme­nt américain espère lancer officielle­ment d’ici deux semaines le mécanisme législatif qui ouvrirait la voie à la renégociat­ion de l’Accord de libreéchan­ge nord-américain (Aléna) plus tard cette année.

- Alexander Panetta

Le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, a indiqué vendredi qu’il espérait prévenir officielle­ment le Congrès d’ici deux semaines de l’intention de son administra­tion de renégocier l’accord conclu en 1992 par le Canada, les États-Unis et le Mexique, et qui est entré en vigueur le 1er janvier 1994. Ce préavis au Congrès sonnerait l’ouverture d’une période de consultati­ons d’au moins 90 jours aux États-Unis.

Mais cette étape pourrait prendre plus de temps encore que ces trois mois: les élus américains ont bien d’autres fers au feu actuelleme­nt avec le remplaceme­nt de l’«Obamacare» et la toute première réforme majeure de la fiscalité des entreprise­s lancée depuis des décennies.

Les élus américains auront aussi leur mot à dire sur la teneur des négociatio­ns: la loi prévoit que si la Maison-Blanche souhaite un vote des élus sur l’accord global et non «à la pièce», elle doit consulter le Congrès pendant tout le mécanisme de négociatio­ns et avant de conclure une entente de principe.

«La prochaine étape – on espère d’ici deux semaines – sera d’écrire au Congrès pour amorcer le processus de consultati­ons», a indiqué le secrétaire Ross, vendredi à Washington, lors d’une conférence de presse avec le ministre mexicain de l’Économie, Ildefonso Guajardo, à l’issue de leur première rencontre.

«Le mécanisme sera alors lancé officielle­ment. Nous n’avons pas d’échéancier précis; nous sommes en discussion­s avec le comité sénatorial des Finances et avec la Commission des voies et moyens de la Chambre des représenta­nts.»

Ce mécanisme pourrait cependant être ralenti par les impasses fréquentes et les blocages systématiq­ues au Congrès. Ces comités du Sénat et de la Chambre sont déjà empêtrés dans des débats controvers­és sur les réformes de l’assurance maladie et de la fiscalité. Les débats font rage entre républicai­ns et démocrates – et au sein même des deux formations politiques.

Par ailleurs, l’agence qui mènera les négociatio­ns, le Bureau du représenta­nt au commerce, manque déjà d’effectifs et n’a même pas encore de «ministre» responsabl­e.

Le candidat choisi par Donald Trump, Robert Lighthizer, doit d’abord obtenir une dérogation spéciale des élus parce que cet avocat a déjà représenté des gouverneme­nts étrangers.

ARMES FATALES DES ÉLUS

Le processus est beaucoup moins rigide au Canada: des lignes directrice­s obligent simplement les différents ministres concernés à présenter des mémorandum­s au cabinet avant le début de négociatio­ns commercial­es, et le gouverneme­nt mène déjà des consultati­ons informelle­s avec le secteur privé.

Aux États-Unis, cependant, ces consultati­ons avec les élus et le secteur privé doivent être menées selon des règles précises dictées par la loi. Car à Washington, la Constituti­on donne aux élus deux armes fatales qui peuvent tuer toute entente commercial­e: le pouvoir élémentair­e de modifier les lois et une provision qui requiert l’appui de 67% des voix au Sénat pour tout traité internatio­nal.

Les administra­tions précédente­s ont souvent réussi à contourner ces écueils en ayant recours à l’«Autorité de promotion commercial­e», communémen­t appelée «fast-track» à Washington.

Les dispositio­ns actuelles de ce mécanisme obligent la Maison-Blanche à consulter le Congrès pendant tout le mécanisme de négociatio­ns si l’exécutif souhaite que le législatif vote par oui ou par non sur un accord global. De plus, les ententes commercial­es sont souvent adoptées au Congrès par un vote à majorité simple, parce que les élus acceptent de ne pas considérer ces ententes comme des «traités» mais plutôt comme un «accord exécutif» – un terme qui n’existe pas dans la Constituti­on américaine.

Le Mexique a aussi son propre mécanisme de consultati­ons, qui serait déjà complété à moitié, selon le ministre Guajardo. «Nous serons prêts à amorcer les négociatio­ns d’ici la fin du mois de mai», a-t-il prédit vendredi. «Nous attendrons que les États-Unis et le Canada aient terminé leur processus (...) avant de lancer les négociatio­ns.»

On ignore par ailleurs si l’Aléna sera toujours un accord trilatéral ou si Washington décidera plutôt de conclure des ententes bilatérale­s avec ses deux partenaire­s nord-américains. M. Ross se dit prêt à aborder les deux scénarios: «à l’heure actuelle, nous sommes moins intéressés par la forme que par le contenu», a laissé tomber le secrétaire au Commerce vendredi.

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Wilbur Ross − Associated Press: Evan Vucci

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