Fluoration de l’eau: la Ville de Dieppe suggère une étude pancanadienne
La Ville de Dieppe souhaite que le gouvernement fédéral mène une étude exhaustive sur l’ajout de fluorure dans l’eau potable.
Le débat fait rage alors que le conseil municipal de Moncton doit désormais prendre une décision quant à la réintroduction ou non du fluorure dans l’eau potable. La Ville de Moncton a décidé d’imposer un moratoire en 2011 et a alors suspendu la fluoration pendant cinq ans.
Dieppe dépend des décisions qui seront prises par les élus de Moncton puisque c’est la ville voisine qui fournit l’eau aux Dieppois. Moncton est propriétaire et gestionnaire des infrastructures d’approvisionnement et de traitement d’eau potable dont profite la cité acadienne.
Lundi soir, les conseillers de Dieppe ont fait valoir la nécessité d’une étude. Dans une résolution adoptée à l’unanimité, ils appellent les autres municipalités à demander aux associations municipales provinciales et à la Fédération canadienne des municipalités de relayer leur requête auprès d’Ottawa.
Selon le maire Yvon Lapierre, les municipalités ne possèdent pas l’expertise nécessaire pour trancher dans ce dossier très complexe et technique.
«Ce sont des débats entre scientifiques qui se passent à un niveau qui dépasse la capacité des maires et de certains conseillers», reconnaît-il.
«Nous, on suggère que le fédéral procède à une étude pancanadienne qui serait bien documentée et qui permettrait de donner plus de direction aux provinces et aux municipalités.»
UNE QUESTION QUI SOULÈVE LES PASSIONS
La Société dentaire du NouveauBrunswick, la Société dentaire de Moncton et le médecin-hygiéniste du NouveauBrunswick estiment que la fluoration permet de renforcer l’émail des dents et de réduire les risques de carie.
Les opposants s’inquiètent des effets sur l’organisme d’une trop grande concentration en fluor dans l’eau.
En décembre 2011, la Ville de Dieppe s’était prononcée contre la fluoration de l’eau fournie aux Dieppois. Cette fois, la municipalité francophone ne se positionnera pas de la sorte.
En votant cette résolution, le conseil envoie plutôt un message à Moncton sur la manière de procéder.
«On veut leur indiquer la marche à suivre», explique le maire Lapierre.
«C’est un débat dans lequel les gens deviennent très émotifs. Il faut aller chercher la meilleure information possible à l’externe.»
En 2011, la Ville de Moncton avait demandé au département de la Santé publique de mener une étude pour savoir si l’arrêt de la fluoration était ou non responsable d’une augmentation des problèmes dentaires chez les enfants. Cette étude n’a pas été réalisée, faute de moyens financiers.
Plus récemment, des chercheurs de l’Université de Calgary ont comparé les dents de centaines d’enfants de deuxième année de Calgary et d’Edmonton.
Ils concluent que depuis l’arrêt de la fluoration de l’eau potable à Calgary, en 2011, la santé dentaire des enfants de la ville s’est dégradée davantage qu’à Edmonton, qui continue d’ajouter du fluorure à son eau. Les caries ont augmenté de près de 4% à Calgary et de 2% à Edmonton de 2004 à de 2014.