Larguée par un important actionnaire, Valeant plonge en bourse
Le titre de Valeant Pharmaceuticals s’est transigé à son niveau le plus bas en plus de sept ans, mardi, après que la controversée pharmaceutique eut été larguée par l’un de ses plus importants actionnaires.
Il s’agit d’une autre tuile pour la société canadienne, qui a brièvement été la plus grande société du pays au chapitre de la valeur boursière à l’été 2015, avant de voir sa réputation être entachée en raison d’une série de controverses.
À la Bourse de Toronto l’action de Valeant s’est négociée à 14,15$ en début de séance, en baisse d’environ 13% par rapport à son cours de clôture la veille et à son plus bas niveau depuis janvier 2009. En milieu de séance, le titre cotait à 14,43$, en recul de 10,98%, ou 1,79$. La veille, Pershing Square Capital avait jeté l’éponge en annonçant avoir liquidé sa position dans l’entreprise afin d’inscrire une importante perte fiscale. Le fonds newyorkais dirigé par le milliardaire Bill Ackman a déjà été le plus important actionnaire de Valeant en plus d’être l’un de ses plus ardents défenseurs.
M. Ackman estimait que la pharmaceutique était sous-évaluée et qu’elle finirait par surmonter des controverses comme le scandale entourant les hausses vertigineuses du prix de certains médicaments ainsi que sa relation d’affaires avec la société de commandes postales pharmaceutiques Philidor – qui a depuis cessé ses activités.
Il y a un peu plus d’un an, le milliardaire avait témoigné devant un comité sénatorial à Washington à propos de la stratégie d’affaires de Valeant qui consistait à hausser les prix des médicaments – parfois de 3000% – immédiatement après les avoir acquis.
L’investisseur activiste, qui n’hésite pas à remettre en question les décisions des sociétés qui font partie du portefeuille de Pershing Square, s’était engagé à assurer que Valeant mette en place les meilleures pratiques concernant l’établissement des prix des médicaments et maintienne son contrat social avec les patients et les médecins.
Pour l’instant, M. Ackman ainsi que le vice-président de Pershing Square, Steve Fraidin, demeurent sur le conseil d’administration de Valeant, mais les deux hommes ne solliciteront pas de nouveau mandat lors de l’assemblée annuelle de l’entreprise, prévue le 2 mai.
Par voie de communiqué, le président et chef de la direction de Valeant, Joseph Papa, embauché après l’arrivée de M. Ackman au conseil d’administration, a remercié les deux hommes pour leur appui.
«Nous avons été privilégiés de pouvoir compter sur des administrateurs talentueux qui partagent notre vision (...) et engagés à redresser l’entreprise au profit des investisseurs et actionnaires», a-t-il indiqué.
DES ANALYSTES PRÉOCCUPÉS
Dans la foulée de la décision de Pershing Square, les analystes Gary Nachman, de BMO Marchés des capitaux, et Neil Maruoka, de Cannacord Genuity, ont décidé d’abaisser de plus de 20% leur cours cible pour le titre de Valeant.
«Compte tenu des efforts déployés par Pershing pour redresser la barre (chez Valeant), nous croyons que cette décision de jeter l’éponge envoie un mauvais signal quant à l’avenir de l’entreprise», écrit M. Nachman dans un rapport.
Même si cette vente effectuée par le fonds d’investissement new-yorkais n’affecte pas les activités de la pharmaceutique, l’analyste souligne que cette décision survient au moment où l’entreprise se déleste d’actifs jugés non essentiels pour payer sa lourde dette.
En liquidant sa position, Pershing Square semble signaler que le redressement de la société sera plus long que prévu, croit M. Nachman.
De son côté, M. Maruoka a suggéré aux investisseurs de demeurer sur les lignes de côté en attendant le retour de la croissance chez Valeant.
«Nous estimons que ce geste met en relief nos inquiétudes (...) associées avec sa stratégie entourant (la vente d’actifs)», écrit l’analyste de Cannacord Genuity dans une note envoyée par courriel.
Pour sa part, Vicki Bryant, de Gimme Credit, a estimé à environ 5 milliards $ US l’investissement de Pershing Square dans Valeant. Selon elle, le fonds a reçu 220 millions $US en se délestant de sa participation, à un prix d’un peu plus de 11$ US l’action.