Vatican: Marie Collins réplique au cardinal Mueller
La querelle entre une ancienne membre de la commission pontificale sur les agressions sexuelles et le Vatican s’est envenimée mardi, quand une femme agressée par un prêtre pédophile a répliqué publiquement à un haut dirigeant du Vatican qui prétend que son agence a pleinement collaboré avec la commission.
L’Irlandaise Marie Collins a démissionné de la commission le 1er mars, en dénonçant notamment le manque de collaboration «inacceptable» de la Congrégation pour la doctrine de la foi présidée par le cardinal Gerhard Mueller. Son départ privait la commission de son dernier membre victimisé par un prêtre.
Dans une lettre ouverte publiée par le National Catholic Reporter, Mme Collins répète que la Congrégation pour la doctrine de la foi a rejeté ou ignoré les recommandations de la commission, approuvées par le pape, pour protéger les enfants et aider les victimes d’agressions.
Dans les jours qui ont suivi la démission de Mme Collins, le cardinal Mueller a déclaré au quotidien italien Corriere della Serra que le moment est venu de mettre fin au «cliché» d’une bureaucratie vaticane opposée aux réformes du pape. Il a toutefois admis avoir été contre la proposition de la commission, qui avait pourtant été approuvée par le pape, d’envoyer une lettre aux victimes, leur indiquant que leur dossier était à l’étude.
Il a aussi confirmé que la Congrégation et d’autres agences vaticanes se sont opposées à une autre proposition, celle-là aussi approuvée par le pape, qui aurait mené à la formation d’un tribunal spécial pour juger les évêques soupçonnés d’avoir mal géré les allégations d’agressions. Le cardinal Mueller prétendait que les mécanismes nécessaires étaient déjà en place.
Mme Collins rappelle que le représentant de la Congrégation au sein de la commission a cessé d’y participer en 2015, contrairement à ce que prétend le cardinal Mueller. Un représentant a éventuellement assisté à une seule rencontre l’an dernier.
Elle s’étonne ensuite que le cardinal Mueller ait considéré que le tribunal pour les évêques ait été une «proposition», puisque le communiqué publié par le Vatican le 10 juin 2015 annonce que le pape a autorisé son financement et l’octroi du personnel nécessaire.
Si le Vatican dispose déjà des «moyens nécessaires» pour juger les évêques, demande-telle, «pourquoi aucun évêque n’a-t-il encore été puni de manière officielle et transparente, ou démis pour sa négligence?»
«Si ce n’est pas par manque de lois, est-ce par manque de volonté?», demande Mme Collins.