Agression sexuelle sur trois enfants: le diocèse d’Edmundston nie sa responsabilité
Une victime d’agressions sexuelles répétées à la fin des années 1960 de l’ancien prêtre Rino Deschênes soutient que le diocèse d’Edmundston ne fait que fermer les yeux sur des évidences en niant sa responsabilité face aux agissements de l’homme d’Église.
La victime ajoute que les dirigeants du diocèse étaient à l’époque au courant du comportement du curé Deschênes.
En novembre 2014, l’ancien prêtre Rino Deschênes a reconnu sa culpabilité à de multiples gestes de nature sexuelle commis à la fin des années 1960 dans la paroisse de Rivière-Verte à l’endroit de trois jeunes garçons d’âge mineur.
Il purge actuellement une peine d’emprisonnement de sept ans et demi qui lui a été imposée en février 2015.
Trois avis de poursuite contre l’ancien prêtre et le diocèse d’Edmundston ont été déposés à l’automne 2016.
Les plaignants allèguent que le diocèse a négligé d’avoir mené une enquête sur le jeune prêtre (il était âgé de 27 ans lorsqu’il est entré en fonction à Rivière-Verte), de lui imposer des sanctions et de le retirer de ses fonctions.
Ils affirment aussi que le principal intéressé a reconnu ses torts dans une lettre remise à sa famille à l’époque et partagée avec le diocèse.
Dans sa récente réponse aux avis de poursuite, le diocèse d’Edmundston se dégage de toute responsabilité face aux agissements de l’ancien prêtre.
Le diocèse a informé M. Deschênes, aujourd’hui âgé de 76 ans, qu’il se dégage de toute responsabilité face à un possible dédommagement financier advenant le cas où les plaignants gagneraient leur cause.
Lorsque jointe par l’Acadie Nouvelle mardi, l’une des victimes s’est dite surprise et déçue de l’attitude du diocèse d’Edmundston dans ce dossier.
«Je m’attendais à cette position, mais pas à ce qu’elle aille aussi loin dans le dénigrement. Le diocèse était au courant du comportement de ce prêtre qui avait déjà posé des gestes semblables auparavant à Drummond. Il a été transféré d’une paroisse à une autre pour tenter d’étouffer l’affaire, mais sa déviance a continué. Nous avons des preuves qu’il a mal agi à plusieurs endroits en exerçant ses fonctions religieuses», a dit la victime impliquée dans la troisième poursuite contre Rino Deschênes.
En fin de compte, l’homme à l’aube de la soixantaine soutient que le diocèse d’Edmundston n’a fait que se protéger pour éviter d’affronter la réalité.
«Malgré tout ce qui était sous-entendu, Rino Deschênes a continué à oeuvrer à titre de prêtre dans le domaine de l’éducation au Québec. Il est revenu s’établir au NordOuest vers la fin des années 1990. Il a quitté la prêtrise et il s’est même marié à Lac-Baker avant de disparaître de la région», a ajouté la victime.
«Je lui avais pardonné (à Rino Deschênes). Mais quand je me suis rendu compte qu’il n’a jamais démontré de regrets lors des procédures judiciaires et qu’il se disait pratiquement une victime, ça m’a écoeuré», a confié la victime.
Ses dirigeants estiment que le délai de près de 50 ans avant de porter plainte constitue un préjudice face à une défense convenable parce que des témoins sont décédés ou introuvables.