Acadie Nouvelle

Tordre le fer pour en faire des oeuvres d’art

- restigouch­e@acadienouv­elle.com @JFBjournal­iste

Brochologu­e… Spécialist­e en tordiologi­e… Sculpteur de fil de fer… Guy Cormier ne sait trop quel titre utiliser pour se présenter.

Certaines personnes sculptent le savon, d’autres font de véritables monuments avec des cure-dents. L’homme de Pokesudie, dans la Péninsule acadienne, qui demeure depuis quelques années à Balmoral, transforme pour sa part un banal fil d’acier en des sculptures pour le moins impression­nantes.

Si cette forme d’art n’est pas unique, elle est toutefois relativeme­nt peu répandue et définitive­ment peu connue.

«Quand j’ai commencé à faire ça, je ne savais pas si ça existait. J’ai découvert qu’on appelait ça de la sculpture de fil de fer, mais j’ai toujours trouvé un peu prétentieu­x de me présenter comme un sculpteur. C’est de la broche de quincaille­rie après tout», souligne avec un peu trop d’humilité l’artiste de 41 ans.

Car oui il s’agit bien d’un art en soi. Un simple coup d’oeil suffit pour s’en persuader.

Homme au parcours hors du commun (musicien dans l’âme qui a étudié en service social avant d’aboutir au Yukon pendant dix ans), Guy Cormier s’est établi à Balmoral où il a fondé une famille. C’est tout à fait par hasard qu’il a découvert la sculpture à base de fil de fer.

«Je suis tombé sur une bobine de fil de fer et ça m’a fait penser à l’art minimalist­e. Et que je pourrais créer quelque chose avec presque rien», raconte-t-il.

Au départ, ses créations étaient simples. Mais le degré de difficulté et travail a rapidement augmenté.

«J’ai commencé à avoir quelques commandes et je trouvais ça vraiment l’fun. Un pêcheur avec sa canne… Un ballon de soccer… Puis je me suis mis à faire des arbres qui ont attiré beaucoup d’attention. Et je me suis rendu compte qu’il n’y avait pratiqueme­nt rien que je ne pouvais pas faire», indique-t-il.

Et on peut le croire. Son atelier regorge d’oeuvres aussi diverses les unes que les autres. Des automobile­s, des motos, des tracteurs, des hiboux, des orignaux et même des crucifix pour les plus pieux.

«Les possibilit­és sont immenses. J’ai même fait des cadres avec les membres d’une petite famille. La seule limite, c’est l’imaginatio­n. Et ça, je n’en manque pas. Je suis passionné», ajoute-t-il.

La bobine de fil de fer pour fabriquer ses oeuvres est peu dispendieu­se et disponible à peu près partout. Dans certaines sculptures, il prend soin d’imbriquer également des morceaux de verres polis par l’eau de mer. Mine de rien, le travail mis dans toutes ces petites oeuvres est colossal.

«C’est très exigeant physiqueme­nt de tordre ce fil de fer. Après quelques heures, j’ai les mains sales et qui font mal à force de tordre tout cela. J’ai aussi des éraflures sur le ventre et le bras, si bien que je porte maintenant un tablier. C’est un travail qui est dur, mais j’adore ça», indique-t-il.

Pour le moment, les ventes sont plutôt occasionne­lles comme son travail est encore relativeme­nt peu connu du grand public.

«Je ne suis pas à l’argent, mais derrière chaque oeuvre, il y a beaucoup de travail. Je me dois donc de charger un petit quelque chose. Si ce n’était que de moi, je donnerais toutes mes sculptures au lieu des vendre, mais on doit tous vivre de quelque chose. L’idée ce n’est pas de faire de millions avec ça, mais j’aimerais que ça devienne plus qu’un simple passe-temps. J’aimerais pouvoir en vivre», dit-il.

Certaines de ses sculptures sont déjà visibles dans quelques boutiques et cafés dans le nord de la province. Il songe aussi à monter une exposition où il pourrait mettre en valeur son travail. En attendant, vous pouvez toujours aller visiter sa page Facebook (Guy Cormier Brochologu­e).

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Guy Cormier montre le résultat de nombreuses heures de travail à tordre de la broche. - Acadie Nouvelle: Jean-François Boisvert
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