PLACES LIBRES MALGRÉ UNE LISTE D’ATTENTE
Pendant que des centaines d’aînés néobrunswickois attendent d’obtenir une place dans un foyer de soins, des lits restent vides dans un établissement de Moncton. Le manque criant de personnel qualifié est mis en cause.
La Villa du Repos, à Moncton compte 126 lits. Ils sont tous occupés. Pour pallier à la demande, une nouvelle aile de 60 places a récemment été construite. Or, l’ouverture du nouveau pavillon se fait toujours attendre.
Pourtant, près de 600 personnes attendaient un lit dans un foyer de soins de la province en janvier, selon la Coalition pour les droits des aînés et des résidants des foyers de soins du Nouveau-Brunswick.
À Moncton seulement, ils étaient plus de 180 sur cette liste. Plusieurs facteurs expliquent cette situation selon le directeur général de la Villa du Repos, Ronald LeBlanc. En entrevue avec l’Acadie Nouvelle, il montre entre autres du doigt la situation démographique de la province.
«Je ne comprends pas. C’est une belle discipline. Ça paye bien et les bénéfices sont extraordinaires et on travaille dans un environnement qui demande de la passion. Pour moi, ce sont des facteurs qui sont encourageants, mais malheureusement ça n’attire pas tout le monde. Quand on est dans une province où il y a une dépopulation, les ressources sont moindres. On est la province où le pourcentage des personnes âgées est le plus élevé, alors nos besoins sont plus grands», affirme-t-il.
Pour le président du Conseil des syndicats des foyers de soins du N.-B., Wayne Brown, la charge de travail qui attend les infirmières auxiliaires et les préposés aux soins dans ces établissements en effraie plusieurs.
En fait, plusieurs quittent leur emploi dans un foyer de soins au profit du milieu hospitalier où les salaires sont les mêmes.
«Au cours des 10 à 15 dernières années, plusieurs de mes collègues quittent le foyer où je travaille pour aller travailler à l’hôpital en raison de la charge de travail et du fait qu’il n’a pas assez d’employés. Il y a plusieurs foyers dans cette province qui sont toujours à court d’employés jour après jour. Dans les milieux plus ruraux, c’est un phénomène moins grave que dans les plus grands centres», souligne M. Brown.
Le directeur général de la Villa du Repos reconnaît que la charge de travail est grande pour ses employés, mais selon lui, le nombre d’heures financées par le gouvernement par patient est trop mince.
«La charge de travail peut faire peur. Partout où tu vas aller, il y aura un manque. C’est une question d’équilibre. C’est sûr que présentement le gouvernement finance 3,1 heures par patient par jour alors qu’on aimerait en avoir plus. On essaie de faire avec ce qu’on a, mais quand tu travailles déjà à court (d’employés), ça amplifie encore plus la charge de travail», précise M. LeBlanc.
M. Brown lui donne raison. En fait, son syndicat – qui représente 4000 travailleurs au Nouveau-Brunswick – réclame plus d’heures (donc plus d’employés) afin d’être en mesure de prodiguer de meilleurs soins sans épuiser le personnel.
«Évidemment, nous avons demandé au gouvernement actuel, au gouvernement précédent et à celui d’avant pour plus de ressources. Donc, plus d’heures pour les employés. Le gouvernement a toujours fait la sourde oreille. En même temps, avons-nous les individus pour travailler dans ces foyers et combler ces heures?», se demande M. Brown.
Le CCNB forme des infirmières auxiliaires et des préposés aux soins dans ses cinq campus. Les jeunes ne se précipitent pas aux portes pour s’y inscrire. Des places sont toujours libres.
Soixante-seize infirmiers auxiliaires ont obtenu un diplôme du CCNB en 2015. De ces diplômés, 90% ont été sondés sur leur emploi.
Leur taux de placement est de 97%.
«Oui, ces programmes sont assez populaires, mais je crois qu’on pourrait avoir un petit blitz justement pour remplir nos classes parce qu’il y a des besoins criants dans la province. Actuellement, on n’en diplôme pas assez pour les besoins en main-d’oeuvre. Souvent les étudiants vont avoir des offres d’emploi durant leur stage», souligne Brigitte Lepage, coordonnatrice des programmes en santé au CCNB.
La demande est si grande que la Villa du Repos a commencé à offrir sa propre formation de préposé aux soins. L’administration espère ainsi accueillir 15 nouveaux résidents à la mi-avril.
«On ne va pas ouvrir les 60 lits immédiatement. On sait qu’on ne peut pas attendre. Alors, on va les ouvrir par tranche de 15. C’est ce qu’on va faire. Une fois qu’on aura les ressources nécessaires, on en ouvrira 15 et ainsi de suite», a expliqué M. LeBlanc.
Le gouvernement provincial collabore étroitement avec la direction de la Villa du Repos et d’autres acteurs du secteur afin de trouver une stratégie de recrutement et de rétention des employés.
«La Villa du Repos continue de travailler avec le ministère du Développement social dans ses efforts de recrutement. De plus, la province continue de collaborer avec les autres ministères, les représentants des foyers de soins, les intervenants et le secteur privé afin de s’assurer que les foyers de soins aient accès à des services éducatifs et d’emplois qui pourraient aider au recrutement et à la rétention», a avancé par courriel Anne Mooers, porte-parole du ministère du Développement social.
Le taux d’occupation des foyers de soins dans l’ensemble de la province est de 98%.