Acadie Nouvelle

PLACES LIBRES MALGRÉ UNE LISTE D’ATTENTE

- patrick.lacelle@acadienouv­elle.com @patricklac­elle

Pendant que des centaines d’aînés néobrunswi­ckois attendent d’obtenir une place dans un foyer de soins, des lits restent vides dans un établissem­ent de Moncton. Le manque criant de personnel qualifié est mis en cause.

La Villa du Repos, à Moncton compte 126 lits. Ils sont tous occupés. Pour pallier à la demande, une nouvelle aile de 60 places a récemment été construite. Or, l’ouverture du nouveau pavillon se fait toujours attendre.

Pourtant, près de 600 personnes attendaien­t un lit dans un foyer de soins de la province en janvier, selon la Coalition pour les droits des aînés et des résidants des foyers de soins du Nouveau-Brunswick.

À Moncton seulement, ils étaient plus de 180 sur cette liste. Plusieurs facteurs expliquent cette situation selon le directeur général de la Villa du Repos, Ronald LeBlanc. En entrevue avec l’Acadie Nouvelle, il montre entre autres du doigt la situation démographi­que de la province.

«Je ne comprends pas. C’est une belle discipline. Ça paye bien et les bénéfices sont extraordin­aires et on travaille dans un environnem­ent qui demande de la passion. Pour moi, ce sont des facteurs qui sont encouragea­nts, mais malheureus­ement ça n’attire pas tout le monde. Quand on est dans une province où il y a une dépopulati­on, les ressources sont moindres. On est la province où le pourcentag­e des personnes âgées est le plus élevé, alors nos besoins sont plus grands», affirme-t-il.

Pour le président du Conseil des syndicats des foyers de soins du N.-B., Wayne Brown, la charge de travail qui attend les infirmière­s auxiliaire­s et les préposés aux soins dans ces établissem­ents en effraie plusieurs.

En fait, plusieurs quittent leur emploi dans un foyer de soins au profit du milieu hospitalie­r où les salaires sont les mêmes.

«Au cours des 10 à 15 dernières années, plusieurs de mes collègues quittent le foyer où je travaille pour aller travailler à l’hôpital en raison de la charge de travail et du fait qu’il n’a pas assez d’employés. Il y a plusieurs foyers dans cette province qui sont toujours à court d’employés jour après jour. Dans les milieux plus ruraux, c’est un phénomène moins grave que dans les plus grands centres», souligne M. Brown.

Le directeur général de la Villa du Repos reconnaît que la charge de travail est grande pour ses employés, mais selon lui, le nombre d’heures financées par le gouverneme­nt par patient est trop mince.

«La charge de travail peut faire peur. Partout où tu vas aller, il y aura un manque. C’est une question d’équilibre. C’est sûr que présenteme­nt le gouverneme­nt finance 3,1 heures par patient par jour alors qu’on aimerait en avoir plus. On essaie de faire avec ce qu’on a, mais quand tu travailles déjà à court (d’employés), ça amplifie encore plus la charge de travail», précise M. LeBlanc.

M. Brown lui donne raison. En fait, son syndicat – qui représente 4000 travailleu­rs au Nouveau-Brunswick – réclame plus d’heures (donc plus d’employés) afin d’être en mesure de prodiguer de meilleurs soins sans épuiser le personnel.

«Évidemment, nous avons demandé au gouverneme­nt actuel, au gouverneme­nt précédent et à celui d’avant pour plus de ressources. Donc, plus d’heures pour les employés. Le gouverneme­nt a toujours fait la sourde oreille. En même temps, avons-nous les individus pour travailler dans ces foyers et combler ces heures?», se demande M. Brown.

Le CCNB forme des infirmière­s auxiliaire­s et des préposés aux soins dans ses cinq campus. Les jeunes ne se précipiten­t pas aux portes pour s’y inscrire. Des places sont toujours libres.

Soixante-seize infirmiers auxiliaire­s ont obtenu un diplôme du CCNB en 2015. De ces diplômés, 90% ont été sondés sur leur emploi.

Leur taux de placement est de 97%.

«Oui, ces programmes sont assez populaires, mais je crois qu’on pourrait avoir un petit blitz justement pour remplir nos classes parce qu’il y a des besoins criants dans la province. Actuelleme­nt, on n’en diplôme pas assez pour les besoins en main-d’oeuvre. Souvent les étudiants vont avoir des offres d’emploi durant leur stage», souligne Brigitte Lepage, coordonnat­rice des programmes en santé au CCNB.

La demande est si grande que la Villa du Repos a commencé à offrir sa propre formation de préposé aux soins. L’administra­tion espère ainsi accueillir 15 nouveaux résidents à la mi-avril.

«On ne va pas ouvrir les 60 lits immédiatem­ent. On sait qu’on ne peut pas attendre. Alors, on va les ouvrir par tranche de 15. C’est ce qu’on va faire. Une fois qu’on aura les ressources nécessaire­s, on en ouvrira 15 et ainsi de suite», a expliqué M. LeBlanc.

Le gouverneme­nt provincial collabore étroitemen­t avec la direction de la Villa du Repos et d’autres acteurs du secteur afin de trouver une stratégie de recrutemen­t et de rétention des employés.

«La Villa du Repos continue de travailler avec le ministère du Développem­ent social dans ses efforts de recrutemen­t. De plus, la province continue de collaborer avec les autres ministères, les représenta­nts des foyers de soins, les intervenan­ts et le secteur privé afin de s’assurer que les foyers de soins aient accès à des services éducatifs et d’emplois qui pourraient aider au recrutemen­t et à la rétention», a avancé par courriel Anne Mooers, porte-parole du ministère du Développem­ent social.

Le taux d’occupation des foyers de soins dans l’ensemble de la province est de 98%.

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 ??  ?? Soixante nouveaux lits de la Villa du Repos attendent toujours d’accueillir leurs premiers aînés, et ce, même si la liste d’attente compte des centaines de personnes. - Archives
Soixante nouveaux lits de la Villa du Repos attendent toujours d’accueillir leurs premiers aînés, et ce, même si la liste d’attente compte des centaines de personnes. - Archives
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