Le budget d’un gouvernement qui a trop dépensé
Le ministre des Finances du Canada, Bill Morneau, a déposé le deuxième budget de l’ère Trudeau fils. Un budget qui comprend peu de nouveaux programmes, mais qui aura un impact sur la vie de milliers de NéoBrunswickois.
Autant le premier budget du gouvernement de Justin Trudeau avait été marqué par de grandes dépenses et par la rupture avec ceux de son prédécesseur conservateur, autant celui-ci est mince en termes de nouvelles initiatives.
En fait, il s’agit moins d’un nouveau budget que d’une suite de celui de l’année dernière.
Le Parti libéral avait été élu sur la promesse d’ouvrir les vannes, même au prix d’importants déficits. C’est ainsi qu’il avait après son élection, annoncé l’investissement de quelque 180 milliards $ sur 11 ans dans les infrastructures. Il avait aussi confirmé l’Allocation canadienne pour enfants, qui a permis de remettre des milliers de dollars dans les poches des familles.
Un an plus tard, les déficits actuels et prévus sont beaucoup plus élevés qu’anticipé, si bien que le ministre Morneau s’est retrouvé les mains liées. Il a trop dépensé l’an dernier et n’a désormais à peu près plus aucune marge de manoeuvre, à moins de perdre complètement le contrôle des finances publiques. Les nouvelles mesures se feront donc plus rares dans les prochaines années, à l’exception notable des mois qui précéderont les élections fédérales de 2019.
Cela ne signifie pas que le document présenté cette semaine est dénué d’intérêt, même si, comme l’a soutenu un analyste, à la place d’un budget dévoilé en grandes pompes, un simple communiqué de presse aurait sans doute fait l’affaire vu la minceur des mesures.
Sans surprise, le Nouveau-Brunswick n’est mentionné nulle part dans le document. La principale nouveauté du budget est d’ailleurs un investissement de 600 millions $ en innovation, un domaine où notre province n’a pas l’habitude de tirer son épingle du jeu.
Néanmoins, quelques points concernent directement les électeurs néo-brunswickois.
On l’a vu l’an dernier, notre province a profité directement d’une partie des milliards des nouveaux programmes d’infrastructures du gouvernement Trudeau. L’aéroport de Bathurst, la route 11 et la rivière Petitcodiac, pour ne citer que ces quelques exemples, profiteront tous de la générosité du gouvernement. D’autres annonces auront sans doute lieu cette année.
À l’inverse, quand le ministre Morneau révèle cette semaine qu’il augmente les taxes sur les cigarettes et l’alcool, cela touche évidemment aussi les fumeurs et les buveurs néo-brunswi– ckois. Même chose pour l’élimination du crédit d’impôt sur les transports en commun, qui aura un impact sur les utilisateurs de Codiac Transpo, dans le Grand Moncton.
Le gouvernement du Canada bonifie aussi le programme d’assurance-emploi. Les aidants naturels auront droit à une nouvelle prestation de 15 semaines. Le programme sera aussi plus flexible pour les nouveaux parents.
Il y a toutefois un envers à la médaille. Les cotisations augmenteront une nouvelle fois, ce qui signifie dans les faits une hausse de taxe autant pour les salariés que pour les entreprises.
Le fédéral confirme aussi 11 milliards $ (de l’argent déjà annoncé) pour le logement abordable. Les besoins sont grands en ce domaine au Nouveau-Brunswick et il est à espérer que le gouvernement Gallant réussira à aller chercher sa part d’un gâteau qui profitera aux démunis.
Une autre mesure annoncée l’an dernier mais confirmée cette semaine consiste en un investissement de 7 milliards $ dans la prochaine décennie afin d’augmenter le nombre de places disponibles dans les garderies. Là aussi, les millions qui seront injectés dans notre province seront bien utiles.
L’éléphant dans la pièce est toutefois l’ampleur du déficit. On peut difficilement critiquer le premier ministre Justin Trudeau de laisser son gouvernement rédiger des budgets à l’encre rouge, lui qui s’est fait élire en promettant une telle chose. L’absence d’un plan de retour à l’équilibre budgétaire est cependant inquiétante.
Notre taux d’endettement se compare par contre favorablement aux autres pays industrialisés. Nous avons une marge de manoeuvre et M. Trudeau a choisi l’an dernier de l’utiliser en augmentant ses dépenses. Bien peu d’électeurs le lui reprocheront, en particulier ceux qui profitent des nouveaux programmes (travailleurs de construction, familles avec jeunes enfants, etc).
Notons aussi que le ministre Morneau a peu touché nos impôts. On s’attendait par exemple à ce qu’il augmente de manière importante l’impôt sur le capital ou qu’il réduise celui des petites et moyennes entreprises. Ce ne fut pas le cas.
L’explication se trouve dans le document budgétaire. L’ombre de Donald Trump plane sur le Canada. On ignore à quel point ses velléités protectionnistes et la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain auront un impact négatif sur l’économie. C’est sans oublier que le prix du pétrole tarde à remonter.
Cela nous donne un gouvernement qui vit un dur retour à la réalité et qui n’a plus les moyens de respecter les attentes qu’il a lui-même créées.
D’où ce budget sans grandes ambitions.