Acadie Nouvelle

L’enfer à l’hôpital: à la direction d’agir

-

Des employés de l’Hôpital régional Chaleur affirment être victimes d’intimidati­on. Les témoignage­s sont inquiétant­s. C’est à la direction du Réseau de santé Vitalité d’assainir au plus vite les relations de travail avant que ces problèmes ne finissent par avoir un impact sur la qualité des soins aux patients, si ce n’est pas déjà le cas.

Des employés de l’hôpital de Bathurst ont récemment contacté l’Acadie Nouvelle afin de dénoncer leurs conditions de travail, particuliè­rement dans l’unité des soins de longue durée.

Ils ont décrit une atmosphère toxique, un climat de terreur, des employés qui sont à bout en raison du harcèlemen­t dont ils sont victimes, qui se font engueuler pour un oui ou un non, qui se font «descendre des pieds à la tête» et qui subissent du chantage émotif.

Les problèmes sont nombreux et complexes.

Certains ont expliqué que les gestionnai­res de cette unité sont responsabl­es de cette situation malsaine. D’autres ont raconté que des conflits existent aussi dans d’autres départemen­ts entre syndiqués. Des fauteurs de trouble «qui se prennent pour des chefs» feraient régulièrem­ent des commentair­es déplacés et même des menaces. Des médecins abuseraien­t aussi de leur statut au détriment des salariés situés plus bas dans l’échelle.

Avec pour résultat que, toujours selon les témoignage­s recueillis par l’Acadie Nouvelle, les congés de maladie sont nombreux. Des travailleu­rs essaient d’éviter d’oeuvrer dans les départemen­ts les plus problémati­ques, ce qui aurait pour conséquenc­e un manque de personnel. Ceux qui restent se sentent abandonnés et se disent à bout de souffle.

Détail le plus spectacula­ire, autant le ministère de la Santé que le Réseau de santé Vitalité ont reconnu la plupart des problèmes révélés en primeur dans nos pages.

Le PDG Gilles Lanteigne a affirmé être ébranlé, a promis d’aller au fond des choses et a même invité les employés victimisés à l’appeler directemen­t à son bureau. Le ministre de la Santé Victor Boudreau a indiqué être au courant de la situation et compte sur Vitalité pour assurer l’épanouisse­ment de son personnel et de ses patients.

Ce sont des bonnes nouvelles. Elles n’effacent toutefois pas le rôle de la direction qui a laissé la situation pourrir à ce point sous son nez, à Bathurst mais aussi au Centre hospitalie­r Restigouch­e, ou des problèmes semblables ont été détectés.

Il a fallu beaucoup de courage de la part des syndiqués pour oser dénoncer la situation dans nos pages, même sous le couvert de l’anonymat. Les lanceurs d’alerte n’ont pas bonne réputation au sein des gouverneme­nts. Ceux qui ont parlé l’ont fait avec la peur de perdre leur emploi, malgré les propos rassurants du PDG.

Ils l’ont surtout fait parce qu’ils avaient le sentiment que leurs doléances n’étaient pas entendues. Les situations présentées ont cours dans certains cas depuis des années, sans que rien ne change.

Chaque employé doit évidemment collaborer dans la mise sur pied d’un bon milieu de travail. Mais l’ultime responsabi­lité revient à la direction. C’est elle qui doit mettre en place des lignes directrice­s et surtout s’assurer qu’elles soient respectées.

C’est quand il y a un laisser-aller comme celui décrit à l’hôpital de Bathurst que des abus peuvent survenir. C’est dans ces moments que des gestionnai­res se sentent comme s’ils étaient des rois et maîtres dotés de tous les droits. C’est aussi dans ce genre de milieu que de simples syndiqués croient à leur tour qu’ils ont le droit d’intimider sans subir de conséquenc­es leurs collègues qui, à leurs yeux, ne font pas du bon travail.

Quand un comporteme­nt déficient est accepté au quotidien, il finit par s’inscruster. Nous sommes en plein dans cette situation à l’Hôpital régional Chaleur, en particulie­r dans l’unité des soins prolongés où les travailleu­rs utilisent des mots très forts (enfer, cancer, bombe à retardemen­t…) pour décrire leur situation.

Une alarme aurait dû sonner il y a longtemps au départemen­t des ressources humaines de l’établissem­ent hospitalie­r, accusé d’avoir par le passé banalisé les plaintes.

Personne ne mérite de travailler dans de telles conditions. C’est encore plus vrai dans un hôpital. Ces employés ont la mission de s’occuper de gens malades, de mourants, de personnes victimes de démence, etc. Il est important qu’ils puissent effectuer leur boulot la tête en paix, dans un environnem­ent de travail sain et sécuritair­e.

Le Réseau de santé Vitalité a déclenché une enquête interne. Celle-ci doit identifier rapidement les sources du problème. Surtout, elle doit être accompagné­e d’un changement de culture. Le harcèlemen­t et l’intimidati­on ont été tolérés trop longtemps.

Il est temps que la direction prenne ses responsabi­lités.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada