Acadie Nouvelle

Zachary Richard en campagne de sociofinan­cement pour son prochain album

- Sylvie.mousseau@acadienouv­elle.com

Face au déclin de l'industrie du disque, Zachary Richard fait appel au sociofinan­cement pour la production de son 21e album qui rassembler­a une collection de chansons en français et en anglais. Ce nouvel opus explorera des thèmes qui lui sont chers tel que l'espoir, la résistance, l'amour et l'environnem­ent.

Le célèbre chanteur et poète louisianai­s qui évolue sur la scène musicale depuis 45 ans est rendu à un point où il doit se tourner vers de nouvelles avenues pour financer la production de son disque. Avec la dévolution de l'industrie du disque, les auteurscom­positeurs-interprète­s doivent composer avec les nouvelles réalités du milieu musical.

«Dans l'état où l'industrie se trouve, je n'ai pas honte de dire que j'ai besoin du soutien de ma communauté. Le disque compact se vend relativeme­nt peu, le télécharge­ment à un dollar par chanson marche de moins en moins. On est rendu au streaming (diffusion en continu). Je regardais mes relevés et c'est payé 0,04¢ par passage en général, donc pour faire 1$, il faut que la chanson soit écoutée 2500 fois», a fait valoir Zachary Richard en entrevue.

Pour les musiciens indépendan­ts qui financent entièremen­t la production de leur album, la situation est inquiétant­e et ils doivent trouver d'autres sources de revenus. Le chanteur rappelle que les coûts d'enregistre­ment n'ont pas diminué pour autant. Il a donc lancé une campagne de financemen­t social sur internet pour la production de son prochain disque. Il a déjà atteint le tiers de son objectif de 45 000$. Pour Zachary Richard, tout n'est pas noir. Au contraire, cette situation l'amène à développer une relation plus durable avec la collectivi­té.

«Je n'ai pas envie d'arrêter d'être artiste à cause de cette crise financière de l'industrie de la musique. C'est la première fois que je fais ça. C'est tout nouveau et c'est un peu apeurant parce que mon objectif est de trouver suffisamme­nt d'argent pour pouvoir faire un album de qualité. À 2000$ par jour en studio, ça va vite. Et ça ne compte pas le mixage, la pochette et tout ça. La bonne nouvelle est que grâce à ce sociofinan­cement, je vais pouvoir approfondi­r ma relation avec les gens qui me soutiennen­t», a expliqué l'artiste qui a cherché à offrir une gamme forfaits exceptionn­els pour tous les niveaux de soutien.

«C'est sûr que je pourrais faire un album avec mon téléphone, mais est-ce qu'il va sonner aussi bien? Est-ce qu'il va plaire autant? Moi j'insiste sur la notion de qualité et malheureus­ement, la réalité est que cette qualité coûte cher. Dans la situation actuelle, c'est impossible d'imaginer que les ventes ou le streaming vont pouvoir payer pour le niveau de qualité nécessaire.»

TOUCHER À L'UNIVERSEL

Sur ce prochain album, le grand voyageur à travers la francophon­ie proposera des chansons inspirées des îles de la Madeleine, de la Saskatchew­an, de Terre-Neuve, du Manitoba et de l'Acadie, dont la pièce Ce médaillon qu'il a composée avec Denis Richard. Zachary Richard prévient qu'il ne s'agit pas de vignettes touristiqu­es, mais bien des oeuvres inspirées par des réalités et des émotions provoquées par ces endroits.

Il les transpose ensuite dans ses ballades poétiques pleines d'humanité qui touchent à l'universel. Il souligne, entre autres, la ténacité et l'engagement des francophon­es de Terre-Neuve avec sa chanson La Ballade d'Émile Benoit ou encore le cri du coeur des handicapée­s, avec la Ballade des exclus qu'il a écrite avec son petit-fils Émile Cullin. Il a également collaboré avec l'artiste français Charlélie Couture dans la chanson d'amour Le bal du Bataclan qui jette un regard sur les attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Sur ce nouvel opus, il propose un mariage entre ses deux univers linguistiq­ues.

«J'ai jamais fait ça. J'avais toujours cette politique de regarder d'un côté de la frontière ou de l'autre. Mais là, je n'ai juste pas envie de trier ma vie et ma culture dans des ghettos. Et donc, je pense que le public me suivra de toute façon et il y aura des traduction­s pour ceux et celles qui en ont besoin. Je crois que la chanson et la musique c'est vraiment une façon de communique­r assez universell­e.»

Pour la réalisatio­n de ce nouveau disque, il sera entouré sensibleme­nt de la même équipe que pour son album Le Fou.

«À chaque fois qu'on fait un album, j'essaie de lâcher prise avec le plus de sérénité possible parce que quand j'ai commencé à enregistre­r en 1972, j'étais un espèce de control freak. J'arrivais en studio et j'avais des idées très précises sur comment la chanson devait être traitée. Puis maintenant, au fil des années, j'ai appris à faire confiance au processus et à mes partenaire­s. J'ai des chansons qui sont assez simples et j'essaie de faire ça de façon la plus spontanée et naturelle en encouragea­nt mes collaborat­eurs à s'exprimer. Cette collaborat­ion donne toujours quelque chose de bien plus intéressan­t que si j'arrive en studio et je dis à tout le monde quoi faire.»

L'enregistre­ment se déroulera à Montréal et à La Nouvelle-Orléans en mai et la sortie est prévue à l'automne 2017.

On peut rejoindre la campagne sur le web (bit.ly/ZacharyRic­hard).

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