FRANÇOISE ENGUEHARD: HYMNE AUX BÂTISSEUSES DE L’ACADIE
Les partis politiques à Fredericton s’entendent in extremis pour mettre fin aux contributions politiques des sociétés et des syndicats.
L’idée a été suggérée, jeudi, à l’Assemblée législative, par le Parti progressiste-conservateur à titre d’amendement à un projet de loi du gouvernement sur le financement politique.
«Le public en général pense que les sociétés et les syndicats ont trop d’influence sur le gouvernement. Modifier les règles du financement politique est une façon de changer ça», a déclaré le chef de l’opposition officielle, Blaine Higgs, avant de présenter son amendement.
La Commission sur la réforme électorale avait proposé récemment au gouvernement d’éliminer «graduellement» les dons des sociétés et des syndicats aux partis politiques «à partir de l’élection provinciale de 2018».
Le premier ministre Brian Gallant s’était engagé il y a deux semaines à respecter cette recommandation après les prochaines élections s’il était toujours au pouvoir.
Le chef de l’opposition officielle, Blaine Higgs, a cependant mis au défi le gouvernement libéral d’adopter cette recommandation immédiatement pour prouver le sérieux de sa démarche sur la réforme du système électorale.
Les libéraux ont accepté de relever le défi de l’opposition officielle.
«Nous pensions que c’était équitable (pour tous les partis) d’attendre la fin de ce cycle électoral avant de changer les règles du financement politique», a expliqué le premier ministre Gallant.
«Mais puisque tous les partis politiques sont manifestement pour ces changements, nous pouvons aller de l’avant.»
«C’est un grand jour pour la démocratie au Nouveau-Brunswick. Ça prouve encore une fois à quel point c’est important que les élus ne fassent pas l’objet d’influence indue de la part des sociétés et des syndicats», a déclaré le premier ministre.
Le gouvernement a fait sienne la proposition de l’opposition officielle, mais pas sans y ajouter un certain délai.
Au lieu de mettre fin aux dons des sociétés et des syndicats dès le début de la prochaine année financière, le 1er avril, les changements devraient entrer en vigueur le 1er juin.
Ce sursis donnera le temps au Parti libéral d’organiser plusieurs soupers de financement qui ont déjà été annoncés.
Brian Gallant est d’avis que ce délai est tout à fait équitable puisque le Parti progressiste-conservateur a déjà eu l’occasion de faire le plein de contributions politiques récemment lors d’un événement semblable.
Le chef du Parti vert appuie la proposition des progressistes-conservateurs.
«Ce sont d’excellentes nouvelles. Le parti au pouvoir, peu importe sa couleur, attire toujours la majorité des contributions des sociétés. Ça prouve à mon avis qu’il y a une influence indue de la part des sociétés sur la prise de décision du gouvernement», a indiqué David Coon.
M. Coon avait lui-même déposé récemment un projet de loi pour mettre fin aux dons des sociétés et des entreprises qui a été défait par le gouvernement qui préférait attendre le rapport de la Commission avant de se prononcer.
Le projet de loi amendé devra passer l’étape de la troisième lecture avant d’entrer officiellement en vigueur à la date prévue.
La législature fera aussi passer de 6000$ à 3000$ la limite annuelle des dons des particuliers aux partis politiques.
Le Nouveau Parti démocratique a salué la décision de mettre fin aux contributions des sociétés et des syndicats. Le chef par intérim du NPD, Rosaire L’Italien, croit cependant que le gouvernement devrait abaisser la limite des dons des particuliers à 1000 $ au lieu de 3000 $.
L’Alberta, le Manitoba, l’Ontario, le Québec et la Nouvelle-Écosse interdisent déjà les contributions politiques de la part des sociétés et des syndicats, tout comme le gouvernement fédéral.