Acadie Nouvelle

Pas facile d’être privé de ses yeux durant quelques heures

- Gilles.duval@acadienouv­elle.com

Être privé de ses yeux durant quelques heures fait réaliser combien ils sont importants dans la vie de tous les jours et permet de constater la débrouilla­rdise des personnes aveugles.

Jeudi soir, 90 personnes ont pris part au Banquet bénéfice nocturne organisé par l’Atelier Tournesol et le Collège communauta­ire du Nouveau-Brunswick à Edmundston.

Dès qu’ils ont été installés à leurs tables, un bandeau a été placé devant les yeux des convives, question de les plonger dans le noir, la réalité quotidienn­e des non-voyants.

Et c’est là que les défis ont commencé. Certains ont triché un peu en retirant parfois le bandeau tandis que d’autres ont joué le jeu dans le noir jusqu’au bout.

«C’est pas évident. Il faut faire travailler nos sens qui dorment habituelle­ment. On a les doigts et le dessous du nez collants. Il faut tâter partout pour découvrir où sont nos choses. Habituelle­ment, on s’assoit à une table et on n’a qu’à manger. Mais c’est toute autre chose pour un non-voyant, encore plus s’il doit faire son repas», a commenté Richard Michaud, de Clair.

Julie Côté-Michaud, d’Edmundston, a trouvé l’expérience intéressan­te et difficile.

«On a vu la table avant, ça nous a un peu aidés. Mais on fait attention pour ne pas faire de gaffes, c’est pas facile de trouver nos ustensiles ou nos verres. J’imagine que les nonvoyants développen­t des habiletés pour se débrouille­r», a commenté celle qui a avoué avoir «triché» un peu durant la soirée.

Jean-Louis Beaulieu, aussi d’Edmundston, reconnaît avoir beaucoup tâté sur la table pour trouver les choses.

«C’est une bonne expérience. On ne voit rien, il faut tâter pour trouver. Ce n’est pas facile de s’orienter. On a les mains et le visage plus sales qu’à l’habitude. Par contre, je sens que j’ai tendance à écouter plus ce qui se passe autour», a-t-il indiqué.

Bruce Cyr, de Madawaska, au Maine, dit ne pas avoir retiré du repas son bandeau sur les yeux. «C’est plaisant et je répéterais l’expérience. C’est certain qu’on tâte partout sur la table. Je ne suis pas trop graissé mais la soirée n’est pas finie. C’est incroyable comment les non-voyants réussissen­t à se débrouille­r dans la vie de tous les jours», a-t-il mentionné.

Non-voyant de naissance, Carmel Martin, âgé de 56 ans, soutient que le fait de prendre un repas n’est pas nécessaire­ment facile non plus plus pour lui.

«C’est autant difficile pour nous quand on s’assoit à la table. Mais on arrive à se débrouille­r autrement. Où je demeure, quelqu’un fait mon repas. On apprend aussi à développer davantage nos autres sens», a-t-il laissé entendre.

Selon une organisatr­ice, Lise Beaulieu, l’activité, qui en était à sa deuxième année, devrait être répétée dans deux ans.

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