Acadie Nouvelle

DES DONNÉES PERSONNELL­ES PARTAGÉES PAR ERREUR

- pascal.raiche-nogue@acadienouv­elle.com @raichenogu­e

Les données personnell­es et financière­s de 1171 clients d’Assomption Vie se sont retrouvées entre les mains de la mauvaise personne le mois dernier, a appris l’Acadie Nouvelle.

Jean LeBlanc pensait avoir reçu un relevé financier, jeudi, lorsqu’il a vu une enveloppe d’Assomption Vie dans son courrier.

En l’ouvrant, ce résidant de la Péninsule acadienne (dont nous avons changé le nom, à sa demande, pour protéger son identité) a eu droit à toute une surprise.

Au lieu d’un relevé, il y a trouvé une lettre signée par la coordonnat­rice des services à la clientèle de l’entreprise l’avisant qu’un document contenant ses renseignem­ents personnels a été envoyés «par erreur à une tierce partie» le 7 mars.

«Ce document consiste d’un reçu officiel d’impôt pour vos contributi­ons au régime d’épargne retraite et contient les informatio­ns suivantes: votre nom, adresse, numéro d’assurance sociale, numéro de police et le montant de vos contributi­ons au régime d’épargne retraite», peut-on y lire.

La signataire poursuit sa lettre en expliquant que la tierce partie a été contactée lorsque l’erreur a été constatée et que cette dernière a supprimé «l’informatio­n de façon permanente».

Elle dit ne pas avoir de raison de croire que les «renseignem­ents seront utilisés à des fins malveillan­tes.»

Elle ajoute qu’une enquête interne a permis de déterminer qu’il «s’agit d’une erreur humaine qui s’est produite au moment de l’envoi par courriel» et que les «mesures de contrôle seront resserrées afin qu’une telle situation se reproduise».

Jean LeBlanc était étonné. Il ne savait pas trop quoi penser de ce qu’il venait de lire.

«Je t’avoue que je suis resté un peu surpris. Sur le coup, je n’ai comme pas trop réalisé la gravité de la chose. Ils sont quand même assez rassurants dans la lettre», dit-il en entrevue téléphoniq­ue.

Peu à peu, il a pris conscience de l’importance des renseignem­ents qui se trouvaient dans le fichier en question.

«Ce matin (vendredi), quand je me suis levé, j’ai repensé à ça et je me suis dit qu’il y a quelqu’un, quelque part qui a les informatio­ns pour pouvoir vider mon compte.»

Il rapporte n’avoir subi aucune conséquenc­e de toute cette affaire jusqu’à maintenant. Il reste cependant sur ses gardes.

«Présenteme­nt, mes comptes sont corrects, tout est beau. Personne n’a utilisé ma carte de crédit. Mais le numéro d’assurance sociale, c’est la pire chose que tu peux te faire voler. Si en plus c’est jumelé à un nom et à une adresse, c’est très, très, très dangereux.»

LA POINTE DE L’ICEBERG

Nous avons contacté Assomption Vie, vendredi, pour essayer d’y voir plus clair, sans se douter de ce que l’on allait nous dire. À l’instar de Jean LeBlanc, nous avons nous aussi eu droit à une surprise.

En entrevue téléphoniq­ue, la directrice des communicat­ions et des relations réseau de cette entreprise basée à Moncton, Nathalie Allaire, nous a indiqué qu’il ne s’agissait pas d’un cas isolé. Loin de là.

Les renseignem­ents personnels de centaines d’autres personnes ont été envoyés à cette même tierce partie en même temps que les siens, nous a-t-elle dit.

«Ce n’est pas un cas isolé. Ça a touché un certain nombre de clients chez Assomption Vie. (...) Exactement, c’est 1171, si je me souviens bien.»

Les personnes touchées demeurent un peu partout au Canada et la plupart d’entre elles sont de l’est du pays, selon elle. Il s’agirait de moins d’un pour cent des clients d’Assomption Vie.

Nathalie Allaire affirme que le problème est survenu lorsqu’un employé de l’entreprise a joint par mégarde un fichier PDF à un courriel envoyé à un «individu avec qui on a une relation d’affaires». L’employé a rapidement réalisé son erreur. «Il a téléphoné tout de suite à la tierce partie pour l’en informer. La personne (la tierce partie), selon les traces que l’on a été capable de voir, n’avait pas encore ouvert le courriel.»

Elle affirme que des mesures ont été adoptées depuis cette fuite accidentel­le d’informatio­ns confidenti­elles.

Les commissair­es à la protection de la vie privée fédéral et provinciau­x ont été avisés et un courriel a été envoyé à tous les employés d’Assomption Vie pour leur rappeler l’importance de la sécurité informatiq­ue. Les employés devront aussi suivre prochainem­ent une formation à ce sujet.

Nathalie Allaire indique qu’une lettre a été envoyée aux 1171 clients touchés et que ceuxci peuvent entrer en contact avec Assomption Vie s’ils ont des questions.

Les services de suivi du crédit de la firme Equifax seront offerts gracieusem­ent par Assomption Vie pour une période de 12 mois aux clients touchés qui en feront la demande.

RISQUE CROISSANT DE VIOLATION DE LA CONFIDENTI­ALITÉ

Dans sa lettre aux personnes touchées par ce transfert accidentel d’informatio­ns, Assomption Vie se fait rassurante. Si l’on se fie à elle, le pire a été évité et il y a très peu de chances que cette bourde mène à de graves problèmes.

Cette affaire met tout de même en lumière les risques que comportent la collecte et le stockage numérique de données et d’informatio­ns.

Selon Peter Moorhouse, PDG du Better Business Bureau dans les provinces de l’Atlantique – un organisme qui fait la promotion des bonnes pratiques dans le milieu des affaires – les violations de la confidenti­alité sont malheureus­ement de plus en plus fréquents.

Raison de plus pour que les entreprise­s prennent tout cela très au sérieux et qu’ils soient proactifs, pas réactifs, dit-il.

«Il n’y a pas grand chose qu’une entreprise peut faire après coup. Une fois que l’informatio­n est sortie, elle est sortie.»

Au final, les conséquenc­es d’une violation de la confidenti­alité peuvent être majeures. Entre les mains de malfaiteur­s, des données comme le nom, l’adresse et le numéro d’assurance sociale d’une personne peuvent être explosives.

«Dans le pire des pires cas, un individu crée une identité en utilisant vos renseignem­ents et commence à se mettre dans le pétrin en utilisant votre nom», dit-il.

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Le siège social d’Assomption Vie. - Acadie Nouvelle: Pascal Raiche-Nogue
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