Acadie Nouvelle

Justin Trudeau dit avoir été informé à l’avance des frappes américaine­s en Syrie

- La Presse canadienne Mylène Crête

Le premier ministre Justin Trudeau a affirmé vendredi que le Canada avait été avisé par les États-Unis des frappes en Syrie une heure avant, jeudi soir, et il a réitéré l’appui du Canada à cette interventi­on.

«Ce (vendredi) matin, j’ai parlé directemen­t au président (Donald Trump) et j’ai insisté sur le fait que l’utilisatio­n répétée d’armes chimiques par (Bachar el) Assad doit cesser», a-t-il affirmé lors de la période des questions à la Chambre des communes.

«Face à ces crimes de guerre, toutes les sociétés civilisées doivent parler d’une seule voix, a-t-il poursuivi. C’est pourquoi le Canada appuie pleinement l’interventi­on limitée et ciblé que les ÉtatsUnis ont menée en vue de réduire la capacité du régime Assad de perpétrer de telles attaques.»

MM. Trudeau et Trump se sont engagés à chercher une «solution politique» pour mettre fin à la crise en Syrie, selon le bureau du premier ministre.

M. Trudeau avait affirmé jeudi que les Nations Unies (ONU) devaient enquêter pour déterminer qui avait perpétré ces attaques à l’arme chimique contre des civils.

Les conservate­urs n’ont pas manqué de souligner ce revirement, reprochant au premier ministre sa «naïveté» lorsqu’il est questions de politique étrangère.

«M. Trudeau n’a pas eu le choix de dire on est d’accord avec les partenaire­s américains», a affirmé le porte-parole conservate­ur en matière de défense, Pierre Paul-Hus.

Les conservate­urs appuient les frappes américaine­s, car ils estiment que le droit de veto de la Russie paralyse le Conseil de sécurité des Nations Unies. Ils appellent Justin Trudeau à prendre des mesures concrètes contre le régime de Bachar el-Assad.

Le secrétaire d’État américain à la Défense, James Mattis, a informé le ministre de la Défense, Harjit Sajjan, jeudi soir que les États-Unis s’apprêtaien­t à mener des frappes. Le ministre a ensuite avisé le premier ministre Justin Trudeau.

Les États-Unis ont lancé environ 60 missiles en Syrie jeudi soir en guise de représaill­es contre les attaques à l’arme chimique menées par le régime sur des civils trois jours plus tôt.

«Nous continuons de soutenir les efforts diplomatiq­ues de concert avec nos partenaire­s internatio­naux afin de résoudre la crise en Syrie», a ajouté Justin Trudeau lors de la période des questions.

Quelque 60 missiles Tomahawk ont été tirés par l’armée américaine depuis des navires de guerre en Méditerran­ée en direction de la base aérienne de Shayrat, au sud-est de Homs, d’où auraient décollé les avions qui ont mené l’attaque à l’arme chimique.

Si tous les partis présents à la Chambre des communes vendredi ont souligné l’horreur des attaques à l’arme chimique en Syrie qui ont fait des dizaines de morts, certains ont exprimé des réserves face à la riposte américaine.

Le Nouveau Parti démocratiq­ue (NPD) ne condamne ni n’applaudit les tirs de missiles américains même s’il souligne qu’ils ont eu lieu sans l’aval de l’ONU. Le parti juge qu’il manque d’informatio­ns pour pouvoir se forger une opinion.

«Il y a beaucoup de questions qui demeurent sans réponse, a constaté le député Matthew Dubé. Est-ce que c’est une opération qui a eu lieu en silo? Est-ce que ça fait partie d’une opération à long terme? Quelle implicatio­n d’autres pays dans une approche multilatér­ale?»

Il appelle le premier ministre Trudeau à exiger des réponses de son homologue américain et à favoriser le multilatér­alisme.

«Le premier ministre va-t-il insister que l’appui du Canada est conditionn­el à une approche multilatér­ale?», a demandé le député néo-démocrate Murray Rankin durant les débats en chambre.

«Dans ma conversati­on avec le président américain ce matin, nous avons parlé de l’efficacité des attaques limitées et précises sur la capacité du régime Assad de livrer des attaques chimiques contre les innocents et les civils», a révélé Justin Trudeau, ajoutant que les solutions à long terme pour la paix en Syrie doivent passer par la diplomatie.

La chef du Bloc québécois et députée indépendan­te à l’Assemblée nationale, Martine Ouellet, fait bande à part.

Elle s’est déplacée à Ottawa dans le seul but de réagir aux frappes américaine­s qu’elle juge prématurée­s tant que l’ONU n’aura pas enquêté sur l’origine de l’attaque chimique de mardi en Syrie.

«Je pense qu’il faut faire attention, a-t-elle dit. Il faut avoir toutes les informatio­ns pour ne pas poser des actions qui conduiraie­nt à une escalade de la violence basée sur des faits erronés ou ce qu’on appelle aujourd’hui des faits alternatif­s.»

Elle cite une autre attaque chimique perpétrée en 2013 par les rebelles djihadiste­s qui avait d’abord été attribuée au régime de Bachar el-Assad.

Le premier ministre Trudeau s’est aussi entretenu avec la chancelièr­e allemande Angela Merkel vendredi après-midi. Les deux leaders ont convenu de «tenir responsabl­es les utilisateu­rs d’armes chimiques» et se sont engagés à trouver une «solution politique durable» à la crise en Syrie par la diplomatie.

Le Conseil des Syriens canadiens s’est pour sa part réjoui des frappes américaine­s de jeudi, à la lumière des crimes contre l’humanité commis par le régime. Faisal Alazem, porte-parole de l’organisme, espère que ces représaill­es ne seront pas que symbolique­s et qu’elles ouvriront la voie à une campagne plus large pour protéger les civils syriens.

M. Alazem salue aussi l’appui manifesté par le gouverneme­nt canadien aux représaill­es américaine­s tout en rappelant l’importance accordée par le premier ministre à la diplomatie.

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Un missile Tomahawk est lancé du USS Ross, tôt vendredi. − Associated Press: Robert Price, US Navy

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