PROVINCES ATLANTIQUES: LES VÉHICULES ÉLECTRIQUES BOUDÉS
Les citoyens des provinces de l’Atlantique sont moins intéressés par les automobiles écoénergétiques que les autres Canadiens.
C’est ce que révèle un sondage effectué par la firme Ipsos, commandé par Canadian Black Book, un spécialiste de l’évaluation de la valeur du marché de l’automobile au Canada. Le rapport a été dévoilé la semaine dernière.
Les citoyens de l’Atlantique sont toutefois plus susceptibles (28%) de réduire le nombre de véhicules qu’ils possèdent pour utiliser les transports en commun ou les moyens de transport alternatifs, comme Car2Go et Uber. C’est trois points de plus que la moyenne de toutes les provinces.
Malgré tout, deux citoyens de l’Atlantique sur cinq (40%) ne considèrent aucunement la dépense en essence comme un facteur d’achat.
Dans le cas contraire, ils sont plus motivés à économiser de l’argent que de sauver l’environnement.
Si le prix de l’essence augmentait de 25 cents d’ici à leur prochain achat de véhicule, 25% des répondants de l’Atlantique considèreraient se procurer un véhicule à énergie alternative (électrique, hybride, ou à pile d’hydrogène). Le taux de répondants s’élève à 43% à l’échelle canadienne.
Voilà qui augure mal pour l’électrification du réseau routier au Nouveau-Brunswick. Le gouvernement fédéral a justement annoncé mardi un investissement de 120 millions $ pour la création d’un réseau national de recharge rapide pour voitures électriques. Énergie NB installera dix bornes le long de la Transcanadienne, cet été.
UN VENDEUR D’AUTOMOBILES N’EST PAS SURPRIS
Les résultats du sondage d’Ipsos ne surprennent pas un conseiller en vente automobile de Moncton.
Les automobilistes de l’Atlantique semblent moins sensibles à leur consommation d’essence que ceux d’ailleurs au Canada, témoigne Marc DeGrace, employé chez Acadia Toyota de Moncton depuis une dizaine d’années.
Il compte sur les doigts d’une seule main le nombre de clients qui ont sollicité des véhicules à énergie alternative.
«Selon nos statistiques, l’an dernier on en a vendu un seul.»
Les gens aiment «brûler du gaz» en Atlantique, indique le vendeur. Les véhicules sport utilitaires sont maintenant les plus vendus chez ce concessionnaire.
UN HOBBY TYPIQUEMENT ACADIEN
Ceux qui ont grandi dans la Péninsule acadienne vous parleront d’une véritable culture du moteur qui y règne. Ils sont plusieurs à se balader en automobile le samedi soir simplement passer le temps, ou bien pour prendre part aux «up and down» de Tracadie, à défiler en rond sur la rue principale.
Pour d’autres c’est l’odeur des pneus brûlés qui les allume.
Une piste de dérapage contrôlé a vu le jour l’an dernier, à Bas-Caraquet, pour permettre aux amateurs de spectacle de boucane de s’y adonner à coeur joie.
Le propriétaire, Edmond Lanteigne, parle d’une véritable passion.
«Tout me fait tripper là dessus. Le son des pneus pendant le dérapage, les “donuts”, les bruits du moteur… ca t’apporte une sorte d’adrénaline.»
Pour 20$, le conducteur a le champ libre sur la piste jusqu’à ce que ses pneus explosent ou prennent en feu, que son moteur saute, ou qu’il soit trop étourdi pour continuer.
Lors d’une journée occupée, il peut passer une quarantaine de véhicules sur la piste, sous les yeux d’une foule de 500 personnes.
Edmond Lanteigne n’a pas encore essayé de faire des dérapages avec une automobile électrique, mais il estime que ce serait possible. Il aimerait bien essayer un jour.
« Il faut juste une force de moteur suffisante. J’ai vu des vidéos avec des véhicules électriques qui en avaient assez. S’il y a une propulsion, ça devrait fonctionner.»
Le sondage a été effectué du 2 au 5 décembre auprès de 1011 Canadiens étant propriétaires ou locataires de véhicule, ou qui considérait s’en procurer un au cours des deux prochaines années. La marge d’erreur est de plus ou moins 3,5%, 19 fois sur 20.