Les propos du ministre LeBlanc inquiètent les chasseurs de phoques
De récents propos du ministre des Pêches et des Océans, Dominic LeBlanc, inquiètent les meneurs de l’industrie de la chasse au phoque. Ils sont peu optimistes que leur demande de nouveaux règlements mieux adaptés à la chasse au phoque gris soit accordée.
Gil Thériault, président de l’Association des chasseurs de phoques intra-Québec, a passé 90 minutes dans le bureau du ministre Dominic LeBlanc en début février. Il a profité de son temps avec le député libéral de Beauséjour pour lui expliquer en long et en large les défis de son industrie.
Voilà pourquoi il a été surpris quand le ministre a laissé entendre aux médias que les chasseurs n’atteignent pas le quota en raison d’un manque de demande sur le marché.
Depuis 2012, les chasseurs abattent en moyenne 535 phoques gris par an, et ce, même si, durant cette période, le quota est demeuré fixé à 60 000. La même tendance s’applique au phoque du Groenland: 66 000 phoques ont été abattus en moyenne depuis 2012 sur un quota de 400 000.
«Année après année, nous n’avons pas de marché suffisant pour justifier une chasse au niveau où c’est absolument responsable et durable en terme de l’environnement et de la population de phoque», a mentionné le ministre à l’Acadie Nouvelle, jeudi dernier.
M. Thériault répond qu’il avait clairement fait savoir au ministre que «le problème n’est pas le marché».
Le président de l’association des chasseurs de phoque soutient qu’il y a une forte demande pour le phoque, surtout le phoque gris. Il mentionne qu’un groupe de chasseurs des Îles-de-la-Madeleine a tout récemment mené une expédition de chasse à Pictou Island, près de la NouvelleÉcosse, au cours de laquelle ils ont abattu 1350 bêtes. Ils ont écoulé leur stock sans problème.
«C’était probablement la plus grosse chasse au phoque gris de l’histoire du monde. Juste au Québec, on a des marchés suffisants pour ça. Tous ces phoqueslà ont déjà été pris. La demande dépasse l’offre de beaucoup. Il n’y a aucun animal chassé qui va être gaspillé.»
Les défis de la chasse au phoque gris sont reliés aux réglementations du ministère et au retard au niveau des techniques de chasse, selon M. Thériault.
À l’heure actuelle, les règles de la chasse ne tiennent pas compte du comportement du phoque gris. Ils sont plutôt adaptés au phoque du Groenland, qui est plus docile qui se tient sur des bancs de glace pendant la saison de chasse. Le phoque gris, plus gros et plus agressif, se tient sur les côtes, dont des parcs nationaux, des réserves écologiques et des terres privés. Les chasseurs n’y ont naturellement pas accès.
«De plus, au niveau des techniques de chasse, le phoque gris n’a jamais été trop chassé. Il faut un grand travail pour améliorer les techniques.»
M. Thériault soutient que, si jamais le gouvernement canadien réussit à ouvrir un marché pour le phoque gris en Asie l’ambassadeur en Chine John McCallum travaille à cet effet -, les chasseurs ne seront pas prêts à répondre à la demande.
«Il ne faut pas attendre que les Chinois arrivent et nous disent “on va en prendre 50 000”. On va être obligé de leur répondre qu’on pourra leur en envoyer 50 000 dans 5 ou 6 ans.»
M. Thériault a déposé au ministère un plan de cinq ans et 5 millions $ afin de régler le problème. Il affirme qu’on lui a répondu «qu’il n’y a pas d’argent pour ça».n