Acadie Nouvelle

MAL FORMÉS, MAL ÉQUIPÉS

- Simon Delattre simon.delattre@acadienouv­elle.com @Simon2Dela­ttre

Lors de l’ouverture du procès lundi matin à Moncton, la Couronne a dressé le portrait d’une force policière souséquipé­e et mal préparée à la tragédie du 4 juin 2014 qui a conduit à la mort de trois agents.

La GRC est accusée de ne pas avoir pris les mesures nécessaire­s pour assurer la santé et la sécurité de ses employés et d’avoir commis quatre violations au Code canadien du travail lors de la fusillade.

La gestion de la tuerie par la force policière fédérale est au coeur du procès qui s’est ouvert lundi en Cour provincial­e à Moncton. Les accusation­s ne sont pas de nature criminelle, elles concernent l’équipement, la formation et la supervisio­n des policiers.

Dans sa déclaratio­n d’ouverture, le procureur de la Couronne Paul Adams a mentionné la tragédie de Mayerthorp­e en 2005, lorsque quatre gendarmes ont été tués par le propriétai­re d’une ferme en Alberta. L’examen avait révélé des failles quant à l’armement des forces de l’ordre et leur capacité tactique à réagir à la situation.

Depuis 2006, plusieurs rapports et experts ont recommandé la distributi­on de carabines, les pistolets n’étant pas suffisamme­nt précis à plus de 25 mètres. Paul Adams explique également que plusieurs autres forces policières au pays étaient équipées de ces armes à longue distance depuis plusieurs années.

Or, bien que le déploiemen­t de carabines Colt C8 ait été approuvé en 2011, aucun policier du Grand Moncton n’en disposait lors de la fusillade, a indiqué la Couronne. Des séances d’entraîneme­nt avaient été programmée­s, mais les armes étaient entreposée­s à la base de Gagetown.

Le procureur a également rappelé plusieurs conclusion­s du rapport McNeil au sujet de la tuerie du 4 juin. La plupart des véhicules de police ne contenaien­t qu’un gilet pare-balles et les agents ne savaient pas tous comment s’en servir. Il n’y avait pas non plus de règles strictes quant à l’utilisatio­n de ces équipement­s de protection.

De nombreux gendarmes qui ont participé à la traque n’avaient pas suivi de formation ou de mise niveau sur l’utilisatio­n d’armes à feu, a souligné Paul Adams. Par ailleurs, les gendarmes n’avaient pas été formés pour réagir à une situation de tir dans des environnem­ents ouverts, l’entraîneme­nt était plutôt axé sur les zones fermées.

Le procureur a terminé en disant que ces manquement­s allégués n’ont pas causé directemen­t la mort des trois gendarmes et les blessures de deux autres, mais ajoute que cela aurait pu être évité en partie si la GRC avait fourni les équipement­s et la formation appropriés.

Par la suite, le juge Leslie Jackson a rappelé que ces allégation­s ne sont pas des faits prouvés en cour.

L’un des avocats de la défense, Mark Ertel, a maintenu que la GRC n’est pas coupable des accusation­s déposées contre elle et qu’elle n’est pas responsabl­e de la mort des trois agents.

«À la fin du procès, les preuves démontrero­nt que la GRC est engagée à assurer la protection des officiers et du public», a-t-il déclaré.

Le premier témoin sera entendu mardi matin et les audiences devraient se poursuivre jusqu’à la fin juin. La poursuite a été intentée contre la GRC en mai 2015 suite à une enquête du ministère de l’Emploi et du Développem­ent social du Canada. En mai 2016, la GRC a plaidé non coupable.

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 ??  ?? Rachael Ross et Nadine Larche, veuves de deux des trois gendarmes tués, ont assisté à l’ouverture du procès. - Acadie Nouvelle: Simon Delattre
Rachael Ross et Nadine Larche, veuves de deux des trois gendarmes tués, ont assisté à l’ouverture du procès. - Acadie Nouvelle: Simon Delattre
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