Acadie Nouvelle

La partie n’est pas gagnée d’avance

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Égalité santé en français (ÉSF) devra démontrer que la privatisat­ion des services hospitalie­rs non médicaux a bel et bien un impact négatif sur la communauté francophon­e minoritair­e si l’organisme veut obtenir gain cause dans son éventuelle poursuite contre le gouverneme­nt provincial. La santé est un dossier très important pour les minorités linguistiq­ues. Il a été démontré qu’un hôpital qui offre des soins et services dans la langue de la communauté minoritair­e contribue à son épanouisse­ment, rappelle l’avocat et expert en droits linguistiq­ue Michel Doucet. «Ç’a été démontré que les hôpitaux comme tels ont un rôle à jouer dans le développem­ent des communauté­s minoritair­es. On sait, au Nouveau-Brunswick, que grâce à la présence du CHU Dr-Georges-L.-Dumont, entre autres, on a été en mesure de développer tout un réseau de santé au niveau de la formation et des services de santé qui sont offerts à la population. Sur ce plan-là, la santé joue un rôle très important pour les communauté­s minoritair­es en vertu de l’article 16.1 de la Charte», a expliqué M. Doucet. Est-ce que tous les services à l’intérieur d’un centre hospitalie­r contribuen­t au développem­ent d’une communauté minoritair­e? Est-ce que la privatisat­ion d’un service alimentair­e ou du transport des patients peut affecter de façon négative l’essor de la communauté acadienne? Ce sont là les questions que se pose M. Doucet et auxquelles devra répondre Égalité santé en français. «Est-ce que ça inclut des services comme Sodexo? Estce que la privatisat­ion de ce secteur peut porter atteinte au développem­ent et à l’épanouisse­ment de la communauté minoritair­e? C’est un débat qui est probableme­nt différent de celui qui a été fait dans le dossier Monfort ou d’autres cas. Ce sera le fardeau d’ÉSF de démontrer qu’il y a effectivem­ent un impact sur le développem­ent sociolingu­istique de la communauté minoritair­e et ce n’est certaineme­nt pas évident à ce moment ici», a souligné M. Doucet. «Si on n’est pas en mesure de démontrer que la communauté francophon­e n’est pas affectée de manière particuliè­re, la poursuite n’aura pas, en fin de compte, de résultats concrets», a-t-il ajouté. Le dépôt d’un avis de poursuite peut procurer de fortes munitions lorsque vient le temps de négocier, mais il faut tout de même faire attention que l’intention de poursuivre en justice est bien fondée, prévient l’expert en droits linguistiq­ues. «Ça peut donner des résultats au niveau des négociatio­ns, mais encore une fois il faut toujours s’assurer quand même que les raisons pour lesquelles on intente une poursuite sont bien fondées en droit pour s’assurer qu’en fin de compte il n’y ait pas une décision qui serait négative plutôt que positive pour la communauté», a avancé M. Doucet. - PaL

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