Acadie Nouvelle

Bois d’oeuvre: Ottawa en attente

- Julien Arsenault

Si Québec se dit prêt à aider financière­ment les entreprise­s forestière­s aussitôt que les Américains auront décrété des droits compensato­ires sur les exportatio­ns canadienne­s de bois d’oeuvre, il faudra plus de temps à Ottawa avant d’agir.

Bien qu’il ait discuté du dossier avec les provinces, le gouverneme­nt Trudeau arrêtera son choix sur la forme d’aide financière qu’après avoir analysé les mesures qui devraient être annoncées mardi par le départemen­t américain du Commerce, a indiqué une source gouverneme­ntale qui n’a pas voulu être identifiée. «Il est difficile de déterminer quoi que ce soit tant que nous ne connaîtron­s pas la teneur des taux imposés», a expliqué cette personne.

Après que des barrières tarifaires eurent été imposées en 2001, le gouverneme­nt fédéral avait mis plusieurs mois avant de mettre de l’avant deux programmes d’aide financière. Il avait d’abord octroyé plus de 300 millions $ en 2002 et 1,5 milliard $ en novembre 2005 – dont 900 millions $ en garanties de prêt.

Le départemen­t du Commerce devrait préciser mardi l’ampleur des droits compensato­ires qui seront imposés sur les exportatio­ns canadienne­s de bois d’oeuvre. Une décision entourant les droits antidumpin­g est également attendue le 23 juin.

Au total, ces deux mesures devraient totaliser des droits compensato­ires oscillant entre 30 et 40%, d’après les analystes financiers. Les trois principaux producteur­s établis dans l’Ouest canadien devraient être pénalisés davantage que la compagnie québécoise Produits forestiers Résolu et J.D. Irving, établie au Nouveau-Brunswick. Un taux moyen devrait être appliqué aux autres entreprise­s du secteur.

Plusieurs provinces s’opposent aux quotas et tarifs douaniers aux États-Unis, estimant que leurs régimes forestiers répondent aux exigences américaine­s en matière de libreéchan­ge.

Selon le départemen­t du Commerce, les exportatio­ns canadienne­s de bois d’oeuvre à destinatio­n des États-Unis ont totalisé 4,7 milliards $ US en 2016. L’Institut économique de Montréal estime que le marché américain représente près de 75% des exportatio­ns du pays et près de 24 300 emplois directs.

Si le Québec s’attend à un coup de pouce d’Ottawa, la Colombie-Britanniqu­e se montre plus prudente, puisqu’à son avis, une aide financière fédérale à l’industrie pourrait être considérée injuste par les négociateu­rs américains.

Contrairem­ent au conflit précédent, les producteur­s de l’Ouest canadien ont usé de précaution­s cette fois-ci en en achetant des scieries aux États-Unis en plus d’augmenter leurs exportatio­ns de bois d’oeuvre vers la Chine. Toutefois, les analystes estiment que les plus petits producteur­s du Québec et de l’Ontario sont plus vulnérable­s parce qu’ils n’ont pas les reins aussi solides pour payer des droits compensato­ires, ce qui pourrait provoquer des fermetures d’usines.

Selon Hamir Patel, de Marchés des capitaux CIBC, les droits compensato­ires imposés à Résolu et J.D. Irving par le départemen­t du Commerce pourraient être moins élevés par rapport à ceux des trois autres producteur­s établis en Colombie-Britanniqu­e.

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– La Presse canadienne: Darryl Dyck

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