L’HÉRITAGE DE GUY ARSENEAU
Poussée par un désir de mémoire, Maryse Arseneault s’est donné comme mission de rassembler dans un livre les oeuvres visuelles de son père, le poète et artiste-peintre Guy Arsenault.
L’artiste de Moncton prépare depuis plusieurs mois une livre d’art qui mettra en lumière les dessins et les peintures de son père. L’auteur du célèbre recueil Acadie Rock, âgé de 63 ans, a marqué le paysage culturel de Moncton. Maryse Arseneault a lancé un appel au public afin de recueillir le plus grand nombre d’oeuvres possibles qu’il aurait vendues et produites depuis les années 1970. À ce jour, elle a réussi à amasser une cinquantaine de dessins et de peintures.
«J’estime qu’il y a au moins de 200 à 300 peintures, mais il y a aussi les dessins qui sont moins documentés par la famille», a raconté l’artiste qui a été contactée par une trentaine de personnes depuis qu’elle a lancé l’appel.
Pendant l’entrevue, on découvre ensemble deux nouvelles oeuvres prêtées par la chanteuse et musicienne Vivianne Roy des Hay Babies. Deux dessins au crayon, dont une oeuvre réalisée en noir et blanc.
Maryse Arseneault estime que le parcours artistique de son père, qui a toujours été un peu en marge des grands courants, se décline sous plusieurs formes. Étant un artiste autodidacte, son travail s’apparente à l’art naïf avec ses scènes de rues et de maisons du quartier Parkton à Moncton et ses paysages d’hiver. Elle raconte que son père s’inspire aussi d’histoires farfelues et de situations quotidiennes parfois absurdes apparues dans ses rêves. C’est en visitant son père l’été dernier qu’elle a ressenti le besoin de réaliser une publication pour documenter son travail.
«Il m’a montré les derniers dessins qu’il allait vendre et il y avait des trésors là-dedans – surtout des trucs plus rigolos ou moins classiques. Il n’a plus beaucoup de peintures parce que peindre, c’est un trop long processus pour lui», a raconté l’artiste.
Comme sa mémoire à court terme est affectée, sa production est au ralenti. Guy Arseneault ne peint plus beaucoup.
Elle mène ce projet de livre d’art pour son père, pour sa famille afin de rassembler une sélection de ses oeuvres dans un même ouvrage.
Le livre comprendra aussi des textes, notamment de la poète Dyane Léger qui fera un portrait de Guy Arsenault dans les années 1970 et 1980, ainsi qu’un texte de Sébastien Lord-Émard qui abordera la place de la folie dans l’art. Atteint de schizophrénie, Guy Arsenault a dû composer avec cette maladie une bonne partie de sa vie. Selon sa fille, la folie et l’art peuvent parfois être intimement liés.
Elle raconte que c’est en dessinant aux côtés de son père dans la tranquillité qu’elle a constaté qu’elle aimait l’art et le dessin.
«J’ai vu que c’était possible et que j’aimais ça. Tu ne choisis pas d’être artiste, c’est l’art qui te choisit», a ajouté Mme Arseneault.
Quand elle lui parle du livre qu’elle prépare, son regard s’illumine. Guy Arsenault n’a pas présenté beaucoup d’expositions au Nouveau-Brunswick.
«Pour lui, c’était plus un besoin de créer que d’exposer et un moyen de faire de l’argent même s’il vendait ses oeuvres pour pas cher.»
Elle envisage de lancer la publication pendant le Festival Acadie Rock du 12 au 18 août. Le lancement sera probablement accompagné d’une petite exposition des oeuvres de Guy Arsenault. Dans un deuxième temps, elle souhaite monter une exposition des oeuvres de son père à la Galerie d’art Louise-et-Reuben-Cohen. Maryse Arseneault bénéficie d’une bourse d’Artsnb pour réaliser le livre d’art. Les gens peuvent communiquer avec l’artiste par courriel (maryseave@yahoo.ca).