Holocauste: «Si on n’en parle pas, les gens vont oublier»
Des décennies après la fin de l’Holocauste, le survivant de deuxième génération Michael Steinitz continue d’oeuvrer pour que l’on n’oublie pas ce génocide. Témoignage.
L’histoire familiale de ce professeur émérite de physique à l’Université SaintFrancis-Xavier d’Antigonish, en NouvelleÉcosse, a de quoi donner des frissons.
Dans les années 1930, peu avant l’éclatement de la Deuxième Guerre mondiale, ses parents, des Juifs allemands, ont échappé aux griffes des nazis d’Adolf Hitler. Ces derniers et leurs collaborateurs ont tué six millions de juifs de 1933 à 1945.
La mère, les grands-parents maternels et l’oncle de Michael Steinitz, on évité le pire en s’exilant aux États-Unis à temps.
À la même époque, son père a lui aussi trouvé refuge de l’autre côté de l’Atlantique grâce à un Allemand bienveillant.
Comme il le raconte en entrevue téléphonique avec l’Acadie Nouvelle, son père venait d’obtenir son doctorat dans la capitale allemande, Berlin, lorsqu’un prof bienveillant lui a rendu un énorme service.
«Son professeur lui a remis son diplôme et lui a dit “j’ai pris les dispositions pour que tu donnes une conférence à l’Université de New York. Achète un aller simple et ne reviens pas», dit-il.
Il l’a écouté et est venu en Amérique. Cette décision lui a sûrement sauvé la vie. «Mon père a dit adieu à ses parents à quelques jours d’avis. Il ne les a jamais revus parce qu’ils ont été emmenés (dans un camp de concentration) et tués.»
De nombreux membres de sa famille ont connu le même sort tragique. «Entre le côté de ma mère et le côté de mon père, près de 80% des membres de ma famille ont été tués», dit-il.
Aujourd’hui, ce survivant de deuxième génération aborde ce douloureux sujet lors de conférences dans la région et ailleurs. C’est ce qu’il fera dimanche après-midi, à la synagogue de Moncton.
Ce génocide, il faut en parler, dit-il. «Si on n’en parle pas, les gens vont oublier. (...) C’est à nous de ne pas oublier, de s’assurer qu’une telle chose n’arrive pas à nouveau. Et ça arrive à nouveau, encore et encore. Que ce soit au Rwanda ou ailleurs.»
Ses convictions le poussent d’ailleurs à oeuvrer en Nouvelle-Écosse pour accueillir d’autres victimes d’atrocités. L’Holocauste est terminé et on doit s’en souvenir, mais on ne doit pas non plus oublier que d’autres peuples vivent des tragédies à l’heure actuelle.
«Je crois que c’est l’obligation de tout un chacun de s’impliquer. Moi et ma femme sommes très impliqués, par exemple pour faire venir des réfugiés syriens en Nouvelle-Écosse. Je trouve que c’est bien de faire de telles choses pour s’assurer que les gens ne soient pas massacrés.»
Michael Steinitz prononcera une conférence intitulée «L’Holocauste: désastre, désespoir, espoir et réconciliation», dimanche à 14h, à la synagogue Tiferès Israël de Moncton (56 rue Steadman).
Il y est invité dans le cadre de la cérémonie commémorative annuelle du souvenir de l’Holocauste pour la région de Moncton. La conférence est ouverte au public et l’entrée est libre.