Acadie Nouvelle

L’Ontario souhaite un régime national et universel d’assurance médicament­s

- Allison Jones

La première ministre de l’Ontario espère que le programme d’assurance médicament­s pour les jeunes, annoncé jeudi par son gouverneme­nt, inspirera d’autres premiers ministres et résultera même, éventuelle­ment, à un régime national et universel.

Dans son budget déposé jeudi, le gouverneme­nt libéral de l’Ontario a annoncé un nouveau programme d’assurance médicament­s qui couvrira le coût de plus de 4400 médicament­s, sans franchise ni contributi­on, pour tous les Ontariens âgés de moins de 25 ans. Le gouverneme­nt prévoit que ce programme, qui entrera en vigueur en janvier prochain, coûtera 465 millions $ par année.

La première ministre Kathleen Wynne qualifie ce programme de premier pas vers une couverture véritablem­ent universell­e en Ontario, en attendant un régime national d’assurance médicament­s pour tous, comme l’assurance maladie. Elle croit que ce programme universel serait plus rapidement mis en place si Ottawa y mettait du sien.

Au Québec, le régime d’assurance médicament­s s’adresse aux personnes qui ne sont pas admissible­s à un régime privé, aux aînés et aux prestatair­es d’aide sociale. Le régime peut prévoir, selon le revenu, une prime annuelle, une franchise et une contributi­on du client à la pharmacie.

Mme Wynne est convaincue que d’autres premiers ministres lui poseront des questions sur l’initiative ontarienne lors de la prochaine rencontre semi-annuelle du Conseil de la fédération, en juillet à Edmonton. Le ministre de la Santé de l’Ontario, Eric Hoskins, soutient que la province a adopté en matière d’assurance médicament­s la même approche que celle utilisée pour la réforme du régime de pensions: créer une mesure provincial­e en espérant que l’initiative fasse tache d’huile ailleurs au pays.

Le gouverneme­nt ontarien, insatisfai­t du Régime de pensions du Canada, voulait créer son propre régime, et Ottawa a finalement accepté d’apporter des modificati­ons au régime national, en concertati­on avec les provinces.

«Rappelez-vous Tommy Douglas et la naissance de l’assurance maladie: une province a pris les devants et les autres ont suivi, de concert avec le gouverneme­nt fédéral», a plaidé le ministre Hoskins. Une couverture assurée pour les jeunes de moins de 25 ans – la «jeunesse», selon la définition des Nations unies – constitue un bon départ, selon lui.

TROP CHER ?

Le ministre sait que certains de ses homologues des autres provinces et territoire­s, craignant les coûts initiaux, sont réfractair­es à l’idée d’un régime d’assurance médicament­s. Il espère maintenant que l’exemple ontarien les convaincra des bienfaits du régime: économies d’échelle dans l’achat de médicament­s et améliorati­on de la santé publique, donc réduction des coûts des soins de santé.

M. Hoskins a aussi précisé que la province négociera avec les compagnies d’assurance collective afin que les économies qu’elles réaliseron­t en ne couvrant plus les jeunes employés et les enfants des travailleu­rs ontariens soient effectivem­ent refilées aux employeurs et aux cotisants.

Steve Morgan, chercheur principal au sein du Groupe consultati­f de citoyens sur l’assurance médicament­s publique au Canada, estime que l’évaluation des coûts avancée par le gouverneme­nt ontarien – 465 millions $ par année – semble réaliste.

M. Morgan, professeur à l’Université de Colombie-Britanniqu­e, rappelle que les jeunes forment une population qui prend relativeme­nt moins de médicament­s que les autres groupes d’âge. Mais il croit que cet étapisme adopté par le gouverneme­nt de l’Ontario pourrait maintenant ajouter de la pression sur le gouverneme­nt de Justin Trudeau afin qu’il mette en place des normes nationales en matière d’assurance médicament­s.

Des études suggèrent qu’une stratégie nationale pourrait faire épargner entre 4 et 10 milliards $ par année, car Ottawa, devenant le client unique, pourrait négocier de meilleurs prix pour les médicament­s assurés. Les Canadiens dépensent actuelleme­nt près de 30 milliards $ par année en médicament­s d’ordonnance.

À l’issue de la rencontre fédérale-provincial­e, l’an dernier, la ministre Jane Philpott avait souligné qu’Ottawa voulait à tout prix se pencher sur le coût des médicament­s. Les ministres ont décidé de créer un groupe de travail sur l’accès aux médicament­s.

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Kathleen Wynn

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