Demain tout commence: un incontournable pour tous les parents
Je dois admettre que mes attentes n’étaient pas très élevées envers cette production francobritannique largement inspirée de la comédie mexicaine No Se Aceptan Devoluciones (2013).
La bande-annonce ne m’avait pas charmé. L’oeuvre sentait l’eau de rose et les bons sentiments à plein nez. L’accent français du Québécois Antoine Bertrand m’avait, pour sa part... comment dire... déstabilisé.
Sans compter que le film met en vedette un comédien que je trouve largement surestimé (Omar Sy) et que son scénario a été rédigé par sept personnes - ce qui est rarement un gage de qualité. La réalité, c’est que j’ai été charmé par
Demain tout commence. À mes yeux, il s’agit du meilleur film français grand public depuis Les
Intouchables (2011) et Le dîner de cons (1999).
COUCOU PAPA!
Réalisé par Hugo Gélin (Portugal, mon amour et Comme des frères), Demain tout commence raconte l’histoire de Samuel (Omar Sy), un adolescent attardé qui «travaille» dans une station balnéaire du sud de la France.
Un jour, Kristin (Clémence Poésy), une des nombreuses conquêtes d’un soir de Samuel, débarque. Elle lui apprend qu’il est le père d’une petite fille de trois mois nommée Gloria.
Sans crier gare, Kristin laisse la petite dans les bras de Samuel et sort de sa vie aussi rapidement qu’elle y était entrée.
Conscient «qu’on ne confie pas un gosse à un autre gosse», Samuel s’envole vers Londres où il espère redonner Gloria à sa maman. Sans succès. Qui plus est, notre homme se fait voler son passeport et tout son argent.
Samuel s’installe donc chez un excentrique producteur de cinéma (Antoine Bertrand) qu’il a rencontré par hasard dans le métro.
Huit ans plus tard, Kristin sort de son mutisme et souhaite accueillir sa fille (Gloria Colston) dans sa vie. Le hic, c’est qu’elle vit à New York. Et que Samuel n’a pas l’intention de renoncer à ses droits sur celle qui le comble de bonheur.
DRÔLE ET TOUCHANT
Si, en apparence, la prémisse de Demain tout
commence manque d’originalité, le traitement qu’en fait le cinéaste Gélin est tout sauf banal.
Vous conviendrez avec moi que le gag de l’homme immature qui hérite d’un bébé n’a rien de bien nouveau.
C’est probablement pourquoi le réalisateur et l’armée de scénaristes ne se sont pas trop attardés sur cette facette de l’intrigue. Et grand bien leur fasse parce que le portrait qu’il nous offre des hauts et des bas de la vie de parent est à la fois drôle et touchant.
Parce que dans le fond, tout le scénario n’est qu’un prétexte pour confronter les parents face à la relation qu’ils entretiennent avec leurs enfants.
Tout le long du film, on se demande ce que l’on ferait si on était dans les souliers de Samuel ou de Kristin.
Par exemple, si vous étiez Samuel, comment expliqueriez-vous à Gloria l’absence prolongée de sa mère? Et si vous étiez Kristin, auriez-vous le courage de vous opposer à un homme qui a élevé pendant huit ans l’enfant dont vous ne vouliez pas?
Ce serait criminel de trop en dire, mais laissez-moi vous dire que les rebondissements sont nombreux et que chacun entraîne son inconfortable période d’introspection.
La mère de tous les rebondissements survient toutefois dans les cinq dernières minutes. Confidence pour confidence, je ne l’ai pas vue venir et j’en suis sorti fortement ébranlé.
BRILLANTE PETITE GLORIA
Malgré un jeu inégal et parfois forcé, Omar Sy possède suffisamment de charisme pour faire de Samuel un papa attachant.
C’est un petit plaisir coupable de l’entendre essayer de parler anglais. De quoi détruire les complexes de bien des francophones!
Antoine Bertrand (Les Bougon) se défend dans le rôle du faire-valoir. Son accent agace un peu (on finit par s’y faire), mais sa bonhommie est exquise.
Clémence Poésy (Fleur Delacour dans la saga Harry Potter) est de son côté assez convaincante, particulièrement lors d’une scène très intense qui se déroule au tribunal.
La révélation du film, cependant, c’est Gloria Colston. La jeune fille, qui était âgée de 12 ans au moment du tournage, est d’un naturel désarmant. Bilingue, souriante, charmante... les producteurs auraient difficilement pu trouver mieux.
Demain tout commence ne vous fera pas rire aux éclats. Il ne vous fera pas non plus pleurer à chaudes larmes (du moins, pas avant la conclusion...).
C’est toutefois un film extrêmement bien ficelé. Une oeuvre inspirante qui, comme un enfant aux yeux de ses parents, ne se lasse pas de nous surprendre.
Quand, comme moi, on voit plus d’une soixantaine de films par année, qu’on se tape tout ce qui se fait de mieux à la télévision américaine et qu’on lit l’équivalent d’une petite bibliothèque par année, on a parfois l’impression de ne plus pouvoir être surpris. Tomber sur un petit bijou comme Demain tout
commence est donc doublement rafraîchissant.