LES OPPOSANTS SE MOBILISENT
Le projet de privatiser trois services hospitaliers (l’alimentation, l’entretien et le transport) soulève une levée de boucliers auprès des professionnels de santé. Le gouvernement poursuit ses tractations avec l’entreprise française Sodexo. Une entente pourrait être signée cet été.
Devant l’urgence de la situation et pour alerter la population, la section locale des Maritimes du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) a organisé, samedi, à Miramichi, un sommet. Une centaine de personnes y ont participé.
Différents intervenants et conférenciers étaient invités. Ils ont exposé leurs points de vue et les raisons pour lesquelles, selon eux, Fredericton devrait renoncer.
Victor Elkins est le président du Syndicat des employés d’hôpitaux de la Colombie-Britannique. Ce qui peut se produire au Nouveau-Brunswick, il l’a connu dans sa province.
La privatisation de ces mêmes services a débuté à la fin des années 1990, dans quatre hôpitaux de Vancouver, puis a été étendue dans d’autres établissements. Suppression de postes, dégradation de la qualité des soins et problèmes d’hygiène… Elle a engendré «un désastre», dénonce-t-il.
Le Dr Hubert Dupuis, médecin à Cocagne, critique ouvertement ce projet. Pour lui, l’alimentation dans les hôpitaux, l’entretien et le transport sont aussi importants que la gestion de la pharmacie ou des salles opératoires.
«Dans certains cas, je prescris à mes patients des diètes. La nourriture a un rôle essentiel dans le traitement de l’hypertension artérielle, par exemple.»
Le Dr Dupuis est par ailleurs le président d’Égalité santé en français, un organisme basé à Dieppe et qui rayonne sur l’ensemble du territoire néobrunswickois. Afin de mettre la pression sur les élus, il a déposé en début de mois un avis de poursuite qui deviendra effectif dès le 6 juin.
«Nous allons attaquer le gouvernement sur le plan judiciaire, s’il ne change pas d’avis. La privatisation de services hospitaliers est un des aspects de notre combat. Nous militons aussi pour le respect de la dualité entre offres de soins en français et en anglais. Sur cette question, il y a encore des déséquilibres», déplore-t-il.
Le praticien regrette de ne pouvoir engager un dialogue avec le ministère de la Santé.
UN PROJET QUI NE PEUT RIEN APPORTER DE BON
Samedi, René Perron est reparti de cette rencontre tout aussi inquiet qu’il ne l’était quand il est arrivé au Parc d’exposition agricole. Ce qu’il a entendu tout au long de la journée l’a conforté dans l’idée que ce projet de privatisation ne pouvait rien apporter de bon.
Il espère que le gouvernement fera marche arrière. René Perron travaille au service entretien de l’hôpital de Campbellton.
Il déclare: «J’ai peur de perdre mon emploi, si ça se fait.»
«Ce n’est pas le seul concerné. On estime qu’il y a 280 emplois mis en jeu. Nous ne croyons pas au 22 millions $ qu’espère économiser le gouvernement. Nous avons de sérieuses inquiétudes», affirme Simon Ouellette, conseiller syndical aux communications au SCFP.
«Si seulement on pouvait discuter, mais ils ont une attitude fermée.»