Un outil de défense selon Omer Chouinard
Omer Chouinard est professeur de sociologie à l’Université de Moncton. Il y a plus de 40 ans, le jeune universitaire est devenu l’un des acteurs principaux de la mise sur pied de l’Union des pêcheurs des Maritimes, avec Gilles Thériault et Guy Cormier. Sa thèse de maîtrise portait sur la situation des pêcheurs côtiers en Gaspésie, aux Îles-de-la-Madeleine et sur la Basse-Côte-Nord. Il était donc bien au courant des enjeux dans les communautés côtières du NouveauBrunswick et des autres régions des Maritimes. «Quand je faisais ma maîtrise, une chose m’a frappé. On voulait faire un seul havre dans toute la Gaspésie à Rivièreau-Renard. Les pêcheurs n’étaient pas encore organisés, mais il y a eu une levée de boucliers. Ils n’étaient pas d’accord et ils se sentaient menacés.» La création d’un syndicat était importante pour plusieurs raisons et elle a permis aux pêcheurs d’unir leurs forces, indique Omer Chouinard. Dès le départ, le groupe a connu quelques victoires importantes. «C’était un outil de défense. L’un des buts était de connaître, dans la mesure du possible, les prix de la ressource avant la pêche. Les pêcheurs prennent le large, mais ils vont recevoir quoi? C’est encore un enjeu, mais de nos jours, il y a des organisations qui sont capables d’examiner l’état du marché. À l’époque, ils n’avaient pas ces moyens», explique l’homme originaire de la Gaspésie. L’UPM a aussi revendiqué des assurances collectives et des zones de pêche afin de préserver la ressource. «Même avant le prix, il y avait la question de la répartition de la ressource. Cela servait à quoi de connaître le prix, si le poisson était capturé avant d’arriver à la côte. L’un des enjeux consistait à avoir des quotas pour le hareng par exemple. C’est une mobilisation qui a eu une influence sur toutes les provinces maritimes.» L’organisme a notamment été créé lors d’une période où les gouvernements fédéral et provincial cherchaient à concentrer des ressources, mais l’accès à un quai à proximité de sa communauté était une question de sécurité, avance M.Chouinard. «Les outils étaient beaucoup moins sophistiqués qu’aujourd’hui. Il n’y avait pas l’équipement de repérage. Quand les bateaux s’éloignaient de la côte, s’il y avait du brouillard, ils perdaient leurs points de repère. S’ils éliminaient les quais, ça rendait les conditions encore plus dangereuses.» En fin de compte, les militants ont obtenu gain de cause. Les pêcheurs ont réussi à marcher sur la lune. - DC