Acadie Nouvelle

MARIJUANA: ENTRE MYTHES ET RÉALITÉ

- anthony.doiron@acadienouv­elle.com @DoironAnth­ony

La marijuana fait beaucoup jaser ces temps-ci. Cette drogue, dont la possession et la consommati­on ont depuis longtemps été interdites par la loi au Canada, est sur le point d’être légalisée. Nos voisins du Sud ont une certaine longueur d’avance sur nous dans ce dossier, notamment dans l’État du Colorado, où l’utilisatio­n récréative du cannabis est permise depuis 2012.

Malgré tout ce qu’on peut en dire, plusieurs mythes persistent à l’endroit de la légalisati­on de la marijuana. En voici cinq, déboulonné­s pour vous.

1. C’EST FISCALEMEN­T IRRESPONSA­BLE

Les recettes du Colorado vous diront autrement.

Les ventes de marijuana y ont dépassé le 1,3 milliard $ (tous les chiffres sont en dollars américains) en 2016. Il ne s’agit toutefois que d’une fraction du PIB de 333 milliards $ de l’État, a déclaré Ashley Kilroy, directrice générale de l’accise et des licences de Denver, à la Presse canadienne. C’est elle qui est responsabl­e de la supervisio­n de la politique de la marijuana de l’État.

En 2016, 199 millions $ en recettes fiscales ont été perçus. De ce total, 40 millions $ ont servi à la constructi­on d’établissem­ents scolaires et 5,7 millions $ ont été redirigés vers les fonds de fonctionne­ment des écoles publiques. Le budget global du Colorado est de 26,8 milliards $ cette année.

La capitale, Denver, a implanté sa propre taxe spéciale sur la marijuana, de l’ordre de 3,5%. Elle alimente 2,5% du fonds de fonctionne­ment général de la municipali­té.

2. PLUS D’ADOS ET D’ADULTES CONSOMMERO­NT DU POT

Pas nécessaire­ment, explique Hesam Esfahani, professeur adjoint au départemen­t de Sociologie de l’Université de Moncton.

Certaines personnes voudront essayer, mais ce nombre va rapidement se stabiliser. Ceux qui veulent fumer le feront de toute manière, dit-il.

«Les gens sont curieux et auront certaineme­nt envie d’essayer, mais c’est comme l’alcool ou la cigarette. Il y a des jeunes qui en consomment alors qu’il n’ont pas le droit au point de vue juridique», poursuit le juriste criminolog­ue.

L’âge légal pour la consommati­on de marijuana est de 21 ans aux États-Unis. Au Canada, Ottawa a fixé l’âge minimal pour la consommati­on 18 ans, mais les provinces pourront légiférer pour l’augmenter… comme pour l’alcool et la cigarette.

3. LA MARI AU VOLANT EST MOINS DANGEREUSE QUE L’ALCOOL

Ce n’est pas une compétitio­n entre la bière et le pot.

Le docteur Larry Wolk, médecin hygiéniste en chef au ministère de la Santé publique et de l’Environnem­ent, met en garde contre cette fausse équivalenc­e.

«Les facultés affaiblies demeurent faibles, peu importe si c’est à cause l’alcool ou de la marijuana. Si vous allez fumer un joint, ne conduisez pas», dit-il en entrevue avec la Presse canadienne.

Malgré tout, selon une étude du ministère de l’État du Colorado, 55% des consommate­urs de marijuana estiment qu’il est sécuritair­e de conduire sous l’influence du cannabis.

Le nombre d’accidents mortels impliquant un conducteur qui avait des traces de THC dans son système, soit l’ingrédient psychoacti­f, est en hausse. Ils étaient 44 en 2015, par rapport à 31 en 2014. Plus de 17% de toutes les arrestatio­ns de conduite avec facultés affaiblies par les policiers de l’État du Colorado en 2016 étaient reliées à la marijuana.

Seulement 73 des 2 532 arrestatio­ns pour conduite avec facultés affaiblies par la police de Denver en 2015 étaient reliées à la marijuana, soit 2,8%.

4. IL FAUT CONSOMMER DE LA MARIJUANA POUR OBTENIR UN EMPLOI DANS L’INDUSTRIE

L’industrie légale du cannabis a créé plus de 18 000 nouveaux emplois à temps plein au Colorado en 2015, en plus de générer une activité économique de 2,4 milliards $, selon une analyse de la firme de conseil économique Marijuana Policy Group.

Ces emplois sont constitués de producteur­s, de détaillant­s, d’avocats, des directeurs des ressources humaines, des conseiller­s, des profession­nels des relations publiques et des graphistes, pour ne nommer que ceux-là.

Josh Ginsberg, PDG de Native Roots, une première chaîne de culture et de dispensair­es qui emploie près de 700 personnes, avoue qu’il existe un certain stigma à travailler dans l’industrie.

Quand vient le temps de combler des postes, certains profession­nels craignent d’intégrer l’industrie de la marijuana, a-t-il déclaré à La Presse canadienne.

«Ils pensent que cela pourrait avoir un impact négatif sur leur avenir profession­nel. Je crois que cette perception est la raison pour laquelle il nous est parfois difficile de trouver des employés qui proviennen­t de l’extérieur de l’industrie.»

5. LA CRIMINALIT­É LIÉE À LA MARIJUANA AUGMENTERA

Toujours à Denver, la criminalit­é liée à la marijuana représente une infime fraction du total des crimes commis depuis la légalisati­on… et elle continue de rétrécir.

Elle est passée de 0,58% en 2012 à 0,42% en 2015. Il y a eu 192 crimes contre des commerces de marijuana en 2015, dont 117 cambriolag­es. En tout, il y a eu huit crimes violents liés à la marijuana pendant cette période, selon la Presse canadienne.

Pendant ce temps, les arrestatio­ns liées au marché noir du cannabis ont augmenté en 2015.

Des 147 arrestatio­ns qui ont été réalisées en lien avec la distributi­on illégale de cannabis - une augmentati­on de 99% par rapport à 2014 -, 90 d’entre elles ont été effectuées pour la culture illégale. C’est neuf fois plus que l’année précédente.

Avec extraits de La Presse canadienne

 ??  ??
 ?? - Archives ?? Plusieurs mythes circulent à propos de la la légalisati­on de la marijuana à des fins récréative­s.
- Archives Plusieurs mythes circulent à propos de la la légalisati­on de la marijuana à des fins récréative­s.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada