Les abus médicamenteux seront mieux contrôlés par les pharmaciens
Un programme de surveillance pharmaceutique aidera les pharmaciens néo-brunswickois à identifier les patients qui présentent un plus grand risque de dépendance. Depuis novembre 2016, les médecins et les pharmaciens ont accès à un système informatique commun qui affiche, en temps réel, les antécédents des patients qui font préparer leur ordonnance dans toute pharmacie au Nouveau-Brunswick. Où qu’il soit, le pharmacien peut avoir accès aux résultats de laboratoire: rapports d’imagerie diagnostique, données sur les visites à l’hôpital et ordonnances. À partir de l’année prochaine, le pharmacien recevra une alerte lorsqu’un patient a reçu, sur une courte période de temps, une importante quantité de médicaments contrôlés comme les benzodiazépines, ou les opioïdes. C’est le cas par exemple du Dilaudid, du Percocet, du Ritalin ou de l’Ativan. Le système détectera également si ces substances ont été prescrites par différents médecins ou fournies par différentes pharmacies. D’après le ministre de la Santé, le nombre d’ordonnances de stupéfiants est à la hausse au cours des dernières années. Sam Lanctin, registraire de l’Ordre des pharmaciens du Nouveau-Brunswick, explique que ces renseignements aideront à déceler les cas de consommation compulsive et de dépendance à certains médicaments psychoactifs. «Notre mandat, c’est l’intérêt supérieur du public. Ça donnera aux pharmaciens plus d’informations pour évaluer une situation et juger quelles mesures prendre», mentionne M. Lanctin. «La première option, c’est de parler avec le patient pour mieux comprendre la situation et le sensibiliser. Ça peut être une consultation avec les médecins s’il y a eu plusieurs ordonnances ou avec les pharmaciens d’autres pharmacies. Ça permettra de mieux juger de la nécessité du médicament, de s’assurer que les doses ne sont pas trop fortes et trop fréquentes. Le pharmacien peut ensuite décider de modifier ou de refuser l’ordonnance.» Ce programme de surveillance des médicaments n’est pas accompagné de règlements spécifiques ou de nouvelles directives pour les professionnels de la santé. Ces derniers sont déjà formés à l’enjeu de la pharmacodépendance, rappelle Paul Blanchard, directeur général de l’Association des pharmaciens du Nouveau-Brunswick «C’est le jugement professionnel qui prime, précise-t-il. C’est un outil de travail, mais ça n’interdit pas au médecin de prescrire un médicament.» Actuellement, le système ne prend pas en charge d’autres fonctionnalités comme les alertes en cas d’interactions médicamenteuses. «Ce n’est pas très avancé, j’ai travaillé plusieurs années en Colombie-Britannique où le système est plus sophistiqué», juge Jack Khalil, pharmacien installé à la Place Champlain de Dieppe. Il reconnaît cependant que le nouvel outil facilitera son travail. «Ça nous aide à retrouver l’historique des patients qui se rendent à différentes pharmacies. S’il y a eu plusieurs prescriptions, on va vérifier quand les médicaments ont été distribués et on aura la possibilité d’annuler la prescription», dit-il. - SD