La meilleure
Vous savez, chers lecteurs et lectrices, que j’avais soumis ma candidature au poste de commissaire aux langues officielles du Canada. Pendant des semaines, je me suis préparée en attendant qu’on m’appelle pour une entrevue. En vain. J’apprends aujourd’hui qu’en plus du processus de candidature annoncé, une compagnie de «chasseurs de têtes» cherchait aussi le candidat idéal. Autrement dit, c’est deux fois plutôt qu’une qu’on a décidé de ne pas me considérer. C’est une sérieuse leçon d’humilité!
Je me doutais bien que le premier ministre voudrait une femme au poste de commissaire et je pensais que le choix se porterait soit sur une personne dotée de talents de communications ou sur une personne experte juridique et versée dans la Loi sur les langues officielles (puisqu’il est clair qu’il est temps de la revoir de fond en comble). Par contre, j’espérais qu’on aurait à coeur de la choisir dans l’Est ou dans l’Ouest du pays.
Le choix s’est porté sur Madeleine Meilleur. Elle et moi nous nous sommes côtoyées en francophonie et je crois que le gouvernement a choisi là une experte inégalée en droit constitutionnel et sur les langues officielles. La seule erreur, à mon sens, est de perpétuer une alternance malsaine du poste entre l’Ontario et le Québec alors que les luttes linguistiques les plus dures se livrent dans l’Ouest et en Acadie et qu’un ou une commissaire issu de ces fronts linguistiques permettrait de poser un regard nouveau sur notre bilinguisme.
Cela dit, je ne critique absolument pas cette nomination sous prétexte que Madeleine Meilleur aurait exprimé à des gens hauts placés son intérêt pour le poste ou parce qu’elle est ancienne ministre d’un gouvernement libéral d’Ontario. Serait-il répréhensible de laisser savoir qu’un poste nous intéresse alors même que le gouvernement engage une firme pour chercher les meilleurs candidats? Est-ce qu’un engagement politique exclut par la suite toute autre contribution à la vie du pays? Franchement, il me semble qu’on fait du zèle.
Quant à l’ingérence directe de l’appareil politique du gouvernement fédéral, s’il y en avait vraiment eu c’est un candidat acadien avec des amis très bien placés à Ottawa qui serait aujourd’hui nommé commissaire aux langues officielles et c’est Madeleine Meilleur qui en ferait les frais.